Des élèves ont bloqué leur lycée ce matin, mardi 3 décembre, à Brochon près de Dijon. Ils dénoncent les agissements supposés d'un de leurs professeurs, arrêté pour détention et diffusion d'images pédopornographiques. Interrogés, beaucoup se disent "choqués" et "très énervés"
► MISE À JOUR 15h : Ajout des témoignages des lycéens.
"Un prédateur n'a pas sa place devant un tableau", "Un de démasqué, combien de cachés ! Protégeons les enfants", est-il écrit sur des affiches, accrochées aux grilles du lycée Stéphen-Liégeard de Brochon ce mardi 3 décembre.
Depuis 8 heures matin, environ 150 lycéens bloquent l'établissement, en réaction à cette information révélée la veille par BFMTV et confirmée par le parquet de Dijon : l'arrestation d'un professeur, mis en cause pour détention et diffusion de 100 000 images pédopornographiques. Une manifestation encadrée par les équipes de sécurité du lycée, ainsi que par des gendarmes appelés en renfort.
"Il faisait des blagues un peu limite mais on trouvait ça drôle"
Interrogés par France 3, les élèves se disent "en colère", "choqués", "très énervés". "Je trouve ça dégueulasse, j'ai vraiment pas les mots pour ça", lâche un jeune homme. Une lycéenne renchérit : "Moi, je l'ai eu comme prof et c'est juste choquant de me dire qu'il a fait ça." Justine, en terminale : "Ça nous touche tous parce qu'on était tous les jours au contact de cet homme, c'est un petit lycée, tout le monde se connaît."
Qui était cet enseignant, comment était-il perçu de ses élèves ? À notre micro, tous les lycéens en dressent peu ou prou le même portrait. "Il était connu pour être détendu, très sympa, bon prof", nous expliquent plusieurs jeunes.
Il était gentil, même s'il faisait des blagues un peu limite. Mais nous, on trouvait ça "drôle"
"Il était gentil, même s'il faisait des blagues un peu limite. Mais nous, on trouvait ça "drôle", entre guillemets", nous confie une de ses anciennes élèves. "Il nous avait dit par exemple : 'Vous avez pas des mères célibataires à me présenter ?' Mais on prenait ça à la rigolade." Elle assure : "En soi, il était drôle, moi je n'ai jamais été mal à l'aise."
Des blagues qui résonnent aujourd'hui bien différemment auprès des lycéens. L'une d'elles raconte : "Il nous demandait de l'appeler 'tonton'. Je me disais que c'était un professeur rigolo, qui voulait créer du lien avec ses élèves. Maintenant, on se rend compte que ce n'était pas forcément une blague." Blanche, en terminale, analyse : "Jusqu'à hier soir, ça n'avait pas cet aspect malsain... On rigolait bien avec lui, mais on se rend compte que sa personnalité était très sombre, en fait."
100 000 fichiers pédopornographiques
C., enseignant de physique-chimie au lycée de Brochon, a été arrêté jeudi 28 novembre à son domicile après avoir été repéré par les enquêteurs numériques de la police. Ces derniers ont découvert 100 000 photos et vidéos pédopornographiques dans son ordinateur. "Ce sont des enfants de 3 à 15 ans, c'est très moche", commente un enquêteur.
Selon une source proche de l'enquête, la police "continue d'extraire ces fichiers pour voir si cet homme fait partie d'un réseau plus étendu". Les investigations sont confiées à la DCOS (Division de la criminalité organisée et spécialisée), nouveau nom de la police judiciaire.
C., qui n'a aucun antécédent judiciaire, sera jugé le 20 janvier prochain pour "détention et diffusion" d'images pédopornographiques.
Le rectorat réagit
Le rectorat de l'académie de Dijon a réagi, peu avant 11 heures du matin, à travers un communiqué. La rectrice indique avoir "suspendu vendredi 29 novembre" cet enseignant. Elle précise avoir mis en place, à partir du lundi 2 décembre, "une cellule de veille et de soutien au chef d'établissement et à ses équipes, afin de protéger et de rassurer les élèves".
► Avec Rodolphe Augier et Guillaume Robin