Au centre régional de pharmacovigilance de Dijon, les spécialistes sont engagés dans la lutte contre le coronavirus. Ils traquent et analysent les éventuels effets indésirables de certains médicaments. Plusieurs rapports ont déjà été publiés et certains traitements sont pointés du doigt.
Depuis le mois de mars dernier, Dijon fait partie des lieux qui comptent dans la lutte contre le coronavirus. Au CHU, le service de pharmacovigilance travaille en collaboration avec l’Agence Nationale de la Sécurité du Médicament. Le rôle de ce service dirigé par le docteur Anne Dautriche est de surveiller les effets indésirables liés à l’utilisation des médicaments sur les patients atteints du COVID-19. Plusieurs molécules sont suivies dont la désormais célèbre hydroxychloroquine. Avec trois autres molécules, cette dernière fait d'ailleurs l'objet de traitements expérimentaux, dans le cadre du programme Discovery.
Analyser et prévenir les effets indésirables
En France, si les 31 centres régionaux de phamarcovigilance sont mobilisés, seules deux équipes ont été nommées pour piloter ces recherches. Au CHU de Nice, les équipes du professeur Milou-Daniel Drici sont spécialisées en cardiologie et s'affairent en ce sens. Du côté de Dijon, on s'occupe d'une vision plus globale. Le docteur Grandvuillemin explique :
« On s’est de suite intéressé au sujet et on a manifesté cet intérêt. Après une petite enquête interne, on a été nommés pour suivre les effets indésirables médicamenteux éventuels. »
Ici pas de tubes à essai ou autres paillasses. L'équipe de pharmacovigilance n'a pas vocation à inventer le médicament miracle. Son rôle est d'observer les éventuels effets indésirables des médicaments déjà prescrits et administrés. Dans les faits, les médecins et pharmaciens du pays communiquent aux centres régionaux de pharmacovigilance des éventuels effets indésirables observés sur des patients. Par la suite, charge au service de pharmacovigilance d'observer toutes les informations présentes dans cette base de données. Ce travail permet de juger les dangers éventuels des médicaments prescrits dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Et de pointer du doigt les risques.
Des risques cardio-vasculaires liés à l’hydroxychloroquine
Après plusieurs semaines de recherche, deux rapports ont déjà été publiés. Le dernier date du vendredi 10 avril. Il a permis de mettre en lumière une centaine de cas d’effets indésirables déclarés « en lien avec des médicaments utilisés chez des patients infectés par le COVID-19, dont 82 cas graves dont 4 cas de décès. La majorité des cas d’effets indésirables déclarés se répartissent par moitié entre lopinavir-ritonavir et hydroxychoroquine. »
Parmi ces cas, 53 cas d’effets indésirables cardiaques ont été analysés « dont 43 cas avec l’hydroxychloroquine, seule ou en association (notamment avec l’azithromycine) » peut-on lire dans le rapport. « Ce premier bilan montre que les risques, notamment cardio-vasculaires, associés à ces traitements sont bien présents et potentiellement augmentés chez les malades du COVID-19. »
Pour le reste, le travail du CRPV se poursuivra tant que la pandémie ne sera pas définitivement stoppée. Alors les recherches continuent. Le Dr. Grandvuillemin le précise, "si un médicament est clairement identifié comme efficace dans la lutte contre le covid-19, il ferait l'objet d'une analyse de pharmacovigilance.".