Deux ans après son ouverture, le centre d'accueil de demandeurs d'asile des Ateliers à Dijon affiche toujours complet. Des migrants qui viennent d'Afrique, d'Europe de l'Est, etc.
Le centre d'accueil de demandeurs d'asile des Ateliers à Dijon avait ouvert ses portes en novembre 2017. Il fait partie des dix-sept centres de ce type en Bourgogne. Deux ans après son ouverture, le centre de 130 places affiche complet. En France, seuls 38% des demandeurs d'asile obtiennent le statut de réfugié.Des demandeurs d'asile venus d'Afrique et d'Europe de l'Est
Au centre d'accueil des Ateliers, les résidents ont chacun leur histoire. Certains viennent d'Afrique, d'autres des Balkans. Carine a 32 ans. Elle est originaire de la République Démocratique du Congo. Après avoir passé deux ans dans le centre, elle a obtenu le statut de réfugié. L'attente a été longue et difficile : "J'étais un peu inquiète, mais au final tout s'est bien passé", déclare la jeune femme à notre journaliste.L'attente est en effet souvent source d'inquiétude, car en cas de refus d'une demande d'asile, il va falloir quitter la France. Et ce n'est vraiment pas ce que souhaitent les résidents accueillis ici. Ibrahim est arrivé en juillet 2019 dans le foyer, et il espère de tout coeur pouvoir rester : "je veux rester en France, mais peut-être que la réponse sera négative. Je ne sais pas."
Les personnes accueillies dans le centre y restent durant toute la durée d'instruction de leur dossier à l'OFPRA - l'office français de Protection des réfugiés et Apatrides. Elles trouvent ici bien plus qu'un hébergement, puisqu'on leur propose également un accompagnement pour les démarches administratives et sociales. Les enfants doivent également être scolarisés.
Le parc d'hébergement des demandeurs d'asile compte aujourd'hui plus de 5500 places sur l'ensemble de la région. Une capacité d'accueil multipliée par deux entre 2015 et 2018.
Il y a une réduction des droits des demandeurs d'asile - Jacques Toubon (Défenseur des droits)
Jacques Toubon, ancien Garde des Sceaux de Jacques Chirac, et actuel Défenseur des droits était l'invité de France 3 Bourgogne le mardi 10 décembre 2019. Il a profité de la journée des Droits de l'Homme pour visiter le centre d'accueil des Ateliers de Dijon.
Après avoir salué le travail des salariés, et les conditions d'accueil de ce foyer, Jacques Toubon précise que cet exemple ne "traduit pas la réalité que nous vivons en tant que Défenseur des droits". La "réalité", selon lui, c'est "la réduction des droits des demandeurs d'asile et des étrangers dans la loi et les pratiques administratives de plus en plus restrictives".
L'ex-député européen donne en exemple la procédure de demande d'asile, et le recours possible auprès de la Cour nationale du droit d'asile en cas de refus : "Auparavant [...] quand vous étiez débouté par l'OFPRA [N.D.L.R : la demande d'asile refusée] vous ne pouviez pas être expulsé avant que la Cour nationale du droit d'asile ne juge votre recours. Aujourd'hui, vous pouvez être expulsé avant que la Cour nationale du droit d'asile ne juge. Ce qui veut dire que le recours n'a plus d'effet, vu qu'il n'est plus suspensif."
Jacques Toubon conclue en rappelant que les demandeurs d'asile et les étrangers ont des droits comme tous les autres.