Ce mardi 9 janvier 2024, un loup a été filmé par les riverains du village Suisse Le Chenit, près de la frontière franco-suisse avec le département du Jura. Des images qui peuvent surprendre, mais pour les spécialistes, l'événement est tout à fait normal en cette saison.
Il s'avance, s'arrête, observe les alentours et renifle le sol. Sur plusieurs vidéos amateurs, prises mardi 9 janvier dans un village de la vallée de Joux près de la frontière franco-suisse, Le Chenit, un loup s'aventure quelques minutes au milieu de la rue et des habitations. Postées sur les réseaux sociaux, les images ont été rapidement reprises par des comptes pro et anti-loup.
"C'est un loup de la meute du Marchairuz" estime Julien Regamey, responsable du monitoring du loup à la fondation Jean-Marc Landry en Suisse. "Il était en chasse derrière un ou deux chevreuils, il s'est retrouvé à découvert là où les chevreuils sont arrivés". Pour le spécialiste, le grand prédateur s'est en quelque sorte retrouvé emmené là par ses proies : "il était un peu stressé d'être au village, les gens l'ont vu et il est reparti".
"On le voit tout paniqué au milieu de la ruelle" confirme Fabrice Monnet, berger et président de l'association Defend the wolf. "Il est passé de la forêt au milieu urbain, ça a l'air d'être nouveau pour lui".
Trois meutes dans le secteur
Dans ce secteur montagneux, le gibier vit en abondance et trois meutes de loups évoluent : la meute du Marchairuz et du Mont Tendre en Suisse, celle du Risoux (parfois dite "de Bois d'Amont") en France. Le lieu-dit du Brassus, dans le village du Chenit, situé à moins de 8 kilomètres de Bois d'Amont, est à proximité de cet espace : "les maisons sont collées à la forêt et c'est très sauvage juste au-dessus" décrit Julien Regamey.
"Le fait de voir des loups passer proche des habitations, c'est tout à fait normal, c'est comme de voir un renard ou un chevreuil" estime Fabrice Monnet, de Defend the Wolf. "Avec la neige, tout ce qui est ongulé, les gibiers redescendent en plaine pour accéder à la nourriture et les loups suivent".
Sur les réseaux sociaux, en particulier sur des pages comme "Non au loup" et "Chasseurs vaudois", des internautes se sont inquiétés de cette visite : "un loup qui a froid et faim mange ce qu'il trouve... À méditer", "si après quelques jours de neige, un loup traverse un village, que va-t-il se passer si neige dure encore 2, 3 semaines ou plus ?" pouvait-on notamment lire. Pour les deux spécialistes, il n'y a guère sujet à s'inquièter.
"Pour quelqu'un qui n'a l'habitude de côtoyer le loup, ça peut paraître bizarre" reconnaît Fabrice Monnet, mais il l'assure, lui qui a déjà suivi des meutes pour les filmer, "c'est plutôt un animal qui fuit et qui a peur". "Ils ne viennent pas chercher le contact avec l'homme parce que l'homme est un danger pour eux" précise Julien Regamey. "Le loup, il aide à la régulation du gibier, il aide à la régénération des forêts en dispersant ces gibiers" ajoute-t-il.
Si d’aventure, il vous arrivait de croiser un loup dans les massifs franco-suisses, Fabrice Monnet recommande de s'arrêter, de ne pas s'enfuir en courant, et d'attendre qu'il s'en aille, en tapant éventuellement dans les mains pour l'effrayer.