Michel Neugnot, vice-président de la région Bourgogne Franche-Comté, a été suspendu de ses fonctions de premier secrétaire fédéral du PS en Côte-d'Or. Une décision du bureau national du parti après des accusations de propos racistes.
Il avait été accusé de propos racistes envers un élu neversois lors d'un déplacement à Imphy, dans la Nièvre, le 22 août dernier. « C’est bon pour toi baobab ? », aurait lancé Michel Neugnot à Mahamadou Sangaré lors de la visite d'un chantier sur la ligne SNCF Nevers-Dijon, comme l'indiquait le Journal du Centre.
Le vice-président de la région Bourgogne-Franche-Comté a été suspendu ce mardi 12 septembre de ses fonctions de premier secrétaire fédéral du PS en Côte-d'Or, après une réunion du bureau national du parti.
"Je ne me suis jamais adressé à cet élu dans les termes qui me sont reprochés"
Contacté ce mercredi, l'élu nie avoir prononcé les termes polémiques. "J'ai évoqué la tradition africaine du palabre autour du baobab, à propos de la démocratie directe", a-t-il précisé auprès de France 3 Bourgogne.
J’affirme que je ne me suis jamais adressé à cet élu dans les termes qui me sont reprochés.
Michel Neugnot
Michel Neugnot détaille dans un communiqué : "Je prends acte de ma suspension à titre conservatoire [...]. Cette décision me permettra de me défendre sereinement. J’affirme que je ne me suis jamais adressé à cet élu dans les termes qui me sont reprochés. Plusieurs témoignages de participants à la réunion du 22 août confirment cette version des faits. [...]".
Mahamadou Sangaré nous confirme quant à lui les termes qui ont été diffusés, qu'il juge "lamentables" : "Je n'ai pas vraiment réagi à ce moment-là, précise-t-il. Un journaliste est venu me demander de confirmer ce qu'il avait bien entendu". L'élu ne s'exprime pas quant à la suspension de Michel Neugnot : "Cela ne me regarde pas. C'est un problème interne au PS". Pour lui, l'événement n'est cependant pas "ponctuel" mais "structurant de notre vie sociale et politique".
Mahamadou Sangaré précise ne pas avoir porté plainte. "Il faut laisser passer la bêtise", répond-il.
Une commission des conflits dans les prochaines semaines
Le président du groupe Rassemblement national Bourgogne Franche-Comté au sein du conseil régional, Julien Odoul avait notamment réagi sur X, ex-Twitter, après les faits et dénoncé "un racisme paternaliste". Il a demandé si Marie-Guite Dufay "allait sanctionner l'élu".
"Je ne crois pas en la possibilité d'un Michel Neugnot raciste", exprime Jérôme Durain, sénateur (PS) de Saône-et-Loire et conseiller régional de Bourgogne Franche-Comté. "Je pense que c'est une procédure naturelle, car elle n'est pas accusatoire, mais elle permet d'enlever de la confusion". Il juge qu'il est "impossible de laisser penser que des membres du PS puissent tenir ces propos".
Concernant l'engagement de Michel Neugnot au sein de la région, Jérôme Durain répond : "Il n'y a pas que des gens bienveillants en politique, et on ne peut pas rebondir sur toutes les affaires".
"J'ai une confiance absolu en Michel Neugnot. Imaginer qu'il puisse être taxé de racisme, c'est impensable pour moi, estime Marie-Guite Dufay, la présidente de la région Bourgogne Franche-Comté. Il a des convictions socialistes, des engagements humains. Le procès qui peut lui être fait est impensable".
"Lors de notre conseil fédéral, des militants ont dit que l'on ne pouvait pas laisser passer ça", raconte Sylvain Mathieu, premier secrétaire fédéral du PS de la Nièvre. Les faits ont donc été transmis au bureau national. "Il y avait déjà des camarades qui font une veille contre l'extrême-droite qui s'en sont saisis. Lors des universités d'été du parti à Blois, trois jours après, on en parlait déjà beaucoup", précise-t-il. Si l'élu qualifie la situation de "merdique", il exprime : "sur le fond, il faut que la justice passe, et qu'une décision adaptée soit prise. Michel Neugnot n'est pas raciste, mais il y a des propos qui ne sont plus acceptables aujourd'hui".
"Il y a vraiment eu un oh dans l'assemblée"
"Il y avait trois collègues qui étaient présents lors de ce déplacement. Ils m'ont raporté ces propos, et qu'il y avait vraiment eu un oh dans l'assemblée", raconte le député Renaissance de Saône-et-Loire Rémy Rebeyrotte. "Je pense que je ne suis pas le seul qui ait été heurté. Pour moi, il faut qu'il se passe quelque chose au niveau de la région, au moins des excuses publiques", explique-t-il.
La commission nationale des conflits doit se saisir du sujet dans les quinze prochains jours. Michel Neugnot pourra notamment y être entendu. "Je ne doute pas que le débat contradictoire annoncé par mon parti permettra de rétablir les faits réels", précise l'élu.