Mardi 6 décembre, l'équipe du Maroc s'est qualifiée pour les quarts de finale de la Coupe du monde 2022 en venant à bout de l'Espagne (0-0, 3-0 t.a.b). Une première historique pour le pays, qui a déclenché la joie de centaine de supporters à travers la France entière. Exemple à Dijon.
Pour certains, la nuit a été courte. Mardi 6 décembre, après la victoire de leur équipe nationale en huitièmes de finale de la Coupe du monde face à l'Espagne, les supporters marocains de Dijon ont fêté dignement un exploit historique.
Le lendemain, beaucoup ne sont pas encore redescendus de leur petit nuage, comme Zineb, 23 ans : "C'était magique, incroyable. On est allé voir le match au café avec des amis, mais on ne s'attendait pas à gagner. Au coup de sifflet final, tout le monde est allé place de la République. Ça chantait, ça dansait, ça pleurait".
Amir, 22 ans, a préféré regarder le match chez lui : "Je suis fan de foot depuis tout petit et cette rencontre, je l'attendais depuis ma naissance. J'étais très stressé, j'ai eu peur mais au coup de sifflet final, j'ai tout lâché".
J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps
Najat, supportrice marocaine
Comme plusieurs centaines de supporters marocains, le jeune homme s'est rendu place de la République, le lieu de rendez-vous des Dijonnais à chaque victoire des Lions de l'Atlas. "Là-bas, l'ambiance était magnifique entre les chants marocains, les feux d'artifices, tous ces maillots rouges. Cette équipe a écrit l'histoire. Maintenant, nous, la jeune génération on pourra parler de nos propres souvenirs sportifs" continue Amir avec émotions.
Écrire l'histoire, c'est aussi ce qu'ont retenu Najat et sa fille Dina : "Hier c'était la joie totale, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Premier quart de finale, vous vous rendez compte" s'exclame la mère de famille. Et c'est pas fini, on va la gagner cette coupe du monde."
Sa fille Dina, complète : "Cette équipe fait plaisir à voir. Les Algériens, les Tunisiens nous supportent. Toutes ces communautés arabes rassemblées dans la joie, c'est incroyable". Les deux femmes, prises dans leur enthousiasme, sont même montées à Paris fêter la victoire sur les Champs-Elysées.
C'est un symbole immense pour tout le Maghreb, pour tout le continent africain
Dabi, 74 ans, Dijonnais et supporter marocain
Dabi, 74 ans, aurait bien voulu sortir célébrer cette victoire, hier soir, "mais mon âge m'en a empêché", sourit-il malicieusement. Le Dijonnais a suivi la rencontre devant sa télé, et n'en revient toujours pas : "C'est un symbole immense pour tout le Maghreb, pour tout le continent africain. C'est très fort pour moi. Devant la télé, j'étais abasourdi. Ces joueurs, je les aime tous jusqu'à la mort".
Regragui et Aguerd, chouchous dijonnais
Bien sûr, l'exploit du Maroc est avant tout collectif. Mais à Dijon, deux noms résonnent plus que les autres. D'abord celui du coach, Walid Regragui, joueur du DFCO en 2007. Le Marocain, alors latéral droit, n'avait joué que 12 rencontres sous le maillot bourguignon.
Assez pour marquer son ancien coéquipier, l'ex gardien Florent Perraud, actuel responsable commercial du DFCO : "Sa réussite ne m'étonne pas. Walid c'était une personnalité adorable en dehors du terrain, toujours à l'écoute. Mais dès le coup d'envoi, il exécrait la défaite. Il a transmis cette mentalité à son groupe, qui est prêt à se sacrifier pour le maillot national. Nous, les anciens de Dijon, on est fier de lui, c'est immense ce qu'il a fait".
En plus du coach, Dijon a son petit chouchou, en la personne du défenseur marocain Nayef Aguerd, joueur dijonnais pendant deux saisons de 2018 à 2020. "Nayef, c'était le mec humble, toujours dispo et souriant, raconte Clément, membre du média indépendant le Dijon Show, créé par des supporters du DFCO. Ici, il n'a jamais triché et n'a laissé que de bons souvenirs. Je ne suis pas Marocain mais je suis très fier de cette équipe. C'est un peu comme si Nayef représentait Dijon. Et quelle performance hier, c'était le patron sur le terrain".
Une soirée "calme et festive" selon les forces de l'ordre
54 policiers étaient présents place de la République pour assurer la tranquillité de la manifestation. Interrogées par France 3 Bourgogne, les forces de l'ordre ont indiqué avoir passé "une soirée plutôt calme et festive".
Seul point noir, vers 21h, une fois les familles rentrées, des jets de projectiles ont visé les policiers, qui ont répliqué avec du gaz lacrymogène. "C'est dommage car ça vient gâcher la fête. Nous les Marocains, on ne veut pas renvoyer une image de fauteurs de troubles, regrette Ayman, 20 ans, supporter présent hier place de la République. Mais bon, c'était une minorité de personne, et la police a bien fait son travail".
Prochain rendez-vous, ce samedi 16h, face au Portugal, en quarts de finale. Avec pourquoi pas une nouvelle fête vers 18h ? C'est tout ce que souhaitent les supporters dijonnais du Maroc. Avec, dans un coin de la tête, une possible demi-finale contre la grande équipe de France.