A l'occasion des Journées Nationales de l'Archéologie, les archéologues ont déposé un préavis de grève national. A Dijon, plusieurs professionnels sont allés à la rencontre du public vendredi 14 juin 2019 pour expliquer les raisons de leur colère.
C’est dans un climat tendu que se déroule la 10e édition des Journées Nationales de l'Archéologie.
Ce week-end, de très nombreuses manifestations sont prévues en Bourgogne et dans le reste de la France : visites guidées, ateliers, expositions, jeux de pistes, animations… Pour les archéologues, ces rencontres avec le public sont l’occasion de transmettre leurs connaissances et de partager leur passion pour le patrimoine. Mais, cette année, ils en profiteront aussi pour faire part de leur désarroi.
Les archéologues de l’INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives), qui réalisent les diagnostics et les fouilles, constatent "une dégradation générale de leurs conditions de travail".
C’est aussi le cas des archéologues des SRA (services régionaux de l’archéologie) qui prescrivent diagnostics et fouilles et réalisent un contrôle scientifique et technique pour le compte de l’Etat.
Quel avenir pour le service public de l’archéologie ?
On compte 60 archéologues en Bourgogne, ainsi que 15 personnes au sein de l’équipe administrative en support sur la Bourgogne-Franche-Comté."La moitié des personnels de l’INRAP et des SRA va partir à la retraite d’ici une dizaine d’années et aucune politique ambitieuse de remplacement n’est envisagée", expliquent-ils. Or, "un archéologue qui part à la retraite c’est un peu une bibliothèque qui brûle. Une carrière, c’est 30 à 40 années de données archéologiques recueillies. S’il n’y a personne derrière à qui transmettre ces savoirs patiemment accumulés, le métier est en péril."
Les archéologues demandent donc "un programme à long terme de gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences avec une vraie politique de ressources humaines".
Les revendications portent aussi sur les salaires, qui sont les plus bas du ministère de la Culture : "un archéologue qui débute avec un bagage bac + 5 gagne 1 300 euros nets par mois" !
Le mythe d’Indiana Jones
Il est aussi urgent d’améliorer les conditions de travail : "l’archéologie est un métier difficile, physique, fatigant. A 60 ans, continuer à faire des fouilles archéologiques à l’extérieur et à genoux toute la journée et par tous les temps, c’est très dur. Certains archéologues développent des pathologies liées aux conditions de travail. On a l’image de l’archéologue tel un Indiana Jones. Mais, la réalité est plus dure.Le métier s’apparente à celui du BTP avec des engins de chantier, une pelle, une pioche, une brouette." Conséquence : de nombreux professionnels souffrent de maladies professionnelles, pour l’essentiel au titre des TMS (Troubles Musculo-Squelettiques). "D’où, la nécessité de renouveler les effectifs et d’avoir du sang neuf ! À l’INRAP, il n’y a pas d’archéologue de moins de 30 ans sur Dijon !"
Le malaise au sein de la profession s’est aggravé avec "la mise en concurrence des opérations d’archéologie préventive et l’ouverture au secteur privé" qui a largement "contribué à faire chuter le prix des opérations de fouilles archéologiques".
En résumé, "aujourd’hui, les sous-effectifs sur les chantiers et dans les services régionaux d’archéologie, la faiblesse des moyens matériels, les surcharges de travail qui en découlent compromettent la réalisation et la qualité des missions de service public", alertent les professionnels de l’archéologie. C’est le message qu’ils ont l’intention de faire passer aux visiteurs qu’ils rencontreront lors des 10es Journées Nationales de l'Archéologie.
Je transmets en soutien aux agents de l'Inrap ce préavis de grève transmis par mon labo. Les journées de l'archéologie s'annoncent gaies cette année pic.twitter.com/KKMR9gar5V
— Anissa.Yelles (@a_yelles_ruines) 9 juin 2019