Le DFCO a fait match nul face à Amiens vendredi soir. Mais l'événement marquant du match, c'est l'interruption de la rencontre pendant plusieurs minutes après des cris racistes visant le capitaine d'Amiens. Le DFCO dépose plainte, la Ligue va"étudier les suites judiciaires à donner" à ces faits.
Le match de Ligue 1 de football entre Dijon et Amiens a été interrompu plusieurs minutes vendredi 12 avril en raison de cris racistes visant un joueur noir amiénois. C'est le défenseur et capitaine français d'Amiens, Prince Gouano, qui a été victime à Dijon d'insultes racistes condamnées dans la foulée par la Ligue de football professionnel (LFP), qui a assuré le soir-même qu'elle allait "étudier les suites judiciaires à donner" à ces faits.
"Dès ce soir, le club de Dijon a identifié l'auteur des insultes racistes qui a ensuite été interpellé", a ajouté la LFP dans son communiqué, tandis que la commission de discipline "se saisira du dossier" mercredi.
Vendredi soir, après 77 minutes de jeu, Prince Gouano a commencé à quitter le terrain en lançant vers son banc de touche : "C'est fini on joue plus, je ramène mes coéquipiers, on rentre dans le vestiaire". Les joueurs se sont alors arrêtés de jouer et certains, dont Prince Gouano, sont allés parler aux supporters dijonnais avant de revenir sur le terrain.
À l'issue de plusieurs minutes de flottement et une discussion entre les entraîneurs des deux équipes, Antoine Kombouaré et Christophe Pélissier avec l'arbitre du match Karim Abed, ce dernier a demandé au speaker du stade : "Faites bien passer le message, si ça reproduit on arrête".
"C'est inadmissible"
"On est au XXIe siècle, c'est inadmissible. C'est pourquoi j'ai voulu marquer le coup en demandant d'arrêter le match. On est tous égaux, on est tous des êtres humains", a déclaré Prince Gouano au micro de beIN Sports dès la fin du match. Avant de développer devant la presse : "J'ai entendu des bruitages de singe (...). Je me suis retourné et effectivement il y avait un monsieur qui regardait dans ma direction et qui continuait".Soutien indéfectible à Prince Guano et à tous ceux victime de discrimination !!! Dégoûté que ce se soit passé chez nous ... en espérant que ces gestes ignobles et abjectes soient un acte isolé d’un décérébré !!! ???@AmiensSC pic.twitter.com/nhqDWaT1gD
— Sammaritano Fred (@Sammaritano02) 13 avril 2019
Réagissant à cet incident, l'entraîneur d'Amiens Christophe Pélissier a dit espérer des sanctions "contre la personne qui a fait ça". Le président de Dijon Olivier Delcourt a précisé que le club allait porter plainte "contre l'individu qui a fait cette chose inadmissible". "Ce qui est arrivé est très grave", a-t-il insisté.
De son côté, le coach dijonnais Antoine Kombouaré a également appelé de ses voeux des sanctions contre l'"idiot qui a fait ça". "Il va falloir trouver des solutions, prendre des mesures car ce n'est plus admissible", a ajouté le technicien originaire de Nouvelle-Calédonie, à qui "cela rappelle de mauvais souvenirs".
Ces cris répugnants sont contraires aux valeurs transmises par le sport.
— Christophe Castaner (@CCastaner) 12 avril 2019
Ils insultent notre République.
Je salue la réaction rapide de la LFP : la racisme n'aura jamais sa place en France.
Ce combat, nous le menons main dans la main avec @RoxaMaracineanu.https://t.co/InFPD98LWR
En l'espace de dix jours, les incidents racistes, bien ancrés dans les stades de football de longue date, ont assombri de nombreuses rencontres en Europe. La veille de Dijon-Amiens, les équipes anglaises de Liverpool et Chelsea avaient déjà condamné les propos tenus jeudi par plusieurs supporters qui avaient entonné un chant dans lequel la superstar égyptienne des Reds, Mohamed Salah, était qualifié de "poseur de bombes". La vidéo avait largement circulé sur les réseaux sociaux avant que Chelsea n'affronte le Slavia Prague en Ligue Europa. Trois personnes identifiées sur la vidéo ont vu leur accès au stade refusé.
La semaine dernière, le champion du monde français Blaise Matuidi et le jeune international italien Moise Kean ont été la cible de cris de singe lors de la victoire de la Juventus Turin à Cagliari. Les deux joueurs noirs avaient fini le match excédés par les cris descendus des tribunes, et la situation, récurrente dans le pays, a provoqué une nouvelle introspection en Italie.