"Papa, je veux être champion de France" : rencontre avec Mathis aux championnats de ski nautique à Arc-sur-Tille

Les championnats nationaux de ski nautique ont lieu à Arc-sur-Tille jusqu’au 09 août. Rencontre avec Mathis, 16 ans, qui participe à la compétition.
 

Le ski nautique comporte quatre disciplines : le slalom, les figures, le saut et le combiné. A chaque jour son épreuve pendant les championnats nationaux à Arc-sur-Tille (Côte-d’Or), du 1er au 9 août. Nous avons rendez-vous avec Mathis, un jeune skieur de 16 ans. Il va nous parler de sa passion et plus largement de ce sport, peu connu.

Presque né sur des skis

L’ambiance est aux vacances auprès de l’eau. Les tubes de l’été raisonnent dans les enceintes pendant que les sportifs chaussent leurs skis. Mathis nous retrouve, décontracté et serein. « J’ai commencé le ski nautique sur les genoux de mon père quand j’avais 2 ans et demi. » Et c’est sur cette même base nautique que le jeune homme s’est découvert une passion pour le sport de glisse. « C’est vers mes 3 ans que j’ai commencé à glisser sur l’eau tout seul » sur un petit bateau, à la barre.
Son père, Laurent, n’est d’ailleurs pas très loin. « On est passionnés par le sport dans la famille. C’est ma femme qui m’a fait découvrir le ski nautique. Ca faisait un peu sport de plage mais je me suis fait mal une fois ou deux… Je me suis dit que c’était sympa, mais très physique. » Lui ne skie plus, mais soutient et accompagne son fils.
 

A l’âge de 8 ans, Mathis fait ses premières compétitions. Il excelle dans "Les petits princes", les championnats pour les moins de 10 ans. En 2014, il remporte sa dernière compétition, à Bourg-en-Bresse. « Ce que je kiffe, c’est l’adrénaline en saut. Tu voles en fait. Et c’est cool. » Le jeune sportif décrit la sensation de glisse comme « particulière. » Mais ce n’est pas comme le ski alpin. « C’est vachement mieux sur l’eau… Et tu skies en maillot de bain quand même ! ».

La peur de la blessure

En 2015, Mathis s’arrête à cause de problèmes de croissance aux genoux. C’est courant chez les jeunes sportifs. « Certains ont déjà leur taille adulte à partir de 14-15 ans » confie Mathis. « Moi, ça me tire encore un peu partout. Et comme je fais du ski depuis longtemps, ça a ralenti ma croissance. » Alors pour éviter les blessures, Mathis doit s’entraîner plusieurs fois par semaine. L’été, il se rend à la base d’Arc-sur-Tille. Mais le reste de l’année, d’octobre à mars, le jeune homme est suivi par une coach sportive qui l’aide dans sa préparation physique. Au programme, du crossfit et des étirements après l’école et les week-ends. « L’hiver, je fais plus de préparation pour être bien solide. Mais je ne cherche pas du tout à prendre du volume. » Une fois de plus, il risquerait de ralentir voire stopper sa croissance. « Ca me manque de ne pas être sur l’eau pendant cette période. Mais je me donne à fond parce que je me dis que ça paiera plus tard. » Et il ajoute aimer ça.
 

Les blessures, c’est aussi une des inquiétudes de son papa. « A ses débuts, Mathis a décidé de faire une compétition malgré une blessure. Il a fini deuxième, mais il a fallu trente minutes pour le sortir de l’eau tellement il pleurait. » Il y a quelques années à peine, Mathis a failli se fracturer une vertèbre. « J’ai fermé les yeux et j’ai senti une sensation bizarre dans mon dos. » Mais ça fait partie du jeu… Et Mathis  remonte toujours sur ses skis. « On le laisse faire. Quand on aime le sport, on ne peut pas interdire à un enfant de faire du sport. Ça fait partie de son équilibre interne et de son développement. C’est sa dose d’adrénaline. »

