INTERVIEW. Golden Coast : comment le plus gros festival de rap de France s’est monté à Dijon

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C'est l'histoire d'un projet qui mûrit depuis des années, imaginé par une équipe rodée des festivals. Entretien avec Vivien Becle, co-fondateur du Golden Coast.

Le week-end du 13 au 15 septembre, 50 000 festivaliers investiront le parc de la Combe à la Serpent, sur les hauteurs de Dijon, pour le tout premier gros festival de rap en France : Golden Coast. À quelques jours de l'ouverture, le co-fondateur du "Goco", Vivien Becle, nous a accordé une interview, entre deux urgences à gérer sur le site de la Combe.

La naissance du Goco

Golden Coast a été annoncé fin 2023, mais il mijotait depuis des années. "On a commencé à écrire le projet en novembre 2020, en plein covid. Mais cela faisait beaucoup plus longtemps qu'on y réfléchissait", affirme Vivien Becle. 

Le "noyau dur" de l'équipe se compose d'une dizaine de personnes, toutes habituées des festivals et de l'événementiel. Vivien Becle était lui-même chargé de mission artistique et de programmation au VYV, l'autre grand festival dijonnais, qui n'aura malheureusement connu que quatre éditions.

L'avantage, c'est qu'on a l'habitude de travailler sur des festivals. Sauf que le Golden Coast, cette fois, c'est notre bébé. Là, on s'est occupé de tout. On a créé une équipe qui nous semble être la meilleure.

Vivien Becle

co-fondateur du Golden Coast

Pendant ces quatre années de maturation, il a fallu passer par de nombreuses étapes : soumettre le projet aux politiques, aux gestionnaires des lieux, aux investisseurs, à la préfecture et aux forces de l'ordre...

Tout cela prend beaucoup de temps, il y a des aléas. Et à un moment donné, ça se déclenche et ça avance.

Vivien Becle

co-fondateur du Golden Coast

La concrétisation du festival, finalement, est assez récente. "On s'est tapé dans la main en septembre-octobre 2023. Ensuite, c'est là qu'on a vraiment lancé la machine : le rétroplanning, le marketing, la programmation, la mise en vente, tout le processus de communication, la technique, la sécurité..."

Depuis mars-avril, l'équipe du festival s'agrandit de manière exponentielle. En outre, 800 bénévoles seront présents, en plus des prestataires de restauration, de bar, d'animations, et des agents de sécurité.

 

La programmation, une affaire de réseaux

Comment convaincre des artistes comme Booba de venir à Dijon, pour cette toute première édition ? Là encore, le réseau de l'équipe fondatrice a joué. "On a une relation de confiance avec les agents d'artistes depuis longtemps", indique Vivien Becle. "Ils étaient dans la confidence depuis longtemps, ils savaient que l'on préparait un festival rap. Et quand on a eu la validation pour lancer réellement la machine, on n'avait quasiment plus qu'à les prévenir."

La programmation s'est faite très rapidement, entre fin octobre et début décembre !

Vivien Becle

co-fondateur du Golden Coast

Les artistes n'ont pas hésité, selon le co-fondateur du Goco. "C'était quand même une anomalie de ne pas avoir de festival de cette ampleur en France dédié au rap, alors que dans le monde, la France est le deuxième pays à écouter le plus de rap." Certes, les rappeurs sont désormais des habitués des festivals français ; mais pour trouver un festival 100 % rap, il faut traverser la frontière, direction la Belgique, pour assister aux Ardentes. 

Dijon, nouvelle scène rap ?

Dijon, donc. Son kir, sa moutarde, ses escargots... et son festival de rap ? Un contraste étonnant, oui, mais qui n'a pas rebuté les artistes. "Aujourd'hui, ils ne regardent pas forcément le lieu ; et de nombreux festivals se déroulent en pleine campagne. En fait, les artistes regardent surtout les conditions : est-ce qu'ils vont se produire sur de belles scènes, etc..." Là-dessus, le Goco promet de voir les choses en grand : la scène principale pourra accueillir 25 000 spectateurs en simultané.

Depuis la fin août, les équipes sont sur place à la Combe à la Serpent pour monter les scènes et les décors. "Les dimensions réelles sont encore plus impressionnantes que sur le plan", se félicite Vivien Becle.

Le festival compte aussi sur sa proximité de Paris et sa facilité d'accès en TGV. Pratique pour les artistes... et pour les festivaliers, à en croire les statistiques des organisateurs. 

On a 70 % de public qui vient de Paris, Lyon, Strasbourg et même Lille ou Bordeaux. On ne s'y attendait pas !

Vivien Becle

co-fondateur du Golden Coast

"Et il y aura toutes les générations", ajoute Vivien Becle, qui promet : "Ce ne sera pas un festival pour des enfants de 16-17 ans, contrairement à ce qu'on peut imaginer. La moyenne d'âge va tourner autour de 25-27 ans."

Et ce, grâce à une programmation éclectique, entre nouvelle scène et vieux routiers du genre. "Booba, la Fonky Family, Hugo TSR... Ce sont des artistes qui ont 30 ans de carrière. Moi, j'ai 34 ans : c'est ma génération. Il ne faut pas oublier que le rap existe depuis longtemps."

Les soirées ANTDT, précurseures

Les organisateurs du Golden Coast ont aussi, discrètement, sondé le public dijonnais ces dernières années. "Ça fait deux ans qu'on a lancé les soirées ANTDT [prononcer "Antidote"] au Zénith de Dijon. Cela faisait partie de la stratégie de lancer un élan, de créer une communauté rap."

L'occasion aussi de prouver que "ces soirées se passent toujours très bien", contrairement à l'image que les musiques urbaines peuvent véhiculer. "C'est vrai que c'est ancré dans la tête de pas mal de monde. Mais on fait cela aussi pour montrer que c'est possible. Le public est honnêtement très discipliné. Oui, des fois, il y a des débordements, mais pas plus qu'ailleurs !"

La logistique, défi "costaud"

Pour cette première édition, le Goco risque bien de jouer à guichets fermés : les 50 000 places sont quasiment écoulées, à une semaine de l'évenement.

Et comme tout festival naissant, les organisateurs savent qu'ils sont attendus au tournant sur un aspect crucial et sensible : la logistique. "C'est presque ce qui est le plus costaud à gérer", reconnaît Vivien Becle. 

Comment gérer les flux de festivaliers ? Leur permettre de venir et repartir facilement ? Comment éviter les longues files d'attente, les latences pénibles, les embouteillages ? "Ce sont les choses les plus délicates à mettre en place." Les organisateurs le savent : tout ne sera pas parfait.

Ça reste une année test. Il y a des choses qu'il faudra corriger pour les années suivantes.

Vivien Becle

co-fondateur du Golden Coast

Y aura-t-il, par exemple, assez de places de camping ? Le Goco propose 2000 places, presque déjà toutes réservées à une semaine de l'événement. Pour boire et manger, on comptera une trentaine de stands tenus par des restaurateurs de la région. Il faut dire qu'à Dijon, on a de quoi faire.

Pour le transport, "on s'est creusé la tête en lien avec la ville de Dijon". Durant tout le festival, des navettes achemineront les festivaliers depuis la Cité de la Gastronomie, à un arrêt de tram de la gare.

En plus de la musique, le Goco propose plusieurs espaces, toujours liés à l'univers du rap. On retient en particulier le "playground", un terrain de basket concu en partenariat avec la JDA.

► Découvrir la programmation du Golden Coast 2024.

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