ENTRETIEN. Dengue en Bourgogne : la maladie, véhiculée par les moustiques tigres, sous surveillance accrue

Les opérations de démoustication se multiplient en Bourgogne, lorsque des cas de dengue sont décelés. Le moustique tigre est vecteur de la maladie, les services de l'État redoublent de vigilance à chaque signalement de cas de dengue. Une spécialiste du CHU de Dijon nous en dit plus sur cette maladie qui peut avoir des formes graves.

Plusieurs cas de dengue, une maladie tropicale véhiculée par les moustiques, ont été détectés récemment en Bourgogne : à Chagny (Saône-et-Loire), près de Mâcon fin août, et plus récemment encore à Tournus. La dengue est une maladie qui se transmet d'homme à homme par le biais des piqûres de moustiques. La majorité des cas de dengue en France sont des cas de maladies importées par des personnes revenant de voyage. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut négliger ces cas.

La dengue, une maladie méconnnue en France métropolitaine

Les cas de dengue sont peu nombreux en France métropolitaine (312 cas importés en France en 2022 selon Santé Publique France). "C'est un virus de la famille des flaviviridae, la famille des arboviroses, qui inclut aussi le virus zika et le chikungunya", explique le docteur Clémentine Estève, spécialiste des maladies infectieuses au CHU de Dijon. Ces trois infections virales donnent des tableaux assez similaires, mais globalement, la dengue a une durée d'incubation de 5 à 7 jours.

"Puis, on développe un tableau de fièvres assez importantes qui peuvent monter jusqu'à 39°C, avec beaucoup de courbatures, des douleurs musculaires, articulaires, des maux de tête, des nausées, parfois des vomissements. Certains cas peuvent générer des éruptions cutanées."

Clémentine Estève

spécialiste des maladies infectieuses au CHU de Dijon

Les symptômes sont peu agréables, et comme l'explique le docteur Estève, "dans la plupart des cas, les symptômes de fièvre passent spontanément au bout de 5 à 7 jours, avec un traitement au paracétamol".

Une forme plus grave existe

Il existe néanmoins une forme plus grave de la dengue "qui concerne entre 1 et 5 % des cas, soit 1 à 2 % des patients qui nécessiteront une hospitalisation", note Clémentine Estève. "Ce sont des formes que l'on appelle hémorragiques, liées à une atteinte des vaisseaux sanguins."

"Ça peut aller de saignements de nez à des saignements gravissimes qui peuvent entraîner le décès du patient, de façon beaucoup plus rare."

Clémentine Estève

spécialiste des maladies infectieuses au CHU de Dijon

La dengue reste donc une maladie à considérer sérieusement, car elle peut avoir des formes graves,"mais fort heureusement sur un à deux cas sur cent", précise la spécialiste du CHU.

Une maladie transmise par le moustique tigre

Depuis 2004, le moustique tigre (aedes abopictus) est présent en France. L'insecte, originaire d'Asie, apprécie les environnements urbains : "Il ne vole pas bien loin de son site de naissance donc il a besoin d'une grosse densité de population pour survivre", explique Clémentine Estève. "Globalement, l'humain est le principal réservoir de ce virus et aussi la principale cible de ce moustique, malheureusement."

La dengue est présente dans les territoires et départements d'Outre-Mer, "des zones où il y a une circulation continue de la dengue" ce qui fait que les voyageurs revenant de ces pays sont parfois infectés et ramènent le virus en métropole : "En France, on a des formes dites "d'importation" un peu plus fréquentes, tout simplement par les voyages en DOM-TOM."

Comme il est difficile d'éradiquer les moustiques, les services de l'État placent sous surveillance renforcée le virus, pour éviter qu'il ne s'installe sur la métropole. 

Il existe de rares "cas autochtones" de dengue, c'est-à-dire des personnes infectées sans avoir déclaré de voyage, qui se sont fait piquer en métropole : "On a pu identifier de petits foyers sur le sud de la France, il y a eu une cinquantaine de cas l'an dernier. Le but est vraiment d'éviter les cas secondaires avec un patient qui revient de voyage avec une infection."

"La phase où l'on est contagieux est relativement courte, elle dure à peu près une semaine, un petit peu avant les symptômes : deux jours avant et puis 5-7 jours après, quand la fièvre disparaît, c'est le moment où on ne l'est plus. Donc on conseille aux patients de se protéger et d'éviter des piqûres de moustiques."

Davantage de voyages et de lutte contre la prolifération

On assiste à une recrudescence de cas de dengue en France, "tout simplement car il y a davantage de voyages, et les Français voyagent principalement dans les DOM-TOM plutôt que d'autres pays à l'étranger".

Afin d'éviter un maximum de cas secondaires, le travail de fond, selon la spécialiste des maladies infectieuses, se base d'abord sur "la lutte contre les larves de moustiques, en supprimant les eaux stagnantes chez soi, dans son jardin, et éviter la prolifération des moustiques-tigres".

De plus, "le réchauffement climatique joue un rôle évident dans l'installation et la prolifération du moustique tigre. On ne veut pas que le virus de la dengue ne s'installe en France métropolitaine."

Les autres moyens pour lutter contre la propagation du virus sont les actions ponctuelles de démoustification, par exemple, une prochaine action est prévue à Tournus (Saône-et-Loire) dans la nuit du 28 au 29 septembre dans le secteur de la rue des Pivoines, à la suite de la découverte d'une personne malade de la dengue.

La lutte contre les moustiques adultes par démoustication permet d'éviter les cas secondaires, durant le temps où le moustique est porteur du virus : '"Le moustique va vivre une vingtaine de jours, il va piquer tous les deux jours environ. Tant que le moustique adulte n'est pas mort, il est contagieux."

Les services de l'État effectuent les traitements à l'insecticide la nuit, aux heures où la population est moins exposée, en prévenant en amont du traitement des zones concernées.

Le moustique tigre n'est pas près de disparaître de nos régions, maintenant que l'espèce est bien installée. "C'est un moustique avec lequel il va falloir qu'on apprenne à vivre !" conclut Clémentine Estève.

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