La société américaine annonce officiellement ce jeudi 30 novembre son arrivée dans la capitale de Côte d’Or. Du mécontentement à la résignation, les chauffeurs de taxi ne voient pas tous d’un bon œil l’arrivée de ce nouveau concurrent.

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La compagnie américaine Uber communique ce jeudi 30 novembre son lancement à Dijon (Côte-d'Or) en réponse à “la forte demande” observée au sein de l’agglomération dijonnaise. Mais en réalité, cela fait déjà quelques mois que ces véhicules de transport avec chauffeur (VTC) pas tout à fait comme les autres font des “maraudes” autour de la gare de Dijon. 

Une pratique pourtant interdite aux Uber, mais difficile à contrôler en raison du caractère quasi-anonyme des véhicules. Khalid El Hassouni, chauffeur de taxi à Dijon, raconte : “Comme on est visibles, on est aussi davantage contrôlés. Eux, c’est un petit peu la jungle, surtout devant la gare (…) Ils épient les clients potentiels, et une fois que nous sommes tous occupés, ils viennent leur proposer leurs services, en circulant sur des voies qui nous sont pourtant réservées”.

“Il y a un sentiment d’injustice” résume Jean-Bernard Boccard, président du syndicat Taxis Dijon, qui abonde : “Nous n’avons pas du tout les mêmes contraintes, alors que nous offrons à notre clientèle une certaine sécurité ! Tarifaire d’une part, mais aussi au niveau de la connaissance des lieux, du territoire”. Pour un grand nombre de taxis conventionnels dijonnais en effet, c’est toute la valeur ajoutée autour de l’offre de services qui devient, de jour en jour, un peu plus compromise.   

“On nous vole notre métier”                         

Même son de cloche du côté des “licences blanches”, ces taxis qui assurent les courses dans le Grand Dijon. Contrairement aux taxis “jaunes” dijonnais, eux ne sont pas autorisés à stationner dans la ville, encore moins devant la gare. 

Pour eux aussi, la concurrence d’Uber se fait déjà ressentir : “On nous vole notre métier. On a contracté des prêts pour payer des licences exorbitantes (120 000 euros environ pour une licence blanche, jusqu’à 230 000 euros pour une licence jaune, ndlr) et eux ils débarquent, sans rien !”.

Pour ces indépendants qui ne peuvent approcher la gare qu’en cas de réservation préalable, la facilité de réservation permise par l’application est une menace : “Imaginez un voyageur dans le train, qui souhaite réserver un taxi à Dijon. Il peut choisir d’attendre d’arriver sur place, nous contacter par téléphone, nous attendre sur le parvis... Ou de réserver un Uber à l’avance, en un clic, sur l’application, comme pour une commande de nourriture, pour avoir son chauffeur qui l’attend avant même d’être sorti du train. On nous vole notre métier!", tonne Jean*, taxi dans le Grand Dijon depuis 2 ans.  

Assise à côté de lui, Anne*, elle-aussi taxi dans le Grand Dijon, anticipe un scénario catastrophe : “Entre les chauffeurs Uber et l’article 30 –le projet de loi de finances actuellement débattu à l’Assemblée Nationale, qui prévoit d’imposer aux patients transportés par les entreprises de taxi d’accepter le transport partagé, ndlr- c'est le début de la fin. On va crever”.  

Certains professionnels confiants

L’arrivée d’Uber implique-t-elle pour autant pour les taxis conventionnels de larguer les amarres ? Pas si sûr, selon ceux qui sont déjà bien implantés. “Notre zone de chalandise, on la connait”, expose Arnaud Blet, président de Taxis Dijon, entreprise référente dans le secteur dijonnais, à laquelle adhèrent plus de 85 taxis indépendants dijonnais.

Il abonde : “On a une force, on est là depuis des années. On est là 24h/24, 7j/ 7 toute l’année. Quelle compagnie à cette force à Dijon, à part la police ? On a pas besoin de craindre quoi que ce soit.” D’autant plus que ces derniers temps, la structure a vu sa volumétrie de course annuelle faire un bond, de près de 30%, grâce au transport médical : “C’est une autre dimension de notre activité, plus humaine. On ne fait pas que conduire, on offre un vrai service au client, sur mesure, porte à porte. Bien sûr qu’Uber apporte une forme de concurrence déloyale, mais in fine, nous n’avons pas la même typologie de clients”.

Pour l’entreprise dijonnaise leader, il est donc question de miser sur la fidélisation du consommateur final potentiel. Quant au concurrent américain, aucune raison non plus de céder à la panique : “Leur campagne de communication actuelle fait qu’on s’enquiert de notre sentiment, d’un coup. Mais ça fait au moins sept mois qu’on a pu commencer à s’adapter !”, temporise le chef d’entreprise, qui met en garde contre les effets d’annonce. Et assure ne pas avoir de recul, pour l’instant, sur une éventuelle baisse de son chiffre d’affaires.  

*les prénoms ont été changés

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