Il cultive du cannabis CBD en Côte-d'Or : "j'aimerais qu'un terroir se développe"

Il était le premier cultivateur de CBD en Côte-d'Or. Arthur Gallien-Gy s'est lancé en 2022 dans la culture de cannabis. Après une première récolte entre octobre et novembre, il nous raconte son histoire et son quotidien d'agriculteur un peu spécial.

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Du cannabis est peut-être cultivé à côté de chez vous. Et c'est entièrement légal, pour le plus grand plaisir d'Arthur Gallien-Gy. Le jeune homme de 28 ans s'est lancé en 2022 dans la culture de chanvre dans le canton de Baigneux-les-Juifs (Côte-d'Or). Ce fils d'agriculteur passionné par son nouveau métier écarte les préjugés à coups de bêche.

De l'illégal au légal

L'histoire de la fascination d'Arthur Gallien-Gy pour la plante décriée ne débute pas du bon côté de la loi. "C'est en tant que consommateur que j'ai connu le cannabis", commence-t-il. "Mais, après deux ans dans une agence de communication, j'en avais marre de travailler derrière un écran. J'ai vu qu'il existait des produits légaux qui émergeaient. Donc je me suis demandé si c'était possible de les cultiver."

L'ancien pensionnaire du CELSA à Paris commence alors à se renseigner auprès de boutiques de la capitale sur la faisabilité de son idée. En 2022, plusieurs enseignes florissantes poussaient alors partout en France. "Les retours que j'avais eus étaient plutôt bons, ça me semblait être le bon moment", confirme-t-il.

Un père agriculteur et l'école d'internet

Pour le terrain et les bases en jardinage, Arthur Gallien-Gy est à bonne école : "Mon père est agriculteur. Quand j'étais petit je traînais toujours dans la grange. Je dois avouer qu'il était assez circonspect quand je lui ai demandé de l'aide, mais en expliquant bien, les a priori ont été vite balayés". Ainsi, son père lui met 0,5 hectare à disposition pour démarrer l'affaire.

Mais le chanvre est une plante exigeante et il faut apprendre à la cultiver. Le natif des années 90 se tourne alors vers internet. Et encore une fois, c'est l'illégal qu'il trouve sur sa route. "J'ai épluché le web pour trouver des infos précises sur la culture de cannabis", explique-t-il avant de poursuivre avec un grand sourire. "Je me suis basé sur les données illégales en adaptant pour faire du légal."

20 000 € d'investissement

La première année, Arthur Gallien-Gy plante 2 000 pieds. À noter que tous ses produits sont bio, une autre contrainte à prendre en compte. Après les avoir fait grandir en pot à partir d'avril, il les remet en terre et les laisse grandir pendant plusieurs mois. Il récolte la fleur de septembre à octobre. Pour obtenir le précieux CBD dans un état consommable, il faut ensuite faire sécher, effeuiller et les placer dans des bidons pour affiner.

Un processus long et méticuleux pour lequel le Côte-d'Orien assure "ne pas compter ses heures". Au-delà de cet investissement personnel, la première année a nécessité un budget de près de 20 000 € pour un rendement de plusieurs dizaines de kilogrammes.

"Je suis au RSA. Pour l'instant je ne gagne pas ma vie avec la culture de cannabis. Après je n'ai pas encore écoulé tous mes stocks."

Arthur Gallien-Gy

cultivateur de CBD

Avec le produit fini entre les mains, le Bourguignon n'a "plus" qu'à démarcher les différentes boutiques spécialisées en faisant du porte-à-porte. Les commerces vendent alors la fleur dans l'état dans lequel elle est arrivée en stock. Pour la consommer, c'est au client de choisir s'il préfère la fumer ou la faire infuser en tisane. Les variétés produites par Arthur sont en dessous de la limite légale de THC fixée à 0,3%. Sa teneur en CBD, elle, varie de 7 à 11 %.

De quoi assurer "le bien-être des gens, améliorer leur quotidien", mais "certainement pas les faire planer".

Faire les marchés et développer un terroir

L'attention d'Arthur est concentrée sur la culture de 2023 et ses 3 000 pieds répartis sur 0,7 hectare. Mais dans un coin de sa tête d'autres envies germent. "Je fais déjà de la vente aux particuliers notamment sur mon site internet, mais à terme j'aimerais bien faire les marchés autour de chez moi et peut-être même à Dijon." Pour ça, le jeune homme voudrait adapter son produit à un public plus âgé. Au lieu de fumer ou infuser, il voudrait développer une huile à égoutter sous la langue.

Face aux préjugés, le Bourguignon préfère souvent expliquer avec pédagogie. "Comme avec mes grands-parents", rebondit-il. "Ils sont très traditionnels, donc j'ai dû leur faire comprendre ce qu'étaient la plante et ses différences avec la drogue."

Le Côte-d'Orien a récemment appris qu'un autre cultivateur s'était lancé dans le département, près de Genlis. Une nouvelle qu'il accueille à bras ouverts : "J'aimerais qu'un terroir se développe. Comme ce qu'on a ici avec les vignes. Que différentes variétés soient cultivées, mais pour ça il faudrait que les pouvoirs publics soient moins répressifs."

En effet, pour le moment seules les variétés inscrites dans le catalogue européen des plantes cultivables sont ouvertes à la culture. Ainsi, des progrès restent à réaliser pour ce secteur encore émergent.

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