Willis pratique l'hypnose dans les rues de Dijon en Côte-d'Or. Il s'est formé en quelques heures grâce à internet. Désormais, il expérimente ses nouvelles connaissances sur des passants volontaires. Un phénomène de mode qui inquiéte les spécialistes.
Willis se rêvait dessinateur de manga ou pompier, mais aujourd’hui il n’est rien de tout cela. Il vient de découvrir l’hypnose de rue (la street hypnose), un phénomène à la mode, très controversé.
La "street hypnose" est un phénomène récent qui se pratique dans la rue auprès de volontaires, en dehors de tout cadre légal. En France, il n’existe aucune réglementation sur la pratique de l’hypnose, n’importe qui peut se déclarer hypnotiseur, avec ou sans formation.
Ce n’est pas compliqué d’aider quelqu’un à se mettre en état d’hypnose, le problème est ce qu’on en fait. Il faut donc être prudent et se méfier des phénomènes de mode. Docteur Claudine Gagneret Chagué, médecin, pratiquant l’hypnose au CHU de Dijon
► Histoire à dormir debout ou histoire qui fait dormir debout ?
Willis appartient à cette catégorie d'hypnotiseurs qui se sont formés seuls, juste en regardant des vidéos sur internet. Il dit avoir appris l’hypnose en une semaine à peine.
C’est sur la place Darcy, à Dijon, en Côte-d’Or, qu’il expérimente ses nouvelles connaissances. Il interpelle les passants, leur propose une séance d’hypnose gratuite, et quand ils sont consentants il les hypnotise en pleine rue en un claquement de doigt. Un état qu’il qualifie de transe.
Cette définition est bien loin de celle de l’Institut français d’hypnose : L’état hypnotique est ce moment de conscience où les choses sont perçues autrement.Il y a des signes qui me montrent quand la personne part dans un état de transe, les yeux papillonnent, la tête s’alourdit.
Ce phénomène est prouvé scientifiquement grâce à l’imagerie cérébrale (IRM).
La pratique de la "street hypnose" n’est pas sans danger. De nombreux faits divers montrent que cela peut dégénérer. En Picardie, suite à une séance d’hypnose dans un lycée qui a nécessité l’intervention des pompiers, la gendarmerie a mis en ligne une mise en garde sur sa page Facebook.
►"L'hypnose de rue peut être dangereuse pour la santé des jeunes"
Selon le docteur Gagneret Chagué, médecin pratiquant l’hypnose,
Le rêve de Willis n'est pas d’utiliser l’hypnose pour soigner, mais pour monter sur scène et avoir son propre spectacle.L’hypnose pratiquée dans la rue ou dans les festivals peut être très dangereuse pour la santé psychique des jeunes.
►L'hypnose médicale est entrée à l'hôpital
L’hypnose est loin de se résumer au monde du spectacle. Désormais, on la retrouve dans les hôpitaux où elle est utilisée pour soulager l’anxiété, soigner des addictions, réduire la douleur. Elle a également franchi les portes des blocs opératoires où les anesthésistes s'en servent pour leurs patients.A Dijon, depuis 2015, l’université de Bourgogne propose aux soignants un diplôme universitaire d’hypnothérapie, ainsi qu'un diplôme inter-universitaire d’hypnose médicale et clinique. Une formation de 140 heures, bien loin des quelques heures de formation sur internet des hypnotiseurs de rue.