Jean-Charles Gibaud et Ilker Caliskan ont publié au printemps 2023 une bande-dessinée sur les maquis dans le Morvan pendant la Seconde Guerre mondiale. À l'occasion de la fête du livre de Saulieu (Côte-d'Or), ce 29 octobre, ils ont expliqué à France 3 Bourgogne pourquoi il est important d'évoquer cette thématique.
"Il y a tout : de l'amour, de la haine, de la loyauté, de la trahison, de la joie, de la tristesse... tout ce qu'il faut pour faire une histoire." Cette histoire, celle avec un grand H, c'est celle que Jean-Charles Gibaud et Ilker Caliskan ont décidé de raconter dans leur bande-dessinée "Jeunesses au maquis - résistance en Morvan" (ARORM), parue en mai 2023.
L'ouvrage, qui s'inspire de personnages réels et de faits historiques, a été mis à l'honneur lors de la foire des livres de Saulieu (Côte-d'Or) ce dimanche 29 octobre - événement dont le thème était, justement, la résistance. À France 3 Bourgogne, les auteurs, tous deux professeurs, ont expliqué pourquoi il est toujours essentiel de parler ce ce sujet.
Pourquoi avoir décidé de créer une bande-dessinée sur la résistance ?
Jean-Charles Gibaud : La résistance, c’est une thématique qui nous tient à cœur depuis de nombreuses années. On a commencé plutôt sur l’histoire antique, mais l’idée de traiter de la résistance, particulièrement dans le Morvan, c’était un choix volontaire. C'est aussi en lien avec mon activité car je travaille au musée de la résistance de Saint-Brisson. On avait envie, pour les 40 ans du musée, de sortir une bande-dessinée pour un public plus jeune, et remettre en lumière la mémoire de la résistance et des maquis du Morvan.
Ilker Caliskan : Le hasard a fait que j’ai été muté à Avallon en tant que prof. Petit à petit je me suis éloigné de la ville, et finalement, je me suis retrouvé au milieu d’un village, Marigny-l’Église, qui se trouve au milieu de plusieurs maquis.
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Et avant même d’arriver là, j’avais fait beaucoup de balades dans le Morvan, où on voyait toutes les stèles, les plaques commémoratives… évidemment, ça donne des idées. En discutant avec les gens du coin j’ai vu que c’était une histoire qui était encore vive dans le secteur.
Est-ce que vous parlez de ce sujet à vos élèves ?
I. C. : En tant que prof d’anglais, je suis obligé de rester dans les thèmes des civilisations anglophones. Mais notre dialogue ne se limite pas à ça. On est un petit collège ; on connaît tous les élèves, on discute souvent entre les cours et comme ils savent qu’on a écrit ce livre, ils viennent naturellement nous poser des questions. On en parle assez librement.
"Souvent, en questionnant parents et grands-parents, ils retrouvent une histoire assez importante dans leur famille."
Jean-Charles Gibaud,co-auteur de la bande-dessinée
J.-C. G. : Les lycéens connaissent beaucoup les figures de la résistance, Jean Moulin, Charles De Gaulle... donc on essaie de se pencher sur ça, et ils découvrent ensuite qu’il y a une histoire assez riche et un patrimoine assez important au niveau de la résistance. Et souvent en questionnant parents et grands-parents, ils retrouvent une histoire assez importante dans leur famille.
I. C. : Dans toutes les familles, il y a toujours quelqu’un qui a connu cette époque. Ce sont des histoires qui se transmettent, mais il n’y a pas la vision globale des choses. Il faut leur expliquer les détails de l’histoire, parce qu’ils ne savent pas forcément ce qui s’est passé dans leur région.
Est-ce que c'est essentiel de parler de résistance en 2023 ?
J.-C. G. : Plus que jamais. L’actualité nous rattrape et nous prouve que ce sont des sujets qui méritent d’être traités et mis en avant. On essaie en tant que parents, citoyens, profs… d’aborder ces questions et de lutter contre toutes formes d’obscurantisme à travers ces valeurs de résistance.
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Il faut sans cesse se rappeler ce qu’il s’est passé, de nos luttes précédentes, pour évoquer justement cette actualité assez sombre. Ce qu'il s’est produit ici pendant la Seconde Guerre mondiale se poursuit aujourd’hui. Il est important de se remémorer tout ça.
"Il est urgent de rappeler aux gens que plutôt parler de la guerre, il faut parler de paix, de liberté, et de conserver notre République et nos droits."
Ilker Caliskan,co-auteur de la bande-dessinée
I. C. : On voit le contexte mondial. Malheureusement, j’entends de plus en plus les mots de Troisième Guerre mondiale, et tout de suite ça crée cette même angoisse, j’imagine, que celle que ces gens ont vécue. Il est urgent de rappeler aux gens que plutôt parler de la guerre, il faut parler de paix, de liberté, et de conserver notre République et nos droits. Ce mot de liberté m’est très cher, aujourd’hui plus que jamais.