Le service d’addictologie du CHU de Dijon lance depuis le 16 avril, un appel aux volontaires. Objectif : participer à un protocole de recherche pour un sevrage par stimulation électrique du cerveau. Une nécessité, alors que le confinement a favorisé les addictions.
Thierry Marchandiau participe depuis septembre à un protocole de recherche au CHU de Dijon. Il vise à expérimenter de nouvelles techniques pour lutter contre les addictions grâce à des stimulations crâniennes.
Ce patient de 52 ans est un "gros fumeur". Il peut fumer près de 30 cigarettes par jour. Il a donc décidé de mettre un terme à cette dépendance qui le touche depuis 35 ans. "Le processus me convient. En plus, il y a un engagement, un protocole, un accord entre le CHU et moi-même. J’y tiens énormément. On me fait confiance, je leur fais confiance. C’est un engagement et j’irais au bout de la démarche".
Comment fonctionnent la stimulation crânienne ?
L’hôpital dijonnais met en place deux techniques de sevrage : la Stimulation magnétique transcrânienne répétée (SMTr) et la Stimulation transcrânienne à courant continu (STCC). Ces deux techniques consistent à modifier la sensibilité de certaines régions cérébrales grâce à un courant électrique de faible intensité.
"Le traitement a pour objectif de faire une neuromodulation, explique le professeur Benoit Trojak, chef du service addictologie. Avec un courant électrique de faible intensité, on va pouvoir modifier la sensibilité de certaines zones cérébrales. L'objectif principal est de réduire l’envie, le besoin pressant de consommer” poursuit Benoit Trojak.
Pour vérifier l’efficacité de la technique, une partie des patients est traitée sous effet placebo.
Une cinquantaine de patients participe à cette étude
Ces expérimentations menées en alcoologie et en tabacologie sont également réalisables sur d’autres addictions comme les drogues de synthèses ou les jeux en ligne. À ce jour, une cinquantaine de patients volontaires participe à l'étude pendant au moins six mois.
Les besoins sont là. Selon une étude BVA-Addictions menée par l’Association Addictions France, l'isolement dû au confinement a des conséquences sur notre santé. Un patient sur trois aurait augmenté sa consommation de tabac depuis le début de la crise sanitaire.
C’est Mathilde Corvé, infirmière du service addictologie au CHU de Dijon qui prend en charge les patients comme Thierry. "On a défini une zone que l'on va stimuler. Par exemple, on va stimuler à droite pour l’addiction qui nous concerne. Cela va diminuer l’envie. Cela va inhiber cette zone du cerveau qui est responsable des envies de consommer. En l'anesthésiant, le patient aura moins d’envies.”
Un traitement plus souple des addictions
Autre avantage de la technique, sa facilité d’utilisation. Les séances durent 10 minutes et sont sans danger ni prémédication selon le service d’addictologie de l'hôpital. A peine "de légers picotements" selon le professeur Trojak. Le patient est équipé d’un casque en néoprène sur lequel sont clipsées des électrodes imbibées d’eau. Ces outils sont reliés à un ordinateur qui envoie les impulsions. Ces expérimentations se font en ambulatoire et ne nécessitent pas d’hospitalisation.
Pour poursuivre ses recherches, le CHU a besoin de nouveaux patients volontaires.140 patients sont encore attendus. Si les résultats sont bons, le CHU de Dijon étendra l’expérimentation à d’autres types d'addictions comme les drogues douces dont le cannabis.
Les personnes qui souhaitent participer à cette expérimentation peuvent contacter le service d’addictologie du CHU de Dijon au 03 80 29 37 69 ou bien adresser un mail à coralie.allard@chu-dijon.fr