Des journalistes de Mediapart et de Cash Investigation livrent le résultat d'une vaste enquête sur la pédophilie dans l'Eglise catholique. Deux anciens évêques de Dijon et la communauté de Saint-Jean, basée en Saône-et-Loire, sont montrés du doigt pour avoir couvert de tels agissements.
Un silence assourdissant et coupable ! C'est ce que décrivent les journalistes de Mediapart et de Cash Investigation dans l'enquête qu'ils ont menée pendant un an sur la pédophilie dans l'Eglise catholique.
Selon eux, en France, « 25 évêques, dont cinq sont toujours en poste, ont méthodiquement couvert pendant des années 32 auteurs d’abus sexuels, qui ont laissé derrière eux 339 victimes présumées ».
Autre révélation de cette enquête, « des hauts responsables de l’Eglise ont déplacés de pays en pays des prêtres accusés d’agressions sexuelles sur mineurs. »
Deux anciens prélats dijonnais
Dans cette enquête, Mgr Decourtray et Mgr Balland sont cités. Ces deux prélats, aujourd'hui décédés, ont été évêques de Dijon, respectivement, de 1974 à 1981 et de 1982 à 1988. Mais ils sont montrés du doigt pour leur silence dans les années 80/90 lorsqu'ils étaient archevêques de Lyon. Ils sont accusés de ne pas avoir informé la justice sur les penchants d'un prêtre pédophile. En tant qu'aumônier, Bernard Preynat était au contact de nombreux scouts dans le diocèse de Lyon. Des familles ont informé les autorités religieuses de l'époque accusant ce prêtre d'abus sexuels. Confronté, ce dernier a d'ailleurs admis les faits devant sa hiérarchie.
« Le cardinal Decourtray s'est contenté de suspendre Bernard Preynat quelques mois avant de le réaffecter dans le Roannais. Ses successeurs, dont Mgr Balland, ont gardé le silence. Début 2017, au moins 72 victimes présumées étaient recensées par l'association la Parole libérée. Seules sept plaintes ont été retenues dans l’instruction judiciaire à cause de la prescription. », écrivent les journalistes Daphné Gastaldi, Mathieu Martinière, Mathieu Périsse (We Report) et Donatien Huet sur le site d'information Médiapart.
Mgr Bouilleret, l'actuel évêque de Besançon, est également mis en cause par cette enquête sur l'omerta dans l'Eglise.
La communauté des frères de Saint-Jean
La communauté des frères de Saint-Jean est également longuement citée par cette enquête. Il en sera question dans l'émission Cash Investigation diffusée ce mardi 21 mars 2017, à partir de 20h55, sur France 2. Basée à Rimont, en Saône-et-Loire, cette congrégation est pointée du doigt pour avoir essayé d'étouffer des dénonciations d'abus sexuels sur de jeunes africains en déplaçant les religieux sur lesquels pesaient ces accusations.
Les faits se seraient déroulés dans les années 2000 dans leurs prieurés de Bertoua au Cameroun - aujourd'hui fermé - et d'Abidjan, en Côte-d'Ivoire. Dans ce dernier lieu, le frère Jean-François Régis a reconnu avoir attouché des adolescents avant de récidiver dans le prieuré de Murat, dans la Cantal, en 2009 après son retour précipité d'Afrique. En 2014, il s'en est pris à un autre frère de Saint-Jean au prieuré de Rimont, en Saône-et-Loire. Il a fini par tout avouer à la police en mars 2015 après avoir quitté la communauté.
D'autres membres de cette communauté ont déja été condamnés pour pédophilie. C'était le cas de Jean-Dominique Lefevre condamné par les assises de Saone-et-Loire à 8 ans de réclusion pour des faits d'agressions sexuelles sur cinq fillettes en France et en Roumanie.