"Les entreprises ne sont pas prêtes" : les patrons s'inquiètent de la baisse du chômage partiel

A partir du 1er juin, l'Etat n'assure plus la prise en charge totale du chômage partiel. Cette indemnisation intervient lorsqu'une entreprise fait face à une baisse d'activité ponctuelle sans avoir à licencier ses salariés. Ce système avait été mis en place lors de la période de confinement.

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Contactée ce jour, la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises (CPME) de Côte-d'Or s'est exprimée par la parole de son secrétaire général, Martin Six.
Ce dernier estime que le désengagement de l'Etat n'intervient pas à un moment opportun. 
Selon Martin Six, "les entreprises ne sont pas prêtes. De plus, il y a un coût à absorber qui est la mise en place des mesures sanitaires."

Que se passe-t-il, en pratique ?

A compter de ce lundi 1er juin, la prise en charge du dispositif par l'Etat et l'Unédic passe de 100% à 85% de l'indemnité versée au salarié, dans la limite de 4,5 Smic, qui, elle, reste inchangée.
Les entreprises sont ainsi remboursées de 60% du salaire brut, au lieu de 70% précédemment.
Cela ne change rien au montant de l'indemnité versée au salarié au chômage partiel, qui continue quant à lui de percevoir 84% de son salaire net.

Qu'en pensent les chefs d'entreprises ?

Martin Six, secrétairé général de la CPME, estime que le contexte n'est pas le meilleur pour faire supporter aux entreprises cette diminution de l'aide de l'Etat.
Il y a un autre élément qui, d'après lui, intervient, c'est "le fait d'avoir converti les arrêts de travail 'garde d'enfants' en activité partielle au 1er mai. Tous les salariés ne sont pas en mesure de retourner au travail, car certains établissements scolaires ne pourront pas accueillir les élèves."

Pour les entrepreneurs de Côte-d'Or, "il faudra rembourser"

Si quelques secteurs d'activité (tourisme, loisirs, évenementiel...) ne sont pas concernés par cette baisse de participation de l'Etat pour le moment, David Butet, président du Medef (Mouvement des Entreprises de France) de Côte-d'Or, s'alarme pour la suite : "on a demandé que ce dispositif (le chômage partiel ndlr) soit prorogé, mais nous sommes conscients que c'est un dispositif dont nous aurons la responsabilité collective de rembourser à un moment donné."
Le dispositif a été estimé à 24 milliards d'euros initialement. Au 11 mai, un million d'entreprises avaient déposé des demandes d'activité partielle pour 12,4 millions de salariés, soit 300.000 salariés de plus en une semaine, selon la Dares (le service statistiques du ministère du Travail).
David Butet apporte justement la nuance au dispositif d'aide : "On ne peut pas continuer pendant des mois et mois. Quoiqu'il arrive, c'est l'Etat qui s'endette, et quand il s'endette, il se retourne très souvent in fine vers les ménages et les entreprises."
Le Medef avait formulé d'autres souhaits auprès de Bercy, comme le fait de pouvoir aider tous les secteurs de l'économie.
Le président du Medef de Côte-d'Or ajoute que : "On demandait surtout qu'il y ait des conditions d'ouverture pour un maximum d'activités, quelles qu'elles soient, dans des conditions viables de fonctionnement. C'est ce qui a été mis en place pour la restauration.[...] Le remboursement et le chômage partiel, ce n'est pas une modalité viable dans la durée."
David Butet apporte la nuance suivante : "il faut proroger ce dispositif de chômage partiel, au moins de façon sectorielle, notamment pour les activités qui reprennent doucement."

Des craintes pour les semaines à venir

Les audiences au tribunal de Commerce de Dijon vont reprendre dès le 2 juin. David Butet redoute de voir arriver "des mardi noirs pour les semaines prochaines". 
Chaque mardi se tiennent les audiences au tribunal de commerce, et pour le président du Medef de Côte-d'Or, c'est "la crainte de voir arriver des demandes de cessation de paiement. "

Pour Martin Six, la reprise se fait timidement : "l'activité économique est encore très ralentie. Il est vrai que l'activité partielle permet de maintenir hors de l'eau les entreprises. Mais on se prépare à voir arriver des défaillances d'entreprises dans les semaines à venir."
Mais d'après lui, le pire reste à venir : "les entreprises ont fait des recours massifs au PGE (prêt garanti par l'Etat), il va bien falloir rembourser ces prêts, alors que le modèle économique des entreprises n'est pas garanti dans quelques mois."

 
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