"On ne veut rien lâcher" : les agriculteurs et les écologistes font front commun à Dijon

Ce samedi 10 février à 14h30 plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées place Darcy à Dijon. Agriculteurs, éleveurs et citoyens sont venus montrer leur opposition aux annonces du gouvernement, comme cette "pause" imposée sur le plan Écophyto censé limiter l'usage des pesticides.

14h30 samedi 10 février, près de 600 personnes, selon la Confédération paysanne, ont bravé la pluie pour se rassembler Place Darcy à Dijon. Des agriculteurs, des éleveurs, des écologistes et des syndicalistes sont venus protester contre la politique agricole du gouvernement.

Les manifestants ont marché jusqu'au port du canal.

Un désaccord profond avec la FNSEA

La Confédération paysanne, à l'origine de cette manifestation, réclame une sortie du libre-échange, la fin de "la cogestion mortifère" de la FNSEA et du ministère de l'agriculture, et entend lutter contre "l'emprise du lobby agro-industriel". 

Car si les différents syndicats et fédérations d'agriculteurs ont fait front commun pendant deux semaines, la Confédération paysanne regrettait la fin de ce mouvement dans un communiqué : "Alors que nos sollicitations restaient sans réponses, le gouvernement annonçait ses mesures pour « sortir de la crise » laissant les paysans tour à tour sur leur faim ou dépités, et toujours aussi démunis face à la crise sociale, climatique et environnementale. Mais cela a suffi pour que la FNSEA, plus préoccupée des volumes de production et des intérêts de l’agro-industrie que du sort de ses propres adhérents, siffle la fin de la partie."

Thomas Maurice, membre de la Confédération paysanne et présent sur la manifestation dijonnaise a pris le temps de préciser : "Il y a une hégémonie de la FNSEA qui dit représenter les agriculteurs agit selon les intérêts d'une partie d'entre eux seulement. On voulait montrer que l'agriculture paysanne et écologique concernait aussi la société civile. Au vu du nombre de personnes présentes aujourd'hui malgré la pluie, je pense qu'on peut dire que c'est une réussite."

"Plus de 500 tracteurs"

Pour ce rassemblement, le dress-code: un tracteur en plastique accroché au cou. Présentés comme un "symbole d'immunité", ces jouets visaient aussi à tourner en "dérision" les rassemblements d'engins de ces dernières semaines.

"Forcément il y a une pointe d'humour", commentait Thomas Maurice avec le sourire. "On peut se targuer d'avoir réussi à rassembler plus de 500 tracteurs à Dijon, c'est le plus gros rassemblement du genre. Plus sérieusement, on voulait moquer un peu ce tour de force, ce "totem d'immunité"."

Des écologistes "pas dupes"

Catherine Hervieu faisait partie des représentants écologistes. La conseillère municipale de Dijon, a tenu à rappeler les enjeux d'un telle mobilisation : "Pour nous c'était indispensable de nous rassembler aujourd'hui. Quand on voit cette politique irresponsable, comment ne pas voir un véritable retour en arrière de plusieurs années ? On est pour un changement de modèle, mais on voit qu'il y a beaucoup de travail. On n'est pas dupes, on sait très bien aussi que tout ce qui se passe avec les mobilisations récentes est en lien avec les prochaines élections européennes, donc l'enjeu est d'autant plus important, on va se retrousser les manches."

L'élue au conseil régional a également déploré le fait que les aides de la PAC "étaient concentrées" pour les "grandes fermes" au détriment des filières sociales et respectueuses de l'environnement. Elle a expliqué être confiante quant à une suite de la mobilisation dans les semaines à venir.

"Abasourdis" à l'annonce de la mise en "pause" d'Écophyto

Le 1er février, Gabriel Attal annonçait plusieurs mesures visant à calmer la colère des agriculteurs. Parmi ces promesses, difficile de ne pas mentionner une énième revue à la baisse du plan Écophyto. Mis en "pause" par le Premier ministre, ce plan, lancé en 2008 visait à diviser par deux l'utilisation des pesticides. Aujourd'hui, après plusieurs péripéties c'est finalement 2030 qu'il faudra attendre pour espérer apercevoir la réalisation de cet objectif. La crainte pour les agriculteurs bios et les écologistes, c'est de fragiliser encore plus une agriculture sans pesticides.

"C'est sûr que ce n'est pas une bonne nouvelle pour le bio, quand on sait que les voisins vont continuer à pouvoir utiliser des produits qui peuvent contaminer les champs", expliquait Thomas Maurice. "Au-delà de ça, ça nous confirme juste que la FNSEA veut juste rendre le secteur encore plus concurrentiel, sans vraiment se soucier des importations. Nous, ce qu'on veut c'est un changement de système, une inversion des forces. On ne croit pas dans une cohabitation des modèles. On veut un développement d'une agriculture paysanne et écologique, on a vu aujourd'hui qu'on n’était pas les seuls, même en dehors de la Confédération paysanne. Le mot d'ordre c'est qu'on ne va rien lâcher et qu'on va réfléchir à une suite des mobilisations."

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