Ce rapport basé sur des fiches statistiques renseignées en 2017 lors des rencontres avec les personnes que l’association accueille, permet de prendre la mesure des facteurs de la pauvreté et de voir les évolutions des situations en Bourgogne et en France.
Voici quelques-uns des constats du rapport du Secours Catholique sur l’état de la pauvreté en France publié jeudi 8 novembre 2018 :
- Un niveau de vie médian de 682 euros par mois en Bourgogne (540 euros en France).
- Un tiers des ménages dans un logement instable ou à la rue.
- Plus de 47% des ménages accueillis en Bourgogne (50% en France) sont des familles avec enfants.
- 2 chômeurs sur 3 ne perçoivent aucune indemnité.
- Une précarisation en hausse des plus âgés.
- Des étrangers sans aucune ressource.
- Un taux de non recours au RSA et aux allocations familiales alarmant.
Les plus touchés par la pauvreté : les femmes jeunes qui élèvent seules leurs enfants, les femmes âgées, les familles nombreuses.
Grâce à son ancrage territorial et à l’engagement de ses bénévoles, l’association est bien placée pour dessiner une carte de la pauvreté dans notre pays. En premier lieu, le Secours Catholique voit arriver de plus en plus de femmes. Parmi elles, beaucoup de femmes jeunes avec enfants,de nationalité française, mais aussi des femmes vieillissantes qui vivent sous le taux de pauvreté. Des chiffres, en Bourgogne : près de 3 sur 5 ont moins de 40 ans et 30% sont des mères isolées.
Les moins de 20 ans sont également très nombreux, sur-représentés (la proportion est près de deux fois plus élevée que dans la population générale) et la très grande majorité cohabite avec leurs parents.
Le Secours Populaire précise que l’extrême pauvreté touche des familles entières, dont les enfants sont en moyenne plus nombreux et plus jeunes que dans la population générale. Plus de la moitié des enfants au sein des familles rencontrées ont moins de 10 ans.
De plus en plus de personnes âgées
Plus on avance en âge, plus y a de monde au Secours Catholique : un tiers sont des hommes et des femmes de nationalité française de plus de 50 ans. Le nombre des plus de 60 ans tend à augmenter ces dernières années.a précarité touche particulièrement ceux qui vivent seuls après que les enfants sont partis : 80% des personnes de plus de 60 ans rencontrées sont des hommes et femmes seuls ou des couples sans enfant. Leurs maigres pensions de retraite ou la faiblesse du minimum vieillesse pour ceux n’ayant pas accumulé de droits (notamment les femmes au foyer) ne suffisent plus à couvrir un coût de la vie croissant.
Des familles étrangères en situation d’extrême précarité
35% des personnes rencontrées en Bourgogne sont de nationalité étrangère (+ 3 points par rapport à 2016). Ces chiffres révèlent l’extrême vulnérabilité des étrangers et ce d’autant plus que leur statut légal précaire ne leur permet pas de travailler.Plus de la moitié d’entre eux (56%) n’ont pas de statut légal stable, en attente de régularisation, conséquence directe des politiques restrictives d'accueil des étrangers en France et en Europe.
Une situation face à l’emploi très dégradée
La vulnérabilité des actifs aux situations d’extrême pauvreté s’est accrue, et ce qu’ils soient chômeurs ou en emploi. Les chômeurs demeurent de loin la catégorie active la plus vulnérable : leur proportion dans les accueils est près de 8 fois plus élevée que dans la population générale.La fragilité croissante des chômeurs au Secours Catholique s’explique par le fait que le plus souvent ce sont des seniors peu qualifiés et au chômage depuis plus de deux ans et demi en moyenne en 2017, soit une augmentation de près d’une année depuis 2010. Près de 60% d’entre eux sont en chômage de longue durée (au moins 1 an) et près de 40% (43% en Bourgogne) en chômage de très longue durée (au moins deux ans), contre des proportions de respectivement 45% et 23% dans la population générale.
Au Secours Catholique 2 chômeurs rencontrés sur 3 ne perçoivent aucune indemnité (ils sont arrivés en fin de droits ou n’en ont tout simplement pas ouverts). Avec le RSA leur niveau de vie mensuel est d'environ 500 euros incluant d’autres éventuelles prestations sociales, c’est à dire moins de la moitié du seuil de pauvreté (à 60%).
La perception d’indemnités peut parfois rehausser leur niveau de vie de près de 200 euros, mais c'est insuffisant pour les protéger de la pauvreté monétaire. Ces indemnités diminuent rapidement à mesure que la durée de chômage s’allonge. La situation des chômeurs accueillis semble ainsi s’installer durablement et ils entrent alors progressivement dans le « halo du chômage » (chômeurs découragés) et dans des situations d’inactivité subies qui traduisent un manque de perspectives et un éloignement parfois définitif du marché de l’emploi stable.
Un niveau de vie médian de 540 euros
C'est le budget moyen des ménages accueillis au Secours Catholique et il tend à diminuer. En 2017, 9 ménages sur 10 accueillis au Secours Catholique vivaient sous le seuil de pauvreté à 60%, et près de deux ménages sur trois étaient en situation d’extrême pauvreté (seuil à 40%).Il s'agit souvent de ménages sans enfants âgés de plus de 65 ans et majoritairement de nationalité française. Qu’ils aient un emploi ou qu'ils soient retraités, leurs faibles ressources ne les protègent pas de la pauvreté liée aux dépenses trop lourdes auxquelles ils font face.
Des difficultés à payer un loyer
Malgré une stabilité des loyers entre 2010 et 2017 (légère diminution dans le parc privé et augmentation dans le parc social) et une légère augmentation des aides personnelles au logement (4 euros en 7 ans), la part du loyer à payer dans les dépenses totales des ménages reste trop lourde. La baisse des APL de 5 euros, entrée en vigueur en septembre 2017, risque de fragiliser un peu plus le budget des ménages.
Plus d’un ménage sur deux en situation d’impayés
Ce sont les dépenses liées au logement qui génèrent le plus d’impayés : 42% des ménages accueillis au Secours Catholique ont des impayés de loyer et des impayés d’énergie.Pas d'allocations familiales
Les statistiques pour les ménages reçus au Secours Catholique montrent que parmi les ménages en situation régulière et ayant la charge d’au moins deux enfants de moins de 18 ans, un quart ne perçoit pas d’allocations familiales en 2017, contre 18% en 2010.Un ménage éligible sur trois accueilli au Secours Catholique, et donc en situation de précarité ne bénéficie pas d’une aide financière importante à laquelle il aurait droit.
Pas de RSA
Cette situation concerne en majorité les pères seuls, suivis des couples avec enfants, et des hommes seuls. Dans le premier cas, le non recours pourrait provenir de la désaffiliation des pères à la CAF en cas de séparations, conséquence du choix plus fréquent des mères pour le versement des allocations familiales lorsque la garde des enfants est alternée entre les deux parents.Loin de l’idée reçue selon laquelle les aides et le RSA en particulier constituerait une trappe à inactivité, les résultats indiquent que parmi les ménages accueillis au Secours Catholique, le non recours est plus répandu chez les inactifs que parmi ceux en recherche d’emploi. En effet, si l’hypothèse d’une trappe à inactivité s’avérait exacte, c’est le contraire que nous observerions.