Révélée par la crise sanitaire, la précarité étudiante reste une réalité près de trois ans plus tard. Sur le campus de Dijon (Côte-d'Or), les bénévoles se mobilisent par dizaines pour aider les plus démunis.
Ils sont près de 80 chaque lundi à se presser devant les portes de l'épicerie solidaire d'Épi'Campus. Basée sur le campus de Dijon (Côte-d'Or), l'association s'est donnée pour mission d'aider les étudiants les plus précaires en leur distribuant des produits alimentaires. "La situation aujourd'hui est très grave", note Lina El Ouadghiri, sa présidente. "Le covid est passé par là et a fait beaucoup de ravages."
Si la précarité étudiante n'est pas un phénomène nouveau, c'est bel et bien la crise sanitaire qui l'a révélée au grand jour et, pire, aggravée. Pour cause, sur l'année scolaire 2019-2020, avant le premier confinement, l'association accueillait une cinquantaine d'étudiants... contre plus de 700 l'année suivante. Et depuis la rentrée de septembre 2022, ce sont toujours plus de 500 personnes qui font appel à cette aide.
Il faut que les gens se rendent compte du côté dramatique de la précarité étudiante.
Lina El Ouadghiri,présidente d'Épi'Campus
Un "centre solidarité" à l'université de Bourgogne pour aider les plus précaires
Pour aider les étudiants dans le besoin, l'université de Bourgogne (uB) a lancé en mai 2021 une "commission solidarité". Une initiative qui a abouti en la création d'un centre d'accueil dédié, dont les portes se sont ouvertes en septembre dernier. "De cette façon, les étudiants peuvent savoir qu'on a une permanence ouverte chaque jour de la semaine qui peut les accueillir, comprendre leurs difficultés et les orienter selon leurs besoins", explique Vanessa Vaizant, chargée de la mission Solidarité à l'uB.
Aides au logement et administratives, accompagnement pour se nourrir et se soigner, recherche d'emplois... Derrière cette mobilisation, un cheval de bataille : permettre aux étudiants de poursuivre leur cursus dans de bonnes conditions. "S'ils n'ont pas de toit et ne peuvent pas se nourrir, ils ne pourront pas obtenir leur diplôme", souligne Vanessa Vaizant. Un combat qui porte ses fruits : sur 110 étudiants suivis l'an dernier, seulement deux n'ont pas décrocher le précieux sésame.
Notre priorité, c'est que les étudiants aient un toit pour dormir.
Vanessa Vaizant,chargée de la mission Solidarité à l'université de Bourgogne
Pourtant, malgré ces efforts, la situation se dégrade. Si 34 étudiants extrêmement précaires ont été relogés en 2021, les problèmes de logement vont "crescendo". "Cette année, on en a déjà sorti 70 de la rue en deux mois et demi. C'est énorme."
Logements supplémentaires et réhabilitation énergétique
Il faut dire qu'avec 7 000 logements pour 25 000 étudiants boursiers, le Crous Bourgogne-Franche-Comté (BFC) est loin de disposer d'une capacité d'accueil suffisante. Une nouvelle résidence de 200 logements devrait voir le jour en 2027... mais d'ici là, l'établissement doit trouver des solutions alternatives.
"Nous travaillons avec Dijon Métropole et l'État pour essayer d'identifier des logements qui pourraient être pris dans le cadre d'un bail social, afin d'offrir du logement étudiant à coût modéré", détaille Christine Le Noan, directrice générale du Crous BFC. "On entame aussi des travaux de réhabilitation énergétique pour offrir un confort énergétique aux étudiants."
Face à la précarité persistante, le Crous prolonge également les repas à un euro pour les étudiants boursiers. Mardi 22 novembre, le ministre des Solidarités Jean-Christophe Combe a annoncé débloquer "en urgence" 10 millions d'euros pour l'aide alimentaire aux étudiants.