Deux semaines après le début de la guerre en Ukraine, les agriculteurs de Bourgogne commencent à en subir les conséquences. Les éleveurs et céréaliers doivent composer avec la hausse du cours des céréales et la chute des exportations d'engrais. Tous craignent, à terme, des répercussions sur les consommateurs.
"Avec la spéculation sur les marchés mondiaux liée à la guerre, on a mécaniquement une hausse des prix." Une équation simple, qui n'est pas sans inquiéter Jean-Luc Gerbron. Cet agriculteur, installé dans le secteur de Montbard (Côte-d'Or), commence à subir les conséquences du conflit en Ukraine.
Des producteurs étouffés par la hausse généralisée des coûts
Suite à l'invasion russe, les cours des céréales se sont en effet envolés. Un coût supplémentaire pour les éleveurs, qui utilisent ces ressources pour nourrir leurs animaux.
"En décembre, j'achetais les aliments pour mes bêtes à environ 320 euros la tonne", précise Jean-Luc Gerbron. "Aujourd'hui, c'est plutôt de l'ordre des 350 euros. Et en mai, ce sera apparemment vers les 370 euros."
Le coût de la viande va sûrement augmenter. Le consommateur va en pâtir.
Jean-Luc Gerbron, éleveur bovin
En plus de cette flambée, l'éleveur doit également faire face à l'augmentation des prix du carburant et de l'énergie. Lui qui consomme 35 000 litres de fioul estime que sa facture annuelle devrait grimper de 15 000 euros. "Et ça, c'est si ça n'augmente pas plus. Mais comme on n'a aucune visibilité avec la guerre, on est très inquiets."
Seule source de réconfort, la loi EGalim, votée fin 2018. Elle oblige ainsi les industriels et grandes surfaces à prendre en compte les coûts de production qui incombent aux éleveurs, afin que ceux-ci bénéficient d'une rémunération plus équitable. "Mais le consommateur va en pâtir, parce que le prix de la viande va du coup sûrement augmenter pour que les grandes surfaces continuent de se faire des marges", déplore Jean-Luc Gerbron.
Les céréaliers face à l'angoisse d'une pénurie d'engrais
De leur côté, les producteurs de céréales se satisfont de la hausse du cours des céréales. "À moins d'une mauvaise récolte, 2022 s'annonce comme une bonne année", indique Fabrice Genin, céréalier vers Is-sur-Tille.
La crainte se porte davantage sur la disponibilité des engrais. La Russie fait en effet partie des principaux exportateurs mondiaux. En réponse aux sanctions économiques prises par les Occidentaux, elle a d'ailleurs annoncé son intention de suspendre ses ventes à l'étranger.
La France, ce n'est pas l'Égypte !
Jean-Luc Gerbron, céréalier
"Pour cette année, ça devrait aller, car 95% des agriculteurs étaient couverts", explique l'agriculteur. "C'est surtout pour 2023 qu'on est inquiet. Si la disponibilité des engrais est réduite, leur coût pourrait rester élevé, contrairement au cours des céréales qui pourrait facilement être amené à diminuer."
Il écarte en revanche toute possibilité de pénurie de blé. "La France, ce n'est pas l'Égypte !", avance-t-il. "Là-bas, 70% de l'alimentation est basée sur cette céréale. Je pense que c'est surtout cette partie du bassin méditerranéen qui va souffrir."
Pour rappel, la France est le cinquième producteur mondial de blé tendre. Cela représente entre 65 et 70 000 tonnes par an.