Jeudi 19 janvier, l’université de Bourgogne a organisé un job dating au Multiplex de Dijon (Côte d’or). En partenariat avec une agence de recrutement, la fac veut mettre en relation des entreprises et des étudiants. Un événement marqué par la précarité croissante partout en France.
Rania a 25 ans. Sous son bras, une pochette en plastique format A4 remplie de CV. “J’en ai déjà déposé cinq ou six depuis ce matin”. Cette étudiante en première année de master d’histoire de l'art est de nationalité algérienne. Arrivée en France fin août 2022, elle arpente les allées du Multiplex de Dijon (Côte d’Or) à la recherche d’un emploi.
“J’ai vraiment besoin d’un travail parce que je n’ai pas de bourse ni de revenus”, explique la jeune femme. Lors de son installation à Dijon juste avant la rentrée universitaire, Rania a trouvé une chambre de 9m2 située sur le campus de l’Université de Bourgogne. “Je paie 265 euros de loyer tous les mois et il faut aussi que je finance mes études. Je cherche dans n’importe quel secteur”, précise-t-elle.
Même son de cloche pour Noah, étudiant en commerce. Après avoir multiplié les emplois saisonniers dans l'hôtellerie, la vente, ou encore la manutention, il cherche activement un contrat en alternance. “Je veux mettre des sous de côté, me payer mes affaires moi-même, me faire plaisir de temps en temps. Je cherche partout et j’accepte tout ce qu’on me propose”.
Des postes à pourvoir dans toute la Bourgogne
Rania et Noah font partie des 250 personnes inscrites pour participer au job dating organisé jeudi 19 janvier à l’université de Bourgogne. Un nombre plutôt stable déjà enregistré lors des précédentes opérations organisées sur le campus, indique l’université.
Pour la première fois, une agence spécialisée en ressources humaines est associée à l'initiative. “Nous avons une centaine de postes à pourvoir aujourd’hui tous secteurs confondus et dans toute la région”, annonce Virginie Chaillard, directrice de My expertise RH. Parmi lesquels des stages, des contrats courts, des emplois saisonniers en tant qu’aide-soignant, comptable, psychologue à Dijon, Bourg-en-Bresse ou encore Besançon.
On ne va jamais demander aux étudiants en difficulté financière d’arrêter la fac pour aller travailler
Vanessa Vaizant, chargée de mission solidarité et handicap à l’université de Bourgogne
Les entreprises participant à ce salon ont été choisies par l’Université de Bourgogne afin de renforcer l’insertion professionnelle des futurs diplômés. “On essaie vraiment de cibler les emplois que l’on propose aux étudiants qui sont en fin de cursus. Ceux qui sont encore en études peuvent trouver des contrats à l’année et bénéficier d’horaires aménagés voire de décharge au niveau des cours”, fait savoir Amélie Guittet, responsable des relations avec les entreprises à l’université de Bourgogne.
Lutter contre la précarité étudiante
Ce salon permet aussi à l’université de Bourgogne de mieux faire connaître les dispositifs existants pour venir en aide aux étudiants en situation de précarité. Vanessa Vaizant, chargée de mission solidarité et handicap assure que “la meilleure façon de devenir autonome et indépendant c’est de trouver un travail”. Mais attention : “on ne va jamais demander aux étudiants en difficulté financière d’arrêter la fac pour aller travailler. Ni d’aller s’endetter pour continuer à faire des études”, se défend la responsable.
Début décembre, la commission solidarité de l’université de Bourgogne (CSE) a inauguré un centre d’entraide pour les étudiants en situation de précarité. Cette année, 192 inscrits à l’université sont suivis par le service. 40 d’entre eux ont déjà pu trouver un emploi étudiant, indique Vanessa Vaizant. “On n’est pas dans l’assistanat. On veut les accompagner au maximum. On tient à s’assurer que tous les employeurs jouent le jeu et qu’il n’y a pas d’exploitation”.
Le job dating, ce n’est pas suffisant
Lissandre Baron, adhérent au syndicat UNEF-Bourgogne
“Ce n’est pas avec des job dating que l’on va lutter contre la précarité étudiante”, assure de son côté Lissandre Baron, adhérent au syndicat UNEF-Bourgogne. “On est face à une précarité étudiante de plus en plus grave, de plus en plus importante partout en France. Les étudiants en précarité se retrouvent obligés de travailler depuis la suppression des APL (aide personnalisée au logement) et le gel des bourses universitaires malgré l’inflation”, fustige le militant. “On attend des mesures plus concrètes pour sortir les étudiants de la précarité. Le job dating, ce n’est pas suffisant”, achève Lissandre Baron.