Soixante-dix agriculteurs ont mené une action surprise devant la préfecture de Côte-d'Or à Dijon ce samedi. Ils ont déposé des carcasses de brebis, tuées quelques jours plus tôt. Ils accusent le loup d'être responsable de l'attaque.
Ils étaient près de soixante-dix devant la préfecture de Côte-d'Or à Dijon ce samedi 13 mars 2021 pour manifester leur ras-le-bol face aux attaques qui se multiplient sur leurs troupeaux. Des éleveurs de brebis de Côte-d'Or ont déposé devant le bâtiment neuf carcasses de brebis attaquées tout récemment.
Les bêtes appartenaient à un éleveur d'Écutigny, entre Beaune et Arnay-le-Duc. Elles ont été attaquées dans la nuit de jeudi à vendredi. Outre les neuf découvertes sans vie par l'agriculteur, cinq grièvement blessées ont dû être euthanasiées.
Les éleveurs ovins se disent impuissants, de plus en plus souvent victimes du prédateur. Depuis le début de l'année, ils comptabilisent déjà une centaine de moutons morts en Côte-d'Or. "Il faudrait que les gens soient conscients des dégâts faits par le loup. Combien de personnes en Côte-d'Or savent qu'il y a un loup ? Probablement très peu", indique Gilles Morel, éleveur à Pouilly-en-Auxois.
Une délégation reçue en préfecture
Avec l'arrivée du printemps, et le pâturage jour et nuit des animaux, ils redoutent que les attaques se multiplient encore davantage. "Ce ne sont pas des aides qu'il nous faut. Il faut simplement que l'on gère le nombre de loups et qu'on prenne les mesures qu'il faut en face pour qu'on puisse continuer de faire notre métier. C'est tout ce qu'on demande", confie Jean-Marie Guyot, du syndicat de l'élevage ovin de la Côte-d'Or.
Des représentants syndicaux de la Confédération paysanne, de la FDSEA, des Jeunes Agriculteurs et du syndicat de l'élevage ovin ont été reçus ce samedi après-midi à la préfecture en compagnie de l'éleveur touché par l'attaque. Aucune avancée majeure n'a été obtenue à l'issue. À ce jour, les autorités maintiennent les mêmes recommandations pour protéger les élevages : des filets de protection hauts de 80 centimètres dans les près. C'est pourtant ce qui avait été disposé autour du troupeau attaqué cette semaine.
Des actions similaires fin 2020 en Sâone-et-Loire
Ce n'est pas la première fois que des éleveurs choisissent de se faire entendre de cette manière. En septembre 2020, une quinzaine de carcasses avaient été ainsi déposées devant la sous-préfecture de Charolles en Saône-et-Loire. Quelques semaines plus tard, c'est devant la préfecture de Saône-et-Loire à Mâcon qu'une action similaire avait été menée.
Selon un bilan encore provisoire arrêté au 30 novembre 2020, 302 bêtes ont été tuées l'an dernier en Bourgogne-Franche-Comté dans une attaque où la responsabilité du loup n'a pas pu être écartée. C'est essentiellement en Saône-et-Loire que se sont concentrées les attaques l'an dernier, avec 198 bêtes recensées.
C'est la Mission Loup de la Dreal Auvergne-Rhône-Alpes qui est chargée de ce décompte au niveau national. Elle distingue les attaques dans lequel l'action du loup est avérée ou ne peut pas être écartée, et celles où le loup est hors de cause. C'est selon cette classification que peut être déclenchée ou non une indemnisation des éleveurs.
En 2019, le nombre de victimes attribuables au loup était trois fois moins important qu'en 2020 dans notre région selon la Dreal, avec 107 victimes comptabilisées au 30 novembre. Mais malgré l'importance des chiffres 2020 en Bourgogne-Franche-Comté, on reste encore loin de la réalité observée en Auvergne-Rhône-Alpes, où la concentration des loups est la plus forte en France. Au 30 novembre 2020, 3 858 victimes indemnisables avaient été recensées dans cette région, dix fois plus qu'en Bourgogne-Franche-Comté.