Face à une demande en hausse, les vins de Bourgogne victimes de leur succès

Alors que les vendanges 2023 vont bientôt commencer, les viticulteurs bourguignons ont de plus en plus de mal à satisfaire la demande nationale et internationale, en hausse constante ces dernières années. Et le prix suit le même chemin. Pas aidés par le réchauffement climatique, les vignerons espèrent une année faste pour se remettre à l'endroit.

Une cave tout de pierres vêtue de la fin du XIXème siècle. En son sein des dizaines de tonneaux cerclés de bois. Mais au grand dam de Laurent Lignier, ces derniers sont complètement vides ou presque. Comme bon nombre de ses confrères en Bourgogne, il ne parvient plus à assumer la demande toujours plus importante de millésimes locaux. En cause, de précédentes récoltes trop faibles pour tenir sur la durée. Si le climat joue un rôle prépondérant dans la situation, il n'en est pas seul responsable pour autant. Tous croisent les doigts pour que les vendanges de cette année viennent rééquilibrer la balance. 

Les vignes face au changement climatique 

Ce manque profond dans les cuves, les vignerons l'avaient sans doute déjà anticipé. Après la sécheresse de 2019 et une récolte bien trop limitée l'année suivante, le coup de grâce arrive en 2021. Suite à un épisode de gel particulièrement virulent dans le courant du mois d'avril, les vignobles de la Côte de Nuits, pour ne citer qu'eux, enregistrent près de 50% de pertes : "les gels de début de printemps sont assez habituels. Seulement, avec le réchauffement climatique, les hivers sont très chauds et très doux avec peu de gel. Les vignes poussent donc beaucoup plus tôt et sont bien plus sensibles après" explique Laurent Lignier, exploitant du domaine Hubert Lignier à Morey-Saint-Denis. 

Ça fait une dizaine d'années qu'on doit composer avec ces conditions là.

Laurent Lignier

Paradoxalement, ces chaleurs précoces améliorent la qualité des vins : "le vin est moins acide et possède un tanin beaucoup plus soyeux" développe le viticulteur. De fait, la demande augmente malgré des quantités plus que limitées ces dernières années.

Une demande qui ne cesse de se diversifier ...

Elle croît sans cesse si bien que sur le marché, la demande a dépassé l'offre. L'export augmente, tout comme le nombre d'exportateurs : "on coupe simplement le gâteau en parts plus petites. Ça permet d'élargir la diversité". Avec près d'un milliard et demi d'euros amassés uniquement grâce à leur exportation en 2022, les vins bourguignons ont la côte à l'étranger. Si les Etats-Unis et le Japon restent les premiers consommateurs internationaux, d'autres pays, notamment asiatiques grapillent de plus en plus de terrain. 

A l'époque, mon père travaillait avec dix pays. Aujourd'hui, on est monté à 35.

Laurent Lignier

Cependant, son plus gros client reste la France. Avec 20% des ventes, le pays des Lumières distance ses concurrents amateurs de boissons : "peu importe la taille des récoltes, j'en réserve toujours 20% pour la France. Je m'appuie beaucoup dessus parce que le client local est fiable et régulier" se satisfait Laurent Lignier. Il avoue tout de même être surpris par la destination de certains de ses crus : "on livre beaucoup de régions qui n'étaient pas vraiment clientes avant, comme Bordeaux par exemple".

... et des prix qui ne s'arrêtent plus de grimper 

Naturellement, la rareté du produit fait aussi son prix. Et les vins de Bourgogne n'échappent pas à cette règle universelle. Adrien Tirelli, maître-caviste aux "Clos Vivants" à Dijon le constate depuis longtemps déjà : " on est sur une hausse de 30 à 40% sur les quatre ou cinq dernières années. Et c'est seulement pour les appellations villages. Pour les premiers et les grands crus, c'est encore plus important". A titre d'exemple, un Hautes Côtes de Nuits se situe aux alentours de 20€ tandis qu'il était à 13€ il y a quatre ans.

Des vendanges fructueuses pour remplir les tonneaux 

Pour parvenir à réguler la demande, une solution apparait comme limpide : que la récolte 2023 soit suffisamment fournie pour faire à nouveau couler le vin à flots dans les tonneaux. Et visiblement, c'est plutôt bien parti : "ce ne sont pas de grosses quantités pour l'instant mais c'est régulier. On sera sur une saison encore plus généreuse qu'en 2022" fait savoir Laurent Lignier. Il espère que, combinée à celle de l'année précédente, la récolte suffira à "apaiser les marchés".

On préfère largement avoir des vins dans les caves que des tonneaux vides.

Laurent Lignier

Pour cela, le climat sera encore une fois au centre de toutes les attentions. Pour le moment, les maladies comme le mildiou ou l'oïdium ne semblent pas toucher les plants de Côte-d'Or. Pour le plus grand bonheur du vigneron : "on a plus qu'un mois et demi tenir avant les premières vendanges. On croise les doigts".

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