Dijon : un pédophile condamné à 8 mois avec sursis après avoir été dénoncé par un collectif sur les réseaux sociaux

C'est une première en France métropolitaine. Un individu dénoncé par "la Team Moore" pour avoir fait des propositions à une mineure de moins de 15 ans a été écondamné. Ce célibataire de 40 ans écope d'une peine de 8 mois de prison avec sursis. Une décision qui valide la méthode selon le collectif.

C'est un dossier extrêment rapide. Deux mois et demi après les faits, vendredi 20 novembre, Frédéric D. a été reconnu coupable de proposition sexuelle envers un mineur de moins de 15 ans. Agé d'une quarantaine d'années, il a été condamné à 8 mois de prison avec sursis probatoire renforcé, 2 ans de mise à l'épreuve et une interdiction de rentrer en contact avec des mineurs pendant 10 ans. Il lui est désormais interdit d'exercer une profession en contact avec des mineurs. 

Le 10 septembre dernier, à Dijon Frédéric D. prend contact sur les réseaux sociaux avec le profil d'une jeune fille mineure. Il ne le sait pas, mais ce profil est un leurre. Derrière l'écran, Neila Moore, confondatrice de la Team Moore, un collectif citoyen qui compromet des pédocriminels sur les réseaux sociaux.

"Très vite, la conversation à dérouté sur des demandes de clichés de cet enfant nu, une insistance permanente à rentrer en contact avec elle, sa faute petite sœur ainsi que ses fausses petites cousines âgées de 9 ans et 11 ans respectivement, explique Neila Moore. Au bout de 4 jours il a demandé un rendez-vous qui a été fixé le dimanche 20 septembre"

Le collectif signale alors l'individu aux autorités. Il est interpelé à son domicile de Dijon le samedi 19 septembre. L'examen de son matériel informatique démontre son inscription sur plusieurs réseaux sociaux destinés aux adolescents. "Il était abonné à des comptes de jeunes filles mineures sur Instagram et également Tik Tok. Il avait pris contact avec des enfants sur facebook" complète Neila Moore.
 

Une méthode contestée

Depuis leurs premières actions en mars 2019, plusieurs autorités judiciaires ont émis des réserves sur la méthode utilisée. "Les interventions du collectif posent des questions de principe" estimait par exemple Eric Mathais, le procureur de la République de Dijon en septembre dernier, tout en saluant le résultat. « On ne peut qu’approuver des personnes qui fournissent à la police et aux enquêteurs des éléments qui permettent de mettre hors d’état de nuire des pédocriminels. C’est quand même à la police et à la justice de faire des enquêtes parce qu’il y a des cadres précis." 

Coté policiers, l'opposition était plus radicale. "C'est interdit pour le commun des mortels. Il n'y a que certains policiers extrêmement spécialisés qui ont accès à cette possibilité et à cette technique d'enquête, expliquait par exemple Véronique Béchu, responsable des victimes mineures à la direction centrale de la police judiciaire en 2019. Ce n'est pas le cas de monsieur et madame tout le monde qui se déclarent chasseurs de pédophiles. Il peut se mettre en danger lui-même quand il se rend à des rendez-vous comme ça. On ne sait jamais sur qui on peut tomber".

 

"Certains disaient que ce que nous faisons est illégal, hors la loi. Ce procès a montré que ce n'est pas le cas. Il n'y a pas eu incitation de notre part. La justice a reconnu cet homme coupable. Cela prouve que notre travail est correct."

Neila Moore

"Ce qui est important, c'est que la justice a basé sa décision sur les éléments que nous avions collectés, notamment les conversations", se félicite Neila Moore, venue assister à l'audience. Pour le collectif, ce procès est donc synonyme de validation de sa méthode de travail selon Neila Moore. "En France, certains disaient que ce que nous faisons est illégal, hors la loi. Ce procès a montré que ce n'est pas le cas. Il n'y a pas eu incitation de notre part. La justice a reconnu cet homme coupable. Cela prouve que notre travail est correct."

En France, 
seuls des policiers bien précis sont autorisés à créer de faux pseudo d’enfants et à décider avec la justice de leur interpellation. En 2019, ces cybers-patrouilleurs habilités à traquer les pédophiles sur Internet étaient au nombre de 20 contre 250 au Royaume-Uni.
 

26 arrestations

Si le collectif se dit satisfait de la rapidité de traitement du dossier, il regrette une peine trop faible. "Evidemment, on aurait voulu plus. Là, on a un individu qui traque des enfants. Quand on voit ces derniers jours que des personnes qui n’ont pas d’attestation de déplacement valide sont condamnées à 2 mois fermes, on a un problème avec la justice en France" estime la militante. 

Au total, les signalements du collectif Team Moore a conduit à l'arrestation de 26 pédocriminels présumés et 12 condamnations, dont l'affaire de Dijon. 8 autres individus ont déjà été jugés au Canada, 2 à la Réunion et 1 en Nouvelle-Calédonie. Dans ce dernier cas, l'individu déjà connu pour des faits similaires a été condamné à 2 ans de prison ferme. D'autres dossiers devraient bientot passer devant la justice à Vesoul ou Bordeaux. 
 

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