Permis à 17 ans à partir du 1er janvier 2024 : délais allongés dans les auto-écoles ou belle opportunité ?

Le 1er janvier 2024, chaque personne de 17 ans minimum pourra rouler après l'obtention du permis. De la métropole dijonnaise à la campagne nivernaise, les avis des moniteurs d'auto-écoles divergent. Certains y voient une potentielle surcharge de travail, mais d'autres des opportunités pour les jeunes.

Le 1er janvier 2024, les personnes âgées de 17 ans révolus seront autorisées à conduire dès l'obtention du permis. 

Derrière ce décret, le gouvernement affiche sa volonté de rendre les jeunes des milieux ruraux plus autonomes. Pour les auto-écoles, ce changement divise, notamment en fonction de leur emplacement géographique.

"Ça va être compliqué" 

Fabienne Perier est monitrice à l’école de conduite Evasion à Decize, dans la Nièvre. Dans cette commune de plus de 5 000 habitants, les délais pour passer le permis sont déjà très longs. Mais dès le 1er janvier 2024, ils devraient encore s’allonger.

"On a déjà beaucoup de jeunes qui sont venus s’inscrire en prévision", commente-t-elle. Ce que cette Nivernaise redoute, c’est de se retrouver submergée par ces nouveaux élèves. "Franchement ça va être compliqué cette vague de demandes. Surtout compte tenu de la situation actuelle. On n’a que quatre inspecteurs pour passer le permis sur le secteur."

Si on avait plus d’inspecteurs, ça permettrait déjà de respirer, mais bon pour le moment ce n’est pas le cas.

Fabienne Perier

monitrice d'auto-école à Decize

Si un jeune, qui a déjà le code, souhaite passer le permis dans le secteur, Fabienne Perier assure qu’il faut compter "au moins jusqu’au mois d’avril". Et face à l'argument de donner plus d'indépendance à la campagne, elle ne semble pas convaincue : "Bien sûr, je comprends l’idée pour les jeunes qui sont à la campagne. Mais ici, ils utilisaient le scooter ou beaucoup de voitures sans permis aussi. C’est sûr que sur le papier il n’y a pas photo, ils sont plus en sécurité en voiture que sur le scooter. Surtout en ce moment avec le froid, la pluie et la nuit qui tombe vite. Mais ils pourront rouler plus vite en voiture donc je ne suis pas sûre que cet argument soit si valable que ça."

"J'y vois du pour et du contre"

Stéphane Cretin est directeur des auto-écoles Notre Dame à Dijon. Ce Côte-d'Orien, moniteur depuis 40 ans, se veut plus mesuré quant à l'impact que pourrait avoir l'abaissement de l'âge légal pour conduire."Mais on attend ça avec impatience", confie-t-il avec un sourire qui se devine à travers le combiné. "Forcément, j’y vois du pour et du contre, mais sans avoir vu comment ça allait fonctionner c’est difficile de trancher pour dire que ça va être génial ou raté."

Parmi les contres, la question de la maturité. "17 ans c'est un âge où on est encore complètement un adolescent. Donc si on pense aux garçons par exemple, il y a toujours cet aspect de compétitivité qui peut se traduire par la vitesse sur la route."

En revanche il soutient l'idée première pour les jeunes de campagne : "Pour moi il vaut mieux qu'ils aient le permis plutôt que de prendre le scooter, notamment avec les conditions climatiques. La voiture sans permis ne pose pas de souci en ville, mais en campagne à 45 km/h, les dépassements peuvent être dangereux. Pour eux c'est sûr que niveau indépendance ça représente beaucoup."

Les différences de mentalité

Si les problèmes semblent moins évidents pour l'auto-école dijonnaise, c'est que les environnements sont très différents. Au niveau de la concurrence par exemple. Dans la Cité des Ducs, plusieurs dizaines d'auto-écoles coexistent et se partagent tous les candidats. À Decize, situé à 40 minutes de Nevers, elles ne sont que deux.

Avec plusieurs stations sous sa houlette, Stéphane Cretin ne s'en cache pas : "Les délais sont plus courts parce qu'on est une chaîne. Si quelqu'un vient demain pour me demander une session, je lui en trouve une pour la semaine prochaine." Mais au-delà de ça, ce moniteur chevronné assure qu'il n'y a pas la même manière d'appréhender le permis pour les jeunes de la ville et de la campagne. "Déjà certains jeunes de villages peuvent avoir déjà conduit, que ce soit le tracteur ou sur un chemin de champ. Alors qu'ici, les transports desservent toute l'agglomération. Pourquoi vouloir apprendre à conduire, acheter une voiture, pour au final être bloqué dans les embouteillages et payer le stationnement ? Il y a aussi les motivations écologiques très présentes. Les jeunes de la métropole trouvent juste moins d'intérêt au permis."

De moins en moins de candidats ?

Son raisonnement semble être confirmé par ce constat du ministère de l'Intérieur. En effet, selon le bilan 2022 délivré sur le site securite-routiere.gouv.fr, "1 259 825 nouveaux candidats ont été enregistrés, toutes catégories de permis confondues, au cours de l’année 2022. Soit une baisse de 7% par rapport à l'année 2021". En cause, souvent, la durée des études. Passer le permis avant le bac et les études supérieures devrait donc intéresser plus d'un candidat.

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