Le ski nautique doit rester une passion

Laurent s’occupe aussi de l’entraînement de son fils. « Il devait avoir dix ans quand il m’a dit papa, je veux être champion de France. Je lui ai demandé de répéter. » Il savait à quel point ça allait être dur. « Quand il fallait s’entraîner en mars, dans une eau à 4-5 degrés, il ressortait avec des engelures ou des saignements de nez. » Mais Mathis n’a jamais abandonné. D’ailleurs, quand on lui demande si un jour il a envisagé de ne plus monter sur ses skis, il est catégorique. « C’est ma passion. Ça occupe une grande place dans ma vie. Je ne peux pas m’arrêter, j’y prends trop de plaisir. » A chaque blessure, Mathis est écarté des compétitions. « Et c’est frustrant. Pendant ce temps, les autres continuent de skier et prennent de l’avance. »
 

Il y a les titres… mais il y a l’esprit de compétition avant tout. « Je crois qu’il a compris que le ski nautique peut lui apporter de la pugnacité, lui apprendre à se relever à chaque épreuve » confie Laurent. « Ce n’est pas un sport où on gagne sa vie. Le sport à haut niveau, c’est fragile. On peut se casser quelque chose et la carrière s’arrête brutalement. Je veux seulement que ce soit un moteur pour lui. Que ça l’aide à accéder à ce qu’il veut faire comme études. » Mathis entre en première à Dijon en septembre prochain. « J’aimerais être ingénieur ».

Des entraînements entre la Côte-d'Or et la Gironde

Père et fils partagent les mêmes émotions à chaque championnat. « On vient là pour prendre du plaisir. Je dis toujours à Mathis que le combat est à l’entraînement. La compétition, ça doit être uniquement du plaisir. »

Ce jour-là, à Arc-sur-Tille, Mathis réalise trois sauts. C’est son deuxième qui sera retenu : 28 mètres 40. Mais le jeune homme ressort de l’eau insatisfait. « Je n’ai pas sauté correctement » bougonne-t-il. Ses supporters sur la plage ont pourtant applaudi sa prestation. « Il fera mieux un autre jour » ajoute Laurent. Il reste encore des épreuves. « Et dans ce sport, on ne peut pas être bon dans toutes les disciplines… On est forcément meilleur pour une seule. »
 


Laurent parle du slalome, du saut et des figures. Le sport est peu connu, peu médiatisé. « C’est le wakeboard [un sport de glisse sur une planche] qui aide la discipline » nous explique le papa de Mathis. « Et c’est finalement loin d’être un sport de vacances… Il faut accepter de prendre des claques dans l’eau pendant 20 minutes. »
Dans la région, il est possible de faire du ski nautique à Arc-sur-Tille, à Seurre, à Montbéliard et sur le lac de Vouglan. Mathis se rend deux à trois fois par an à Lacanau, en Gironde. « Ça fait du bien de changer de plan d’eau. On ne skie pas toujours sur le même lac, ni avec le même bateau… » Ni avec les mêmes conditions météos.
 

Un sport trop polluant pour les Jeux Olympiques

Aujourd’hui, le ski nautique n’est pas encore une discipline olympique. « Pour des raisons écologiques » selon Laurent et Mathis. Les bateaux fonctionnent à l’essence et la consommation est trop importante pour ce genre d’épreuves. « Ça viendra avec le temps. » En attendant, Mathis continue de s’entraîner pour aller skier dans la région de ses rêves : la Floride. Il devait d’ailleurs s’y rendre au printemps, mais la crise sanitaire a repoussé l’opportunité à 2021. Mais ce n’est que reculer... pour mieux sauter.
 
Les championnats nationaux de ski nautique ont lieu à Arc-sur-Tille (Côte-d'Or) jusqu'au 9 août. Mathis a 16 ans et fait du ski depuis qu'il a 8 ans. Aujourd'hui, c'est l'épreuve du saut.

 
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