Dijon : des lycéens réalisent un travail de mémoire autour de la Seconde Guerre mondiale

À Dijon, au lycée Charles de Gaulle, chaque année, des élèves de 1ère étudient le génocide de la Seconde Guerre mondiale. Pendant une semaine, nos équipes les ont suivis tout au long de ce travail de mémoire. Le thème de cette année : "les femmes dans la Shoah".

Un jeune Français sur cinq (c'est-à-dire 20%) ne sait pas ou n'a jamais entendu parler de la Shoah, selon un récent sondage de l'IFOP.

Chaque année, les élèves du lycée Charles de Gaulle à Dijon étudient la Shoah : la mise à mort de près de six millions de juifs par l'Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale.
En 2019, ils réalisent leur travail de mémoire autour du thème "les femmes dans la Shoah". 

Un reportage de Caroline Jouret, Isabelle Rivierre, Damien Rabeisein, Pascal Di Betta, Alexis Viloin, Nicolas Tupinier et Rachel Nectoux.


Épisode 1

 


En novembre 2018, les lycéens de Charles de Gaulle recevaient des "enfants cachés" (enfants juifs qui ont été sauvés). Aujourd'hui âgées, Marcelle Dressler et Colette Morgenbesser témoignent tour à tour. 

Une centaine d'élèves, de la première à la troisième, étaient réunis pour écouter leurs histoires. 

C'est Marcelle Dressler, 88 ans, qui ouvre le bal. Même si elle accepte de témoigner, elle ne se laissera pas filmer, encore effrayée par l'antisémitisme. Elle a 11 ans quand elle échappe à la déportation. Arrêtée avec sa tante et son cousin, elle est la seule à être libérée car française. 

La salle est pleine, pourtant, un lourd silence règne dans la pièce. Seule la voix de Marcelle Dressler résonne. "Je me souviendrai toujours. Ma tante s'est agenouillée, elle m'a embrassée et elle est partie." Pause. "Je ne pensais pas que je n'allais jamais la revoir."

Les élèves écoutent avec attention. 

"Dans ces conditions-là, on passe de l'enfance à l'âge adulte sans passer par l'adolescence."


Marcelle Dressler laisse la place à Colette Morgenbesser. Mais elle ne parlera pas. C'est sa petite-fille qui raconte pour elle son histoire. Enfant abandonnée par sa mère, elle est confiée par l'assistance publique à Pierrette Pauchard, une paysanne du Morvan qui a hébergé et sauvé quatre autres enfants juifs qui aujourd'hui vivent aux États-Unis.

Décédée en 2008, Pierrette Pauchard est devenue "Juste parmi les nations" en 2012. La médaille qui lui a été décernée par Yad Vashem est exposée au Musée de la résistance du Morvan, à Saint-Brisson.


Épisode 2

 

Les lycéens ont rendez-vous aux archives départementales de la Côte-d'Or. Ils vont étudier les mécanismes administratifs du régime de Vichy et plonger au coeur de ces années noires de la société française


Professeur d'histoire au lycée Charles de Gaulle, Dimitri Vouzelle est aussi chargé du service éducatif aux archives départementales. Il a préparé des documents à montrer aux élèves, notamment les fiches de recensement des familles juives et les procès-verbaux d'arrestation et de transfert à Drancy, un camp de concentration.

Plus de 70 ans après les faits, les élèves prennent des notes, décryptent et réalisent un travail d'historien. 

Les élèves vont continuer d'approfondir leur connaissance de l'histoire de la Shoah en allant à Prague (Slovaquie) pour visiter l'usine d'Oskar Schindler, les camps de concentration de Terezin et d'Auschwitz.


Épisode 3 

 



Trois jours après leur retour de voyage à Auschwitz, les étudiants se réunissent dans le centre de documentation et d'information (CDI) du lycée Charles de Gaulle. Ils vont réaliser une quarantaine de panneaux pour une exposition qui sera présentée aux officiels et à leurs parents dans un mois. 

Sur ces panneaux, ils reconstituent ce qu'ont vécu plusieurs femmes durant la Seconde Guerre mondiale : Marcelle Dressler ou encore Rosette Lévy, une rescapée du camp d'Auschwitz que les élèves ont rencontré à Paris.

Les élèves se plongent dans la lecture de témoignages. Parmi les dizaines de milliers de victimes disparus dans l'holocauste : Annette Zelman, une jeune femme dénoncée par le père de l'homme qu'elle aimait. Le régime de Vichy interdisait les mariages mixtes. Plus exactement, avec une personne juive. 

En parallèle s'est constituée une équipe reportage. « Florian a pris les photos, Anne a pris des vidéos et moi j'ai pris des photos, détaille Claire Thongsoum, participante au projet. On a à peu près 1 000 photos et une centaine de vidéos".
 

Épisode 4

 



L'enseignement de la Shoah touche à sa fin pour la classe de première du lycée Charles de Gaulle. Le proviseur de l'établissement réalise un discours. L'implication du lycée autour du projet pédagogique sur la Shoah se termine invariablement par cette cérémonie en présence des représentants de l'État et des associations de lutte contre l'antisémitisme et le racisme.

"Je suis très impressionnée par le projet d'aller jusque au voyage, jusqu'en Pologne. Je pense que ça a été un voyage très important dont ils vont se souvenir longtemps, ils sont revenus marqués, différents", estime Claire Chaffard, mère d'un des élèves ayant participé au projet. 

Une autre maman d'élève complète : "Il y a des choses maintenant qui sont certainement plus claires dans leur esprit et puis une certaine ouverture sur les difficultés du monde actuel. Je pense qu'ils font d'autant plus le lien entre ce qui s'est passé dans l'histoire, et ce malheureusement à quoi on se prépare dans les années futures."

Dimitri Vouzelle, le professeur d'histoire-géographie en charge du projet, doit à présent trouver un nouveau thème pour l'année prochaine.

"On souhaite continuer si possible dans les années à venir, monter d'autres projets avec d'autres élèves pour continuer l'éducation à l'altérité, à la tolérance, qui est on ne peut plus fondamentale dans notre société," déclare l'enseignant.

Le projet pédagogique de l'année 2018 a reçu le prix Annie et Charles Corin, un prix national, qui soutient toute action éducative entreprise pour que les jeunes générations gardent vivante la Mémoire de la Shoah.
 

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