Attaques de loups contre les troupeaux : "faciliter les tirs ne règle pas les problèmes des éleveurs" selon les associations de défense de l'environnement

Faciliter les tirs sur les loups, et mieux indemniser les éleveurs : ce sont les principales mesures du nouveau plan national d'actions 2024-2029, annoncé par le gouvernement. Dans le Doubs et le Jura, les réactions oscillent entre satisfaction et rejet.

Renforcer la coexistence du loup et des activités d’élevage, c'est l'objectif du nouveau plan national d’actions 2024-2029. Très attendu par les agriculteurs et par les associations de défense de l'environnement, il a été publié le vendredi 23 février. Voici les principales mesures :

  • Les préfets ont désormais 48 heures, maximum, pour donner une autorisation de tir
  • Pour les troupeaux de bovins, très présents dans le Doubs ou le Jura, autorisation de tir dès la première attaque
  • Les louvetiers interviendront désormais par équipes de deux tireurs
  • Les éleveurs auront à leur disposition des lunettes de vision nocturne
  • Les indemnisations des dommages subis par les élevages sont revues à la hausse

Ces mesures vont dans le bon sens, selon le président de la chambre régionale d'agriculture  de Bourgogne-Franche-Comté, Christian Decerle, interrogé par notre équipe de reportage (Emmanuel Rivallain et Klervi Gouiffes) :

Les éleveurs voient là une moins grande complexité administrative et une meilleure réactivité pour protéger leurs troupeaux.

Gilles Decerle, président de la chambre régionale d'agriculture de Bourgogne-Franche-Comté

Syndicat minoritaire, la Confédération Paysanne ne partage pas cet avis. Dans le Jura, Nicolas Girod considère que "des tirs à tout-va ne font que repousser le problème, il serait préférable de tirer les seuls loups prédateurs et d'éduquer les autres à éviter les troupeaux". Il ajoute : "on risque de provoquer un affrontement entre les agriculteurs et les écologistes".

Du côté des associations de défense de l'environnement, le nouveau plan national d'actions fait l'unanimité contre lui. Gilles Benest, de France Nature Environnement Bourgogne Franche-Comté, rappelle le travail des nombreux bénévoles, qui, chaque été, passent des nuits à aider les éleveurs en surveillant les troupeaux. Il ajoute :

On n'a vraiment pas besoin de faciliter des tirs, on a déjà tout ce qu'il faut !

Gilles Benest, France Nature Environnement, Bourgogne Franche-Comté

Cet avis est partagé par l’association de défense des grands prédateurs FERUS. Selon Natacha Bigan, la coordinatrice de l'association pour le Doubs et le Jura, "Sous prétexte de faire plaisir à des syndicats agricoles, on autorise des tirs et on prend des mesures qui ne sont pas pérennes !"

En plus des chiens de protection et des clôtures, l'association considère qu'il faut aider massivement les éleveurs, en particulier pour qu'ils puissent rémunérer des bergers. Natacha Bigan cite l'exemple du massif alpin, où la présence humaine, grâce à des "bergers" bénévoles, agit comme une protection efficace contre les prédations. 

Contacté quelques jours avant l'annonce du plan national d'actions, Denis Loublet, le vice-président national de l'association FERUS rappelait le rôle essentiel du loup : "Un grand prédateur comme le loup est une clé de voûte des écosystèmes, de plusieurs écosystèmes. S’il est absent, c’est un déséquilibre. S’il est présent, c’est lui qui régule".

Denis Loublet ajoutait :

Avant les années 90, l’élevage n’allait déjà pas très bien, or le loup n’était pas présent en France !

Denis Loubet, association FERUS

Des attaques de loups plus nombreuses ?

Le nouveau plan national d'actions intervient alors que le nombre d'attaques de loups contre les troupeaux est en hausse. Mais selon les statistiques du ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, cette hausse des attaques est inférieure à celle du nombre de loups recensés. 

Une preuve, selon les associations de défense de l'environnement, que le loup a toute sa place en France, où il trouve naturellement des proies sans attaquer les troupeaux.

   

Dans le Doubs, les attaques concernent pour l'essentiel des troupeaux de bovins. Ces attaques ne semblent pas être plus nombreuses d'une année à l'autre : 27 en 2022 (24 animaux tués), 23 en 2023 (19 animaux tués).

 

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