Les maisons à toit plat interdites dans certaines communes : "ça dénote par rapport à l'esprit du village"

Les maisons à toit plat, ou maisons-terrasses, ont la cote dans les villes et villages en périphérie de Dijon. Ce vent de modernisme ne plait pas à tout le monde. La commune de Varois-et-Chaignot a par exemple interdit la construction de ces habitations dans son Plan local d'urbanisme (PLU).

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D'ordinaire dominé par les toits en pente avec les incontournables tuiles rouges, certaines communes périurbaines voient les toits plats fleurir dans les lotissements. Une entorse à l'harmonie pour certains élus, le choix de la modernité pour certains habitants.

Les toits plats interdits

La commune de Varois-et-Chaignot (Côte-d'Or) abrite plusieurs maisons-terrasses construites en 2020. Mais ce seront les dernières, puisque la mairie a interdit ce style architectural dans son PLU.

Il y est notamment précisé : "La couverture des bâtiments doit être réalisée soit au moyen de toitures à deux versants, soit au moyen de jeux de toitures composées entre elles et éventuellement reliées à des éléments en terrasse. [...] Les toitures-terrasses sur bâtiments isolés, quelle que soit leur nature, sont interdites." 

Jean-Paul Roche, 4e adjoint à l'urbanisme, défend ce choix : "On était assez contre dès le début. On a déjà un lotissement avec beaucoup de toits plats, ça dénote par rapport à l'esprit du village. C'est une question d'harmonisation, je n'ai rien en particulier contre les toits plats."

"C'est un effet de mode à la base", explique-t-il. "Beaucoup veulent une terrasse sur leur toit de maison. Pour nous, c'était l'occasion d'avoir des toits végétalisés. C'était une condition dans les permis de construire, mais certains n'ont pas joué le jeu."

"C'est dommage de ne pas être libre"

Constance a emménagé en 2020 dans cette maison construite par son mari. Le toit plat l’a tout de suite charmé : “On avait déjà eu affaire à de la charpente. Esthétiquement on préférait le toit plat, c’est plus moderne. À l’intérieur on n’a pas de chambre mansardée, il y a plus d’espace, c’est mieux et ça chauffe moins.”  

Face à l’interdiction de construire des toits plats dans le PLU, cette habitante s’interroge. “Je ne comprends pas du tout. C’est dommage de ne pas être libre. Quand on regarde dans d’autres communes, il y a le choix quand même.” 

La condition pour construire une maison avec un toit plat à Varois-et-Chaignot était de respecter les demandes de Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique entre 2017 et 2018. À savoir que 40 % des communes soient végétalisées. Et donc que les toits plats accueillent de la végétation, avec une confirmation inscrite dans le permis de construire. 

“Pour une charpente, on fait intervenir un autre corps de métier, ça coûte cher. Là, le maçon a juste refait une dalle en plus et on a fait appel à un étancheur.” 

Constance

habitante de Varois-et-Chaignot

Constance se rappelle que la commune s’était montrée pointilleuse à une certaine période. “Quand on a demandé la conformité, ils sont venus vérifier si on avait bien de la végétalisation sur le toit, avec le bon pourcentage indiqué”, explique-t-elle, avant de tempérer : “mais quand on monte sur le toit et qu’on regarde les autres maisons, on se rend compte que très peu ont respecté la végétalisation. Ils ont eu la conformité avant les pré-visites."

Toit-terrasse ou toit classique ? 

Gilles Moyse, dirigeant de l'entreprise ESYOM, spécialisée dans la construction de maison, fait la part des choses entre les différents styles de toits. Pour lui, ce choix relève plutôt de la subjectivité. 

"C'est esthétique", lance-t-il. "Techniquement, il n'y a pas d'avantage à avoir un toit plutôt qu'un autre. Parfois, ça peut être imposé. C'est une solution de rentrer dans les clous d'un plan d'urbanisme. Mais souvent c'est un choix de style."

"Il y a des communes où c'est l'inverse. À Daix par exemple, les toits plats sont imposés pour correspondre au paysage."

Gilles Moyse

dirigeant d'ESYOM

Si certains sites en ligne prétendent que le coût d'un toit plat est moins cher, Gilles Moyse rétorque : "il n'y a pas de gros écarts, mais c'est plutôt l'inverse." Avant d'ajouter : "par contre, selon moi, les toits-terrasses durent moins bien dans le temps. On a des exemples de tuiles qui ont plus de 60 ans. En 60 ans, je pense qu'il aura fallu refaire l'étanchéité des toits plats au moins une fois."

Dans son activité, les toits-terrasses représentent "une petite partie" des chantiers. Il observe en revanche de plus en plus de combinaisons de différents toits. Le toit plat a pour avantage de pouvoir être aménagé pour en faire une terrasse et peut très bien convenir à un garage pour respecter une certaine hauteur par exemple. 

Si le choix est possible, il dépend alors grandement des goûts de chacun.

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