À Dijon, sur le campus de l'Université de Bourgogne, il n'est pas rare de voir de longues files d'attente devant l'épicerie sociale et solidaire de la Febia depuis la rentrée. Une situation qui témoigne de la forte précarité étudiante, et qui risque d'empirer selon l'association.
40. C’est le nombre de personnes qu’accueillait l'épicerie de la Fédération étudiante de Bourgogne interassociative (FEBIA) chaque jour en 2022. En 2023, ce sont près de 80 personnes qui se rendent à l’épicerie. Une situation que le président n’avait jamais connue.
“C’est de pire en pire. On ne sait pas comment on va finir le mois. Mais les étudiants sont trop pauvres pour qu’on puisse refuser des gens”, confie Louis Bichebois-Delhief, président de l’association.
Le mardi 10 octobre, une centaine de personnes attendait devant l’épicerie sur le campus de Dijon. Du jamais vu. “On est obligés de rationner. Les étudiants ne peuvent prendre que deux kilos de pâtes. C’est pire que pendant la crise sanitaire”
"Certains pensent arrêter leurs études"
Dans la file, ils sont nombreux à se plaindre de leurs conditions actuelles auprès des bénévoles de la Febia. “Certains nous parlent d’arrêter leurs études. D’autres nous disent qu’ils vont devoir travailler encore plus à côté. Mais on sait que quand une personne travaille plus de huit heures par semaine en dehors de ses études, il a 50% de chance de rater ses examens.”
► À LIRE AUSSI : Précarité : à l’université de Bourgogne, une gratiferia prise d'assaut dès l'ouverture
“Avant on avait un profil type : des étudiants qui venaient de l’étranger, ou en situation de pauvreté. Aujourd’hui, on a tous types de profils. On a même des enfants d'enseignants qui se rendent à l’épicerie", ajoute Louis Bichebois-Delhief.
Dans une enquête de satisfaction de la Febia, les étudiants estiment leur état de santé à seulement 3.3/10. Plus d’une centaine de personnes ont répondu à ce questionnaire. “Il est bien représentatif de ce que traversent actuellement nos 450 adhérents", confirme le président de l'association.
Le ministère de l'enseignement supérieur veut "agir avant de parler de soutien"
Sollicité par la Febia sur les réseaux sociaux, le ministère de l'enseignement supérieur assure à France 3 Bourgogne ne pas vouloir laisser tomber les étudiants. "En 2022, dix millions d’euros de fonds ont été débloqués pour les associations de distribution alimentaire pour étudiants."
"Nous avons rehaussé les bourses de 6 à 34% (soit 37 à 124 euros par mois en plus du montant habituel) et augmenté le nombre de bénéficiaires (estimé à entre 35 000 et 70 000 étudiants supplémentaires cette année)", déclare la cellule communication de Sylvie Retailleau, ministre de l'enseignement supérieur.
Le repas à 1€ a également été maintenu pour les étudiants boursiers et précaires. Le ministère et des syndicats étudiants travaillent également sur un nouveau système de bourse.