Un médecin d'Auxonne comparaissait devant la cour d'assises de Côte-d'Or. Il était accusé d'avoir violé une de ses patientes. Le verdict est tombé lundi 13 mai 2019 : il a été condamné à 5 ans (4 ans ferme et 1 avec sursis) et interdiction d'exercer à vie.
Quels sont les faits reprochés au médecin ?
Le procès d'un médecin accusé de viol par une de ses patientes, aujourd'hui âgée de 72 ans, avait débuté jeudi 9 mai et s'est terminé lundi 13 mai.Le médecin généraliste Michel Fabre, âgé de 69 ans, était accusé d'avoir violé, à plusieurs reprises, une de ses clientes handicapée.
Les faits s'étaient déroulés en 2013 à Auxonne. La patiente était sous curatelle renforcée et handicapée. Les faits s'étaient produits lors de consultations à domicile.
Tout en m'auscultant, il a dit qu'il adorait les femmes à la poitrine développée. Il s'est penché pour m'embrasser.
Lors du deuxième jour du procès, vendredi 10 mai, deux femmes avaient témoigné contre Michel Fabre et l’avaient accusé de comportements déplacés.
L’une d’elles est une ancienne patiente du docteur Fabre. En 2005, lors d’une ausculation dans son cabinet médical, il lui a fait une palpation des seins. Le témoin a raconté devant la cour d’assises : "Il a posé ses mains sur ma poitrine pour chercher une tumeur. Tout en m'auscultant, il a dit qu'il adorait les femmes à la poitrine développée. Il s'est penché pour m'embrasser, je l'ai repoussé."
Interrogé sur la déclaration de son ancienne patiente, Michel Fabre a répondu en hésitant : "Je ne m'en souviens pas, c'est possible. Elle m'a peut-être souri. C'était une maladresse."
Je regrette beaucoup
Le deuxième témoignage a été apporté par son ancienne secrétaire médicale, Joëlle, qui a travaillé pendant 18 ans à ses côtés. En 2007, après 15 ans de collaboration sans incident, Michel Fabre change de comportement. "Quand il passait près de moi, il caressait mon dos, mes fesses. Il prenait mes seins entre ses mains." Michel Fabre a reconnu les faits. Il estime avoir été attiré, physiquement et sentimentalement, par Joëlle. "Je regrette beaucoup", a-t-il dit.
Le docteur Fabre va faire appel
La cour d’assises de Côte-d’Or a été, durant trois jours, le théâtre d’un ensemble de discours autour de la morale. “Le docteur Fabre a déshonoré son métier - le plus beau qui soit - et il a trahi son serment”, a déclaré l’avocat général lors de ce dernier jour du procès.Il a cité également un passage du serment d’Hippocrate où il est spécifié qu’un médecin ne doit, en aucune manière, entretenir des jeux de séduction avec ses patientes. Six ans de prison avaient été requis contre le médecin.
Le docteur Fabre a déshonoré son métier
Le serment d’Hippocrate n’a aucune valeur juridique, estime un des avocats de la défense, maître Jérôme Pichoff, du barreau de Besançon. “Il faut laisser de côté la morale. Le discours judiciaire du débat n’est pas très élevé”, dit-il.
Il lie le procès de Michel Fabre aux récentes affaires de dénonciations d’agressions sexuelles, aux cas Harvey Weinstein et à l’ère #Metoo.
“Weinstein, Me Too, c’est l’antichambre des erreurs judiciaires. On est dans une hystérie médiatico-moralisante”, estime-t-il.
"Il n'y avait pas de contrainte exercée par le médecin", ajoute le second avocat de la défense, Randall Schwerdorffer, qui a défendu Jonathann Daval. Tous deux ont annoncé que leur client allait faire appel.
"C'est une bonne décision, juste et mesurée", a déclaré pour sa part Sandrine Prat-Peyroux, l'avocate de la partie civile, après l'annonce de la sanction.
Le docteur Fabre a été incarcéré dès la fin du procès.