Une inconnue, enceinte "de sept à neuf mois", retrouvée morte dans un bois de Bourgogne : qui est la "femme aux colliers de grenat" ?

Interpol lance une série d'appels à témoins pour identifier des femmes, retrouvées mortes dans les dernières décennies, en France et en Europe. Parmi elles, une femme enceinte découverte en 2001 dans un bois de Côte-d'Or.

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Un meurtre sordide qui n'a jamais été élucidé... et dont la victime n'a jamais été identifiée. Ce 8 octobre, Interpol, la police européenne, relance une série d'appels à témoins concernant des décès suspects de femmes, retrouvées mortes dans toute l'Europe au cours des dernières décennies. Parmi elles : la "femme aux colliers de grenat".

Enceinte "de sept à neuf mois"

C'est un commercial qui fait la terrible découverte le 3 juillet 2001, dans le bois de la Buissonnière à Mimeure, un village proche d'Arnay-le-Duc en Côte-d'Or. La victime est retrouvée enroulée dans une paire de rideaux aux motifs "cachemire". Comble de l'horreur : elle était enceinte "de sept à neuf mois", indique Interpol. 

Pourtant, depuis 23 ans, aucun nom n'a pu être apposé sur son visage. La police n'a jamais réussi à l'identifier et les tests ADN n'ont pas "matché". Interpol a donc décidé d'ajouter la "femme aux colliers de grenat" à sa liste "Identify Me", dans l'espoir que quelqu'un - témoin, proche, famille - se manifeste.

Des photos de ses vêtements et de ses bijoux

L'inconnue de Mimeure serait née en 1966 ; son âge au moment du décès est estimé à 35 ans. Elle mesurait 1,60 mètre, avait la peau blanche et les cheveux noirs. La couleur de ses yeux : "inconnue", note Interpol. Elle a été retrouvée début juillet mais son décès est estimé au mois de juin 2001. Elle portait une chemise rayée d'homme et un caleçon masculin.

 

Signe distinctif : ces fameux bijoux. Elle portait une chaîne en or avec un pendentif orné de trois grenats, et seconde chaîne avec un pendentif de grenat en forme de goutte d'eau. Elle avait également quatre petites boucles d'oreilles type créoles à l'oreille droite, et deux à l'oreille gauche. Dans ses cheveux : une pince en plastique en forme de dauphin. 

À Mimeure, on continue de fleurir la "tombe de l'inconnue"

L'actuelle maire de Mimeure, Marie-Reine Maître, était conseillère municipale en 2001. Contactée ce 8 octobre, elle se souvient très bien de l'affaire, qui continue de faire planer une ombre "pesante" sur ce village de 320 habitants. "C'est un commercial qui a trouvé le sac dans lequel elle était enroulée, il a passé la journée à la gendarmerie, puis il y a eu toute une enquête", se rappelle l'élue. 

L'inconnue a été enterrée, avec son bébé, au cimetière communal où elle repose toujours. "Elle a été exhumée au moins deux fois pour des analyses", indique la maire. De nombreuses tentatives d'identification ont été menées.

Lors de mon premier mandat, un enquêteur est venu me demander de mettre des caméras sur le clocher, car on avait une vue sur sa tombe. L'idée était de voir qui venait voir sa sépulture. Mais ça n'a rien donné. 

Marie-Reine Maître

maire de Mimeure

Dès l'été 2001, la gendarmerie lance un appel à témoins sur France 3. Sans résultat. Six mois plus tard, France 3 diffuse à nouveau un sujet dans lequel la gendarmerie relance un appel. Mais toujours rien.

Des travaux récents "pour qu'elle ait une tombe qui ressemble à une tombe"

Vingt ans après, Marie-Reine Maître reste horrifiée par cette affaire. Pendant des années, l'inconnue n'a pas eu d'autre tombe qu'un "simple tas de terre", raconte-t-elle. Récemment, la commune a décidé de lui offrir une sépulture plus digne.

"Il y a deux-trois ans, on a pris la décision de faire quelque chose de propre. Nous lui avons fait construire une bordure en ciment, une croix, avec de petits gravillons. Pour qu'elle ait une tombe qui ressemble à une tombe."

On avait honte de la laisser comme ça, on était dégoûté de ce qui lui était arrivé, à elle et son bébé.

Marie-Reine Maître

maire de Mimeure

De temps en temps, les habitants déposent des fleurs sur la "tombe de l'inconnue", comme ils l'appellent