Ce mardi 7 novembre 2023, 18 personnes de nationalité roumaine étaient jugées à Dijon pour avoir participé à un vaste trafic de GPS en 2017. Une vingtaine de vols ont été commis sur toute la France pour un préjudice estimé à 1,2 million d'euros.
Ils étaient 18 à être convoqués devant le tribunal correctionnel de Dijon ce mardi 7 novembre 2023. Mais à l'ouverture de l'audience, seuls trois prévenus étaient présents. Trois membres plus ou moins impliqués dans un réseau de trafic de GPS qui a sévi en 2017 partout en France.
Des GPS revendus sur internet
Le mode opératoire était le même. Après avoir repéré des concessions automobiles en journée, les voleurs revenaient la nuit pour casser les vitres des véhicules ciblés (toujours des BMW) avec un tournevis avant de retirer le GPS intégré avec le même outil. Le butin était ensuite envoyé en Roumanie pour être revendu à une somme presque dérisoire sur internet.
Au total, 18 vols ont été recensés entre janvier et mai 2017 pour un préjudice estimé à 1,2 million d'euros. L'un des leaders de ce réseau, Daniel S., la trentaine, était présent devant le tribunal correctionnel de Dijon. Accusé d'avoir commis 15 des 18 vols, il en reconnaît la majorité. La plupart des prévenus reconnaissent d'ailleurs les faits qui leur sont reprochés.
J'ai emprunté à des amis et il fallait que je rembourse tout ce monde. Ça pouvait aller de 500 à 1 000 euros par personne.
Daniel S.L'un des prévenus
"Je suis arrivé en France en 2017. En Roumanie, j'avais beaucoup de dettes parce que j'étais addict aux jeux. J'ai emprunté à des amis et il fallait que je rembourse tout ce monde. Ça pouvait aller de 500 à 1 000 euros par personne. Je sais très bien que ce n'est pas une excuse", se justifie-t-il devant la juge. L'homme explique aussi avoir utilisé cet argent pour pouvoir continuer à jouer.
"Je n'ai pas trouvé de travail ici, alors j'ai commencé à voler. Ensuite, le colis était envoyé le jour même, voire le lendemain." Sa compagne, également présente à l'audience car accusée de recel, se chargeait de réceptionner le colis en Roumanie.
Tous les prévenus venaient de la même ville
Une longue instruction a permis de mettre la main sur ce réseau de trafic de GPS. L'enquête, confiée à la section de recherches de la gendarmerie de Dijon en mai 2017, a permis de se rendre compte que tous les membres du réseau étaient originaires de la petite ville d'Oltenița, à la frontière avec la Bulgarie.
"Ce n'est pas pour autant qu'on se connaissait avant tout ça", assure Daniel S. avant de se contredire quelques minutes plus tard en affirmant l'inverse. L'un des autres prévenus présents, Adrian O., est d'ailleurs un ami d'enfance, embauché en tant que chauffeur sur trois vols commis en Bretagne, en l'échange de quelques centaines d'euros pour le service rendu.
"On est arrivé en France pour travailler. Après, tout s'est enchaîné...", justifie-t-il par l'intermédiaire d'une traductrice. L'homme a du mal à avouer que c'est son ami qui l'a embrigadé dans cette entreprise. Alors que son ami crache son nom, Daniel S. ne sait pas où regarder.
On s'est disputé quand j'ai compris que c'était des objets volés.
Nicoleta T.
Troisième prévenue présente au procès, la compagne de Daniel S., Nicoleta T. Elle reconnaît avoir réceptionné une vingtaine de colis. "Au début, il me disait de ne pas toucher à ce qu'il y avait dedans. Après, on s'est disputé quand j'ai compris que c'était des objets volés. Mais j'ai continué à le faire parce que je l'aime et parce que nous avons un enfant", explique-t-elle. Interpellée en novembre 2017, elle a passé quatre mois et demi en détention provisoire.
Les deux autres prévenus présents ont également passé du temps en prison. Daniel S. avait déjà été condamné à du ferme pendant un an en Espagne avant de passer autant de temps en détention provisoire entre 2019 et 2020 dans cette affaire de GPS, tout comme Adrian O. Il est depuis placé sous contrôle judiciaire à Montpellier avec interdiction de quitter le territoire français.
Des réquisitions allant de six mois à trois ans de prison
"Aujourd'hui, je suis une autre personne. J'ai trouvé un travail et j'ai remboursé toutes mes dettes. Avec la prison, j'ai arrêté de jouer", indique-t-il avant de transmettre des contrats de travail et des justificatifs de domicile pour faire preuve de sa réinsertion. "Je regrette beaucoup les faits. Sur le moment, je ne prenais pas conscience de ce que je faisais", embraye Adrian O.
Selon l'implication de chacun des prévenus (certains n'étant impliqués que sur un seul vol), le parquet a requis entre six mois et trois ans de prison pour les deux commanditaires du réseau. Dans l'après midi, le tribunal a rendu son jugement : Daniel S. est condamné à quatre ans de prison dont trois avec sursis et sa compagne écope d'un an de prison ferme. Adrian O. est lui condamné à neuf mois de prison. Les autres peines vont de la relaxe à de la prison ferme.