Grève à l'hôpital psychiatrique La Chartreuse de Dijon : "les agents s’épuisent"

Ce mardi 24 mai à Dijon, les personnels de santé du CHS La Chartreuse sont en grève. Ils déplorent un manque d'effectif qui impacte directement les patients et leur propre sécurité. Mercredi en fin de journée, ils se réuniront avec la direction pour discuter de la situation.

Près de soixante agents médicaux étaient mobilisés ce mardi 24 mai à 13 heures devant le Centre Hospitalier La Chartreuse de Dijon. Sur place, des personnels en repos ou encore en pause militent pour exprimer leur ras-le-bol face au manque d’effectif. 

Ce qui a déclenché cette grève, c’est la demande d’un Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) des personnels de santé de l’établissement. D’abord refusé par la direction, le CHSCT aura finalement lieu demain en fin de journée. Le CHSCT a lieu quand il y a un danger imminent. Mais pour François Martin, directeur du centre hospitalier, l'absentéisme ne représente pas un danger imminent.

Sylvie, infirmière à la retraite et militante syndicale tenait à être présente. Pour elle, le CHSCT sera utile parce qu’il permet aux agents de parler de leurs conditions de travail. La baisse d’effectif est liée à l'absence des personnels soignants en arrêt maladie ou en repos.

Pour Sylvie, la baisse des effectifs a un impact direct sur la sécurité des personnels de santé.  D’après le protocole mis en place, il faut deux agents infirmiers pour visiter un patient en isolement. Or, Sylvie explique que récemment une agent de service hospitalier (ASH) a donné, seule, un repas à un patient en isolement. 

Sur place, on retrouve Delphine, secrétaire générale à la CGT et aide soignante de nuit. Elle est en vacances mais veut absolument soutenir ses collègues. Pour elle, le constat est le même que Sylvie, la procédure de sécurité s’est dégradée. C’est elle qui a déposé, le 3 mai, l’alerte qui a donné lieu au CHSCT.

"On a augmenté les lits dans certains services mais les effectifs restent les mêmes." Delphine décrit une situation qui se dégrade depuis 5 ans, que le Covid-19 a accentuée. 

Un système "au bout"

Suite à la crise sanitaire, un système de réserve avait été mis en place. Il est toujours en vigueur aujourd’hui. Les personnels de santé ne souhaitent qu’une vague de recrutement pour les soulager et mieux exercer leurs métiers. 

C’est compliqué ! Alors, on entend bien que c’est national mais nous on travaille en psychiatrie, on a quand même des règles de sécurité à respecter.

Delphine, aide-soignante et secrétaire générale à la CGT

Certains infirmiers disent parfois venir avec la boule au ventre, "on se demande quand va arriver le jour du drame". Pour eux, l’insécurité s’illustre aussi dans le fait de ne pas connaître ses patients. À cause du dispositif de réserve, ils ne peuvent plus suivre correctement les patients.

Pour Jonathan, aide soignant et syndiqué à la SUD (Union syndicale Solidaires), les effectifs ne correspondent plus à la demande. "On a du mal à se retrouver dans notre travail" révèle-t-il.

Il craint de voir la situation se dégrader davantage. Qu’elle entraîne la fermeture de service du CHS La Chartreuse.

Si le taux d’absentéisme ne réduit pas, on va devoir fermer des services

Jonathan, aide-soignant et syndiqué à la SUD

François Martin, le directeur du centre hospitalier, indique que le taux d’absentéisme est estimé actuellement à 13 %. "Je calibre les effectifs pour être à 10 % d’absentéisme, on n’est pas trop mal en ce moment", affirme-t-il.

Selon lui, le vrai problème, c’est l’absentéisme notamment dû aux arrêts maladie. C’est la raison pour laquelle les vacances des personnels de santé ne sont pas modifiées. L’objectif pour lui est de fixer les effectifs de l’été. 

Je comprends tout à fait le personnel et je veux les remercier de leur investissement

François Martin, directeur du CHS La Chartreuse

Une vocation qui disparaît ?

Les militants s’inquiètent de l’avenir de leur métier. Selon eux, il est déjà arrivé plusieurs fois que des étudiants en formation fassent le travail d’agent expérimenté. D'après Delphine, il manque de temps pour former les étudiants en stage.

Pour un infirmier en poste depuis 13 ans "il n’y a plus de vocation". Il ajoute "si j’étais étudiant et que je voyais ce qu’il se passe dans les services de santé en ce moment, ça ne me donnerait pas envie de postuler."

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