Photographe amateur depuis 50 ans, Jean-Pierre Dambrun a eu la chance d'observer un vautour fauve, dimanche 9 juin, sur une falaise près de Mâlain en Côte-d'Or. Une rencontre exceptionnelle.
"En 50 ans de photographie animalière, je n'en avais jamais vu ici." Dimanche 9 juin, Jean-Pierre Dambrun, photographe amateur de Côte-d'Or, a fait une rencontre exceptionnelle sous nos latitudes : il a aperçu un vautour fauve.
"Il n'y avait pas de doute"
Contacté par France 3, le photographe raconte. "Je me suis rendu dans la matinée sur des falaises calcaires proches de Mâlain, à la recherche des faucons pèlerins qui nichent depuis de nombreuses années ici."
Après 1 heure 30 ou 2 heures d'affût, je vois une tache énorme, de la taille d'un mouton, sur le rebord de la falaise, à 25-30 mètres en contrebas de la falaise.
Jean-Pierre Dambrunphotographe amateur
"Il n'y avait pas de doute" sur l'espèce, assure le photographe dont le fils s'avère être un spécialiste du vautour fauve : "Il travaillait à la DREAL de Lozère. Là-bas, dans les gorges du Tarn, les vautours sont très nombreux. Les agriculteurs leur laissent des charniers pour s'alimenter."
En effet, le vautour fauve est un charognard : il ne chasse pas, il ne se nourrit que de proies déjà mortes. "En Bourgogne, il n'y a pas de charniers mais la période agricole actuelle est propice : beaucoup d'animaux, comme des lièvres, sont broyés par les engins agricoles dans les cultures." Le vautour n'a plus qu'à se servir. Même si, souligne Jean-Pierre, "les vautours peuvent vivre 10 jours sans manger".
"Il est resté 45 minutes"
Le photographe amateur a eu tout le loisir d'observer le géant des airs. "Il est resté sur place pendant 45 minutes. Il s'étirait. J'ai dû prendre une centaine de photos." Des photos pas très nettes, regrette Jean-Pierre, qui se trouvait "à bien 150 ou 200 mètres" de l'animal et qui a dû zoomer au maximum pour prendre ses clichés. Mais l'important est d'avoir pu apercevoir cette espèce, catégorisée comme "rarissime" en Côte-d'Or.
Jean-Pierre, passionné d'oiseaux, explique que seules deux observations de vautour fauve ont été faites dans le département ces dernières années : "On en a aperçu cinq dans la montée d'Urcy, et une douzaine ensemble sur les falaises près de Mâlain." L'individu qu'il a observé dimanche 9 juin était pourtant seul. "A priori, il semblerait que ce soit un jeune. A-t-il été dérouté par les vents du Sud ?" En tout cas, l'animal était bien loin de son aire habituelle : "Les premières colonies, on les trouve dans le Vercors, les Alpes et le Massif central."
Jusqu'à 2,80 mètres d'envergure !
Après de longues minutes, le vautour fauve a finalement pris son envol... chassé par les habitants habituels des lieux.
Quand il est parti, il est passé juste au-dessus du village et il a été raccompagné manu militari par les faucons pèlerins !
Jean-Pierre Dambrunphotographe amateur
Les faucons pèlerins, qui nichent en ce moment sur les falaises, n'ont en effet pas dû apprécier l'intrusion de ce (très) gros oiseau, qui peut mesurer jusqu'à 2,80 mètres d'envergure.
Le week-end de Jean-Pierre Dambrun a décidément été heureux. "J'ai eu un double plaisir", dit-il, car en plus d'avoir observé ce vautour, il a également pu apercevoir un autre oiseau rare : un élanion blanc. Ce rapace, de taille plus modeste, est noir, gris et blanc, et présente surtout d'étonnants yeux rouges.
Contactée, la LPO (ligue de protection des oiseaux) de Côte-d'Or confirme que les vautours fauves n'ont jamais niché en Côte-d'Or, mais qu'ils peuvent y être de passage. En 2024, deux individus ont été observés ; cinq en 2023, aucun en 2022.
Certaines années, on a observé de larges groupes de vautours fauves, qui ont l'habitude de se déplacer en colonies : 29 individus en 2021, 50 en 2017, 60 en 2016 !