Mardi soir 12 février à Paris, à Matignon, une récompense nationale a été attribuée à des élèves du collège du Clos de Pouilly à Dijon. Ils ont reçu le prix Ilan Halimi pour leur engagement contre l'antisémitisme.
Cinq groupes de jeunes de moins de 25 ans en liceCes groupes de jeunes ont travaillé pendant plusieurs mois sur la lutte contre l'antisémitisme, à travers différents projets : courts-métrages, des jardins pour la paix et la mémoire, des rencontres avec des rescapés des camps.
Le jury était présidé par l’écrivaine Emilie Frèche, les finalistes ont présenté le fruit de leurs travaux hier soir à Matignon, au cours de cette première édition du prix national Ilan-Halimi.
Le collège du Clos de Puilly récompensé
Le collège du Clos de Pouilly à Dijon est le lauréat du grand prix pour une action baptisée «Comprendre hier pour agir aujourd’hui» : pendant six mois, quatre classes de troisième de cet établissement ont étudié la Shoah, mais aussi les génocides arménien et tutsi, pour tenter de décortiquer les stéréotypes pouvant conduire au pire. En rencontrant des rescapés ou en visitant des lieux de mémoire tels que le camp des Mille, ancien camp de concentration devenu mémorial à Aix-en-Provence, ces adolescents ont dit avoir voulu «rester debout» et refuser «toute banalisation de la haine».
La ville de #Dijon est très fière des élèves du collège Clos-de-Pouilly qui viennent de recevoir le prix national Ilan-Halimi pour leur engagement contre le fléau de l’antisémitisme. https://t.co/scK0JchZgk via @libe
— Ville de Dijon (@dijon) 13 février 2019
Un prix dans un contexte de recrudescence des actes antisémites
Le prix Ilan Halimi est en hommage au nom de ce jeune homme juif enlevé, séquestré, torturé puis laissé agonisant au bord d’une voie ferrée en 2006.
La présidente du Jury, Emilie Frèche, a déclaré que «Jamais je n’aurais imaginé remettre ce prix dans un tel contexte».
Elle faisait référence aux derniers évènements antisémites survenus ces derniers jours : saccage des arbres plantés en mémoire d’Ilan Halimi à Sainte-Geneviève des Bois (Essonne); multiples tags antisémites à Paris, croix gammées sur une œuvre représentant Simone Veil.
De plus, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a fait état ce mardi d’une hausse de 74% des actes antisémites dans l’Hexagone en 2018.
Ruth Halimi, la mère d'Ilan Halimi, était présente à la cérémonie.
"J'espère que des décisions adéquates vont être prises pour endiguer ce mal" de l'antisémitisme, a déclaré Mme Halimi, qui a fait enterrer son fils en Israël de peur que sa première tombe à Pantin (Seine-Saint-Denis) ne soit souillée par les responsables de sa mort après leur libération.
L'écrivaine Emilie Frèche, engagée dans la lutte contre l'antisémitisme et auteure d'un livre avec Mme Halimi, a appelé le gouvernement à un "état d'urgence de l'antisémitisme".
«Rage au ventre»
Dans ce contexte, le Premier ministre, Edouard Philippe, a fait part de son "combat" contre l'antisémitisme :
"Nous prenons des coups quand on vomit sur la mémoire d'Ilan Halimi. Nous prenons des coups quand sont tracées des croix gammées sur le visage de Simone Veil.(...) Nous prenons des coups quand, reprenant l'idéologie et la phraséologie nazie, on trace à la peinture jaune sur des vitrines la mention "Juden", a-t-il dit, évoquant les incidents de ces derniers jours.
La lutte contre l'antisémitisme et le racisme, "c'est un combat d'attrition, c'est un combat dans le temps, c'est un combat d'endurance", a affirmé Edouard Philippe, en rappelant les mesures du plan contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT pris en mars 2018 par le gouvernement.
"Certains débutent ce combat", a-t-il dit en regardant les collégiens, "et nous allons le gagner", a-t-il assuré.
Quant aux changements de la loi visant à lutter contre la haine sur Internet, et notamment sur les réseaux sociaux, annoncés en mars 2018 et promis pour 2019 par l'exécutif, "notre objectif c'est d'inscrire les mesures nécessaires dans un texte qui sera présenté avant l'été", a précisé M. Philippe.
Créé en 2014 dans l'Essonne par Jérôme Guedj, alors président du conseil départemental, le prix Ilan Halimi est devenu un prix national sur décision d'Edouard Philippe l'an dernier.
Le reportage de Michel Gillot, sur des images tournées par InfoVidéo 3