TEMOIGNAGES. Le coronavirus a changé la vie des dentistes : "On manque de matériel et c’est très stressant"

La crise du coronavirus covid-19 impose des mesures sanitaires strictes dans les cabinets dentaires. Mais, "on a de gros problèmes pour trouver du matériel. Masques, blouses, gants… On est à flux tendu et ça va être problématique si on ne trouve pas de solution", préviennent les dentistes.
 

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Des dentistes "en galère" 


"De tous temps, les chirurgiens-dentistes ont été habitués à utiliser des procédures d’hygiène et de décontamination pointues. On a vécu la période du VIH, par exemple, donc on est rodé à ça. On est parfaitement en mesure de gérer la situation, mais pour cela il nous faut du matériel. Or, on est en permanence en limite de rupture et c’est très stressant", explique Jean-François Largy, le président du conseil de l’ordre des chirurgiens-dentistes de Côte-d’Or.

Il a reçu plusieurs messages de confrères faisant part de leurs difficultés à trouver le matériel nécessaire pour assurer la sécurité des patients, des dentistes et de leur personnel.
"Il faut qu’on ait les moyens de se protéger et de protéger tout le monde, sinon on ne pourra plus travailler", dit Jean-François Largy.
 
"Quand l’épidémie de covid-19 est arrivée, on a donné beaucoup de choses aux hôpitaux, ainsi qu’à ceux qui assuraient les gardes pour les urgences. Le paradoxe, c’est que depuis qu’on a repris le 11 mai, je n’ai plus rien", témoigne un autre praticien de Bourgogne. "Actuellement, je suis sur mes stocks et je n’ai pas grand-chose. Pour les blouses par exemple, j’ai passé commande à mes fournisseurs, mais je n’aurai rien avant le 1er septembre. Du coup, je suis en galère. Je suis obligé de laver les quelques blouses que j’ai et de les remettre".  
 

 

"On ne peut pas fabriquer nos masques nous-mêmes"


Quand les cabinets ont commencé à rouvrir le 11 mai après deux mois de confinement, le ministère de la Santé avait promis d’attribuer 24 masques FFP2 par praticien et par semaine.
Or, au bout de quelques jours seulement, des difficultés d’approvisionnement commencent déjà à apparaître.

"Les masques ont été au rendez-vous la première semaine. Mais, il semble qu’il y ait déjà des difficultés sur la deuxième semaine. Du coup, je n’ose pas imaginer sur la troisième semaine, la quatrième, etc. Il y a un problème de suivi, d’approvisionnement. Ca va être problématique si on ne trouve pas de solution", estime le président du conseil de l’ordre des chirurgiens-dentistes de Côte-d’Or.
 

Il y a sans doute un peu de réserve chez les uns et les autres, mais cela ne va pas durer. Les procédures, on y arrivera. Mais, pour le matériel, on ne peut pas fabriquer nos masques nous-mêmes - Jean-François Largy


Les dentistes sont d’autant plus amers que le coronavirus covid-19, qui est potentiellement mortel, impose des protocoles beaucoup plus longs en matière d’hygiène et de décontamination.
Il faut non seulement du matériel supplémentaire, mais aussi aérer le cabinet pendant un quart d’heure après chaque patient.

"Désormais, il faut environ une heure par rendez-vous. Donc, sur une journée de travail, cela fait beaucoup moins de patients et il y aura des retentissements sur les chiffres d’affaires. Pour certains dentistes, cela entraînera des problèmes. C’est pourquoi les organisations syndicales et professionnelles tentent de trouver un arrangement avec le ministère de la Santé et la caisse d’assurance maladie pour des aides, des prêts bancaires, des accompagnements. Le problème est en cours d’évaluation."

 

 

Les délais de rendez-vous vont devenir beaucoup plus longs


En attendant, les répercussions se font déjà sentir pour la patientèle : les délais de rendez-vous sont beaucoup plus longs, par exemple.

"J’ai dû reporter de nombreux patients. Mon carnet de rendez-vous est déjà plein jusqu’à fin septembre", indique un praticien de Côte-d’Or qui se dit inquiet. "On est une profession où on ne peut pas dire aux gens d’attendre, ce n’est pas possible avec une rage de dent… Sans compter qu’à force de repousser des soins, les problèmes de certains patients vont s’aggraver et on va se retrouver avec beaucoup de cas à traiter en urgence. A mon avis, c’est plus qu’alarmant. Cela va devenir un vrai problème de santé publique."
 
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