Depuis quatre mois, l’association La chaîne verte récupère les déchets organiques de plusieurs restaurants, pour en faire du compost. Une nouvelle filière verte en Bourgogne, qui a déjà fait ses preuves dans d'autres régions.
Il est neuf heures trente ce vendredi matin quand un cycliste tractant une charrette remplie de grandes caisses en plastiques bleues, s'arrête devant le restaurant la Menuiserie, dans le centre-ville de Dijon. Ce cycliste matinal, c'est Guillaume Rodriguez, 37 ans, ancien salarié dans l'assainissement. Il est aussi l'un des cofondateurs de l'association La chaîne verte. Chaque vendredi, il dépose devant l'établissement des bacs en plastique vides, et emporte ceux que le restaurateur a rempli avec ses déchets organiques, durant toute la semaine.
Le but est de valoriser ces déchets, en faisant du compost, un engrais naturel d'excellent qualité pour les cultures.
Le restaurant la Menuiserie fait partie des tout premiers clients de La chaîne verte. L’établissement paye 60 euros par mois, pour le ramassage de ses déchets. Une démarche en phase avec ses valeurs :“Nous proposons une gastronomie propre et éthique, assure Nicolas Delinage, le chef de cuisine. Le compostage est la finalité car l’épluchure est viable jusqu’au bout, et retourne à la terre.”
Une fois les bacs de déchets chargés sur sa remorque, Guillaume Rodriguez remonte sur son vélo et poursuit sa tournée. Deux autres établissements font appel à ses services. Le militant écologiste est parti du constat que des kilos d’épluchures et de restes de nourritures partent chaque jour à la poubelle, alors qu’ils pourraient avoir une seconde vie, et limiter les volumes envoyés à l’incinération. “Nous prenons l’ensemble des déchets alimentaires produits par les cuisines à l’exception des huiles, eaux et coquilles d’huîtres qui sont difficiles à composter à notre échelle”, explique Guillaume Rodriguez.
Collecter auprès de professionnels dijonnais
Une offre qui s’ajoute à celle déjà existante sur Dijon. “Sur l’agglomération dijonnaise il y a déjà une offre de compostage pour les particuliers, nous nous sommes dits pourquoi ne pas proposer une solution aux professionnels sachant qu’en 2024 il y aura une obligation de tri des déchets à la source pour l’ensemble de la population française”, ajoute-il. En plus des trois restaurants du centre-ville, l'association travaille aussi avec un Ehpad, qu'elle visite tous les mardis. Au total, ses tournées hebdomadaires lui permettraient de détourner de l’incinérateur environ une tonne de déchets alimentaires par mois
Une fois tous ses bacs chargés, Guillaume Rodriguez prend la destination de Longvic, à cinq kilomètres du centre-ville, où se trouvent ses composteurs.
Composter les déchets organiques
La municipalité a mis un terrain à disposition de l’association. Les déchets alimentaires sont stockés dans ces grands réservoirs en bois, pendant neuf à douze mois, jusqu'à ce qu'ils se transforment d'eux-même en compost, qui sera revendu aux particuliers.
L'association ne compte pour l'instant qu'un salarié, Guillaume Rodriguez lui-même. Il aimerait recruter des bénévoles, pour monter en puissance et, peut-être, engager une deuxième personne, dans quelques mois. Mais, pour cela, il ne lui faudrait non pas quatre clients, comme aujourd’hui, mais trente ! A Dijon, l’expérience est encore embryonnaire. D'autres initiatives similaires connaissent un succès remarquable dans d'autres régions, comme Les Alchimistes, l'un des précurseurs dans la collecte des bio-déchets, déjà implantés à Paris, Lyon et Lille.