Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a confirmé jeudi le recrutement de 1500 greffiers d'ici 2027. Formés à l'École Nationale des Greffes de Dijon, ils sont très attendus par leurs futurs collègues.
L'objectif est clair et chiffré : 10.000 personnes rejoindront le Ministère de la Justice d'ici 2027 pour désengorger les tribunaux. Le Ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti l'a annoncé ce jeudi 5 janvier 2023. Parmi eux, 1 500 greffiers seront formés à l'École Nationale des Greffes de Dijon.
Cette formation, unique en France, accueille trois promotions de près de 300 élèves chaque année. D'une durée de 18 mois, elle commence à Dijon mais se poursuit par un long stage pratique dans les services d'un tribunal.
En 2021, les effectifs de l'école comptaient 2.330 greffiers stagiaires. "A la sortie, chaque greffier est assuré d'avoir un poste. Dès qu'il obtient le concours, chaque étudiant a le statut de fonctionnaire stagiaire" explique Caroline Hurel, elle-même greffière et chargée de communication à l'École Nationale des Greffes. L'école forme aussi 300 directeurs de service de greffes chaque année.
Des recrutements insuffisants
Entre les jeunes diplômés et les départs à la retraite, la profession n'a pourtant gagné que 450 greffiers en 5 ans. "C'est insuffisant. En France, il y a déjà 7% de postes vacants dans les services judiciaires", explique Hervé Bonglet, le secrétaire général de l'UNSA service judiciaire. "L'annonce du recrutement de 1 500 greffiers permettra seulement de combler les postes vacants. Le ministre a aussi annoncé l'embauche de 8 000 personnes hors magistrats ce qui permettra seulement de revenir au standard français de 22 000 personnels de greffe. D'autres pays européens en ont 39 000."
L'École Nationale des Greffes ne sait pas encore si elle sera amenée à augmenter le nombre de places à son concours d'entrée et à mettre en place une quatrième promotion annuelle.
C'est insuffisant. En France, il y a déjà 7% de postes vacants dans les services judiciaires.
Hervé Bonglet, secrétaire général de l'UNSA service judiciaire
Pour fluidifier "une justice trop lente" et "diviser par deux les délais", le ministre a aussi promis de recruter des informaticiens pour simplifier certaines procédures judiciaires et régler les problèmes de certains logiciels. Les bugs informatiques compliquent la vie quotidienne des personnels de greffes : "Ce n'est pas anodin. Cela fait plus de dix ans que certains logiciels dysfonctionnent et créent un risque d'insécurité juridique, jusqu'à des annulations de procédure" explique Hervé Bonglet.
Promesse de revalorisation
"La grosse attente des greffiers, comme du personnel de surveillance, c'est la revalorisation statutaire" explique Estelle Carraud, secrétaire général du syndicat SNEPAP-FSU. "Pour cela, il n'y a pas eu d'annonces précises mais Eric Dupond-Moretti s'est engagé sur un calendrier de négociation."
Les greffiers souhaitent passer catégorie A ce qui permettrait une augmentation de salaire. "Ces négociations seront aussi l'occasion de préciser le rôle et la place essentiels des greffiers auprès des magistrats. Le ministre a indiqué qu'il voulait des équipes étoffées (juristes, secrétaires de greffes, assistants) mais nous craignons qu'il y ait de plus en plus de contractuels et il sera important de valoriser leur formation et leurs compétences. "
L'inscription pour le prochain concours de l'école nationale des Greffes est ouverte jusqu'au 9 janvier 2023.