Cerfs, chamois ou chevreuils au menu : 83% des proies des loups en Suisse sont des animaux sauvages, révèle une étude nationale

Une grande étude s'est penchée sur le régime alimentaire des loups suisses. Elle indique que 83% de leurs proies sont des animaux sauvages et 17% des animaux de rente, moutons, bovins ou équidés. Des chiffres contestés par les anti-loup de l'autre côté de la frontière.

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C'est une étude menée au plan national et qui fera l'objet d'un article scientifique qui devrait être publié en 2025. Elle a été lancée par KORA Écologie des carnivores et gestion de la faune sauvage. Cette enquête s’est penchée sur tout l’éventail des proies consommées par les loups de l'autre côté de la frontière. En d’autres termes, sur leur régime alimentaire.

Et pour savoir ce qu'il y avait vraiment dans l'assiette du prédateur, la fondation a fait analyser environ 350 échantillons de fèces de loups, collectés entre 2017 et 2022 avec l’aide de gardes-faune cantonaux et de particuliers. Ces analyses ont été réalisées par le Laboratoire de biologie de la conservation (LBC) de l’Université de Lausanne (Vaud). Les premiers résultats, publiés le 1er juin 2024, révèlent qu’en Suisse, 83 % des proies consommées par les loups sont des animaux sauvages et 17 % des animaux de rente.

Cerfs, chamois et chevreuils de préférence

Dans le détail, on découvre que les ongulés sauvages représentent environ 74 % des proies du grand canidé; Les cerfs arrivent en tête de ses préférences (35,7 %), puis viennent les chamois (20,3 %) et les chevreuils (17,6 %). "Par rapport à ce qui se passe dans d’autres régions comme l’Europe du Sud et de l’Est, le loup consomme plutôt peu de sangliers en Suisse", font remarquer les promoteurs de l'étude. Parmi les animaux d'évage, le loup affectionnerait surtout les moutons (11,3  %), bien avant les bovins (3,1 %) ou les chèvres (2,6 %).

Attention, "si les animaux identifiés dans les échantillons ont bien été consommés, rien ne dit que c’est le loup qui les a prédatés, prévient le KORA. Opportuniste, le loup se repaît en effet aussi de charognes." Les préférences alimentaires du loup changeraient aussi selon la saison. "En été en particulier, pendant la période d’estivage, la part des animaux de rente dans son alimentation augmente", précise la fondation. La différence de moutons consommés entre l’été (14,6 %) et l’hiver (8,7 %) atteint presque 6 %.

Critiques au menu

Cette étude fait partie d'un projet de recherche doctorale mené en collaboration avec l’Université de Lausanne, rappelle le KORA. Mais ses conclusions sont déjà contestées par l'Association Suisse pour la protection des territoires contre les grands prédateurs (ASPTcontreGP), qui porte dit-elle la voix du monde agricole, de la chasse et du tourisme dans les cantons.

Dans un communiqué publié le 2 juin, elle souligne que le loup ne consomme qu’une partie des bêtes qu’il tue. "Lors d’attaques sur les troupeaux de moutons, les loups peuvent facilement tuer dix moutons en une attaque, explique ASPTcontreGP. Seule une petite quantité de viande d’un seul mouton est ensuite consommée. Il faut en tirer la conclusion que le chiffre de l’étude Kora est faussé. Il indique le pourcentage de viande d’animaux de rente consommé, mais pas le pourcentage d’animaux de rente réellement tués par les loup."

Pour les anti-loup, l'étude du KORA montre également "que le loup ne contribuera pas à réduire les dommages causés par les sangliers, que le loup ne se soucie pas non plus de savoir si une espèce comme le chamois est en déclin ou non pour la chasser".

Car, ajoute-t-elle, "malgré tous les efforts de l'agriculture et les millions de francs investis chaque année par les pouvoirs publics pour la protection des troupeaux, les moutons se trouvent en quatrième position et les bovins en cinquième position au menu du loup, tandis que le sanglier, qui se reproduit sans limite et qui est responsable chaque année de dommages aux cultures agricoles dépassant largement les 10 millions de francs en Suisse, n'arrive qu'en huitième position, même derrière le renard." Pas de quoi donc vraiment apaiser ce débat qui déchire aussi nos voisins helvètes.

Le loup en Suisse

Au dernier état établi au 1er février dernier, la Confédération recensait 35 meutes, meutes transfrontalières comprises. 13 sont installées dans le Valais,15 autres vivent dans les cantons des Grisons, du Tessin et du Glaris. C'est dans ces régions que les échantillons ont été majoritairement collectés.

Après avoir été éradiqué de Suisse à la fin du XIXème siècle, le loup a progressivement et naturellement recolonisé la Suisse depuis 1995 en provenance d'Italie d’où il n’a jamais complètement disparu. Dans le canton de Vaud, la présence d’un premier loup a été confirmée en 2007, après 152 ans d’absence. Le canidé fait également parler régulièrement de lui dans le Canton du Jura et dans le Canton de Berne qui tient à jour une carte des présences attestées.

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