Quatre anciens dentistes du réseau Dentexia étaient convoqués devant la chambre disciplinaire de la cour d'appel de Dijon, où a eu lieu une audience disciplinaire de l'Ordre des chirurgiens-dentistes de Bourgogne.
Le réseau Dentexia, dont les centres dentaires ont été liquidés, proposait des prestations à bas coût (low cost) qui ont tourné au cauchemar pour des centaines de patients.
Plus de 2 000 victimes ont été recensées dans plusieurs villes de France, dont Chalon-sur-Saône où un centre avait été ouvert en 2013.
Le centre de Chalon, en Saône-et-Loire, avait été suspendu en 2016 par l’ARS (Agence régionale de santé) de Bourgogne Franche-Comté.
Une mesure prise en raison de manquements à la qualité et à la sécurité des soins, en particulier par insuffisance des mesures d’hygiène et de désinfection.
Que va-t-il se passer lors de cette audience disciplinaire de l'Ordre des chirurgiens-dentistes de Bourgogne ?
Ce lundi 17 septembre 2018, quatre dentistes qui travaillaient pour Dentexia à Chalon-sur-Saône étaient convoqués à la cour d’appel de Dijon où se tenait une audience disciplinaire de l'Ordre des chirurgiens-dentistes de Bourgogne.
Seule une dentiste est venue, elle travaille toujours à Chalon chez Dentego qui s’est installé à la place de Dentexia. "C'est un véritable drame personnel pour moi", a-t-elle déclaré en terminant l'audition en larmes. "J'ai toujours exercé en mon âme et conscience, en respectant les protocoles. Jamais, je n'aurais cru me retrouver devant un tribunal."
La plupart des patients "ont choisi de continuer les soins avec moi" chez Dentego, a-t-elle précisé.
Les trois autres dentistes qui étaient convoqués sont à l'étranger, selon maître Philippe Rudyard Bessis qui représente les quatre anciens salariés de Dentexia. Il demande la relaxe pour ses quatre clients.
Quand la décision sera-t-elle connue ?
Pourquoi ces professionnels "ont-ils été aliénés par Dentexia dans la qualité de leurs prestations"? C'est la question que se pose Michel Kerlo, président de l'Ordre des chirurgiens-dentistes de Saône-et-Loire.
En clair, "ils auraient dû démissionner au lieu de faire du mauvais travail".
"S'il n'y avait pas eu appât du gain, ces dérives n'auraient pas eu lieu", ajoute Me Marie Vicelli, l'avocate de l'Ordre départemental des chirurgiens-dentistes . "Il n'est pas acceptable que des comportements individuels viennent nuire à la réputation de la profession des chirurgiens-dentistes", dit-elle.
Lors de cette séance, un juge administratif était entouré d’assesseurs qui sont des chirurgiens-dentistes des trois autres départements de Bourgogne. La décision est attendue d'ici une quinzaine de jours.
Les quatre dentistes risquent une sanction qui peut aller de l'avertissement à la radiation, en passant par l'interdiction temporaire d'exercer.
Le reportage de Gabriel Talon, Rodolphe Augier et Emanuelle Lagrange avec :
-Philippe Rudyard Bessis, Avocat des 4 chirurgiens-dentistes de Dentexia
-Caroline Labe-Maziere, Vice-Présidente de l’ordre des chirurgiens-dentistes de Saône-et-Loire
-Christine Teilhol, Membre du collectif contre Dentexia
Par ailleurs, concernant le volet pénal de l’affaire, rappelons qu’une information judiciaire a été ouverte pour pratique commerciale trompeuse et tromperie aggravée notamment.
Elle concerne les centres qui étaient ouverts à Paris, Colombes, Lyon, Vaulx-en-Velin et Chalon-sur-Saône. Le dossier suit son cours : il a été confié à trois juges d'instruction, au pôle santé publique du tribunal de grande instance de Paris.
Un millier de victimes ont déposé un dossier pour bénéficier d'une aide financière du ministère de la Santé afin de reprendre des soins, indique le "Collectif contre Dentexia", qui regroupe près de 3 000 d'entre elles.