Salon de l’agriculture : Quand des jeunes ruraux découvrent une ferme urbaine de Paris

Pendant quatre jours, 24 lycéens de Levier, dans le Doubs, sont partis à la découverte de l’agriculture et de l’alimentation à Paris à travers des visites de fermes urbaines, le Salon de l’Agriculture et des expositions thématiques. Eux qui connaissent comme leur poche une exploitation laitière, découvrent comment des jeunes urbains font pousser des légumes sur les toits de Paris.

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A priori, ces jeunes travailleront à la campagne. Ils ont choisi de préparer un bac technologique. Un diplôme, délivré uniquement dans les lycées agricoles, pour les élèves attirés par la biologie, l’écologie, l’agriculture, l’environnement, l’agroalimentaire et les services.  

“J’habite en pleine cambrousse, m’explique l’une des jeunes filles. C’est bien, on découvre plein de choses!” Ouverts et curieux, les lycéens se coule avec aisance dans la vie parisienne. “Je pensais que j’allais être angoissée du métro mais j’aime trop ! ” me confie une autre élève.   

J’avais trop de préjugés sur la ville. Mais là, c’est normal, on s’y fait ! 

Elsa Paris

Certains viennent pour la première fois à Paris, d’autres sont déjà venus au Salon de l’Agriculture. Les voilà sur des toits à observer des petits plants de fèves sous serre. C’est la seconde ferme urbaine qu’ils visitent. La première était au 11e étage dans le XIIe arrondissement. La ferme Cueillette urbaine est spécialisée en aquaponie. 400 m2 de culture hors sol, sans terre pour proposer aux utilisateurs des bureaux du dessous des fraises. Des poissons sont aussi élevés sur place. “C’est un peu idéaliste, relativise Mathurin Borrelli. On a du mal à réaliser, on n’est pas habitué.” Le jeune homme se destine à l’élevage. La visite de la Ferme de Suzanne lui convient mieux. “Cela ressemble plus à une ferme !” remarque-t-il.  

La classe de lycée LaSalle de Levier est reçue par Elise Boireau. Avec deux apprentis, elle travaille à plein temps sur la ferme urbaine du parc omnisports Suzanne-Lenglen, à deux pas du parc des expositions de la porte de Versailles. La citadine connaît la vie des fermes.

Woofing/Amap vs Gaec/Telepac

Pendant un an, elle a fait du woofing :  un mouvement international qui permet d’être logé et nourri en échange de coups de main à des exploitants agricoles. “Woofing, vous connaissez ? “reprend Camille Paquier, professeur d’agronomie au lycée Lasalle de Levier. Non, aucun élève n’a entendu parler de ce principe. “Ils ne connaissent pas non plus La ruche qui dit oui, les Amap...”. Même si la permaculture et l’aquaponie sont au programme du Bac STAV, Elise Boireau reconnaît que la permaculture, cela peut-être perçu comme “un truc de bobo parisien”.  

Le mois de mars n’est pas la période idéale pour visiter la ferme de Suzanne. Les surfaces cultivées sur lesquelles poussent carottes, ognons, artichauts, tomates, basilic, fèves, sont encore en dormance. Mais, on sent la maîtrise de cette technique qui associe plusieurs variétés de plantes sur un espace restreint. L’an dernier pour sa troisième saison, l’équipe de la ferme de Suzanne a récolté 2,7 tonnes de légumes.  

Le plus impressionnant pour ces jeunes, c’est la terre. Plus exactement, le substrat issu de l’économie circulaire. Pour cultiver sur une terrasse, il faut tout apporter ! Tout monter par un escalier : du mycélium obtenu à partir des déchets des champignonnières, des déchets de bois pour l’apport de carbone. Ensuite, il faut ajouter un peu de terreau. “On a déjà le sol. Tout le monde a le terrain. Le sol a déjà les apports” constate un des lycéens.  “On se rend compte qu’ils ont pas mal de contraintes” poursuit un autre.   

Du semis à la plante

Direction la petite serre où Elise Boireau prépare sa saison. La jeune femme montre les racines des petits plants de fèves : on voit des petites boules blanches. Elles renferment des bactéries qui libèrent de l’azote dans le sol. C’est le même principe pour les grandes cultures avec les couverts végétaux. Les deux mondes se rencontrent.  

Elise Boireau précise que la ferme de Suzanne ne serait pas rentable sans les animations et autres services rendus par la structure. Des paniers de légumes peuvent être commandés, tous les jeudis, via le site internet de la ferme.

Cette ferme fait partie de l’entreprise Cultures en ville, spécialisée dans la “conversion d’espaces urbains délaissés en espaces urbains délaissés en véritables jardins suspendus”. A Paris, selon nos confrères des Echos, il y aurait une trentaine de fermes urbaines.

Parisculteurs

Si ces fermes poussent comme des champignons sur les toits de Paris, c’est pour répondre à l’appel à projets de la maire de Paris. Anne Hidalgo (PS) veut “verdir Paris” en faisant planter des arbres et en aidant les Parisculteurs à développer l’agriculture urbaine.  Après plusieurs années passées loin de la capitale, Elise Boileau est finalement est revenue à la ville. “Ce sont mes racines” explique-t-elle. Avant de repartir retrouver les leurs, les jeunes de Levier vont découvrir des expositions et faire un tour aux Champs... Elysées. 

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