Toujours “pas d’argent pour l'hôpital, ni la santé en France”: les médecins généralistes déçus par les annonces d’Emmanuel Macron

Le président de la République Emmanuel Macron a présenté ses vœux ce vendredi 6 janvier aux soignants depuis un hôpital de l’Essonne. Il a reconnu l’angoisse et la fatigue des soignants et annoncé quelques leviers pour améliorer la situation du système de santé en souffrance tant dans les hôpitaux que chez les médecins généralistes.

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Benoit Coulon est médecin généraliste dans le Doubs. Ce membre du collectif “Médecins pour demain” a bien écouté les déclarations d’Emmanuel Macron, pour lui le compte n’y est pas. “On n’est pas satisfait. Les médecins généralistes ont été complètement négligés dans ces annonces. Non seulement, les généralistes, mais un peu tous les médecins en général et les infirmières qui tiennent les hôpitaux et la médecine de ville, et qui sont complètement ignorés du système, où il n’y a aucun argent pour investir”.   

Le collectif qui avait appelé à la grève les médecins généralistes à partir du 26 décembre demandait un revalorisation de la consultation de 25 à 50 euros. “On s’était engagés en échange à recruter des assistants médicaux et à prendre en charge les 600.000 personnes en affection longue durée en France”. Tous les patients souffrant d'une maladie chronique et ne disposant pas, à l'heure actuelle, d'un médecin traitant s'en verront proposer un "avant la fin de l'année", a assuré Emmanuel Macron. Pour Benoît Coulon, l’injonction de devoir est difficile à encaisser. “On ne va pas pouvoir suivre", estime-t-il. Il rappelle que les médecins généralistes font en moyenne 51 heures de travail pour les femmes, 54 heures pour les hommes.    

Il déplore des annonces globalement sans “argent pour l'hôpital, ni la médecin libérale, ni pour la santé en France visiblement. C’est un constat terrible, le système de santé est dans le mur, mais ce n’est pas grave, on continue”.

Des remerciements aux soignants et un changement qui va prendre du temps

"Vous continuez de tenir bon et vous suscitez par votre effort l'estime de la nation. Je tenais en son nom à vous remercier ce matin." Le Président Macron a, au début de son discours, remercié les soignants. Il a rappelé que la France est confrontée à plusieurs défis en matière de santé. 6 millions de Français n’ont pas de médecin traitant. Les services d’urgence sont ici et là débordés, saturés. Les soignants sont fatigués après la crise sanitaire, des départs en nombre, des arrêts-maladies et un manque de reconnaissance financière.

Ce qu’il faut retenir des annonces d’Emmanuel Macron

  • Recrutement d’assistants médicaux pour épauler les médecins

Emmanuel Macron a promis d'accélérer le recrutement de ces professionnels institués en 2018, pour porter leur nombre de "près de 4.000" subventionnés par l'assurance-maladie actuellement à "10.000 d'ici la fin de l'année prochaine". Un moyen de libérer "du temps médical" pour le suivi des patients par les médecins.

  • Plus d’infirmières dans les hôpitaux

Soulignant que les places ouvertes aux concours d'infirmiers avaient augmenté de "plus de 20% en trois ans", le chef de l'Etat s'est engagé à "aller encore plus loin". Mais il a exprimé la nécessité de travailler sur l'organisation des études, que trop d'élèves quittent en cours de route, et prôné "un système plus responsabilisant" en sortie de cursus, pour que les infirmières restent à l'hôpital.

  • 35 heures et temps de travail à l'hôpital

Emmanuel Macron a exigé une meilleure organisation du temps de travail dans les hôpitaux "d'ici au 1er juin", en donnant plus d'autonomie à chaque service, pour leur permettre de garder les soignants qui les quittent et de les rendre plus attractifs. Il a déploré une "hyper-rigidité" dans l'application des 35 heures et un système qui "ne marche qu'avec des heures supplémentaires".

Il souhaite voir instaurer un tandem "administratif et médical" à la tête des hôpitaux. Une manière de conférer une place plus importante aux médecins, dont beaucoup critiquent la dérive bureaucratique de la gestion hospitalière.

  • Sortir de la tarification à l’activité

Dès le prochain budget de la Sécurité sociale, le président de la République souhaite la "sortie" de la fameuse T2A, le mode de tarification de l'hôpital public, souvent accusé de pousser à la suractivité avec des effectifs moindres.

"Il faut qu'il y ait une part structurante de la rémunération qui repose sur des objectifs de santé publique qu'on négocie à l'échelle d'un territoire", a-t-il estimé.

  • Des médecins revalorisés pour mieux assurer les soins

Emmanuel Macron veut "mieux rémunérer" les praticiens de ville qui assurent la permanence des soins et "prennent en charge des nouveaux patients", afin que les Français "trouvent facilement un médecin de garde". Une mesure qui devrait être confirmée dans le cadre de la convention liant les libéraux à l'assurance-maladie pour les cinq prochaines années, en cours de renégociation jusqu'à fin février.

  • Libérer la médecine à distance

Répondant à une demande répétée des médecins généralistes, Emmanuel Macron a dit vouloir "continuer à supprimer toutes les tâches inutiles, comme certains certificats".

Il a aussi plaidé pour la libéralisation de la "télé-expertise", en critiquant le seuil de 20% existant. Actuellement, un médecin ne peut réaliser, sur une année civile, plus de 20% de son volume d'activité à distance (téléconsultations et télé-expertises cumulées).

"On va mettre une décennie" pour apporter des changements "en profondeur"

Le président de la République a bien prévenu que les choses prendraient du temps. "On a presque la moitié des médecins aujourd'hui qui ont plus de 60 ans" en France. Il y a aura en 2025 environ 80 000 médecins généralistes en France, ajoutant que les premiers effets de la fin du numerus clausus ne seront pas visibles avant "cinq à huit ans". Trouver une nouvelle organisation qui réponde à la fois aux patients, aux personnels soignants et à la qualité des soins va forcément prendre des mois, des années. "La réponse n'est pas simplement plus de moyens. (...) On ne forme pas des médecins en un an ou deux ans", a déclaré Emmanuel Macron. 

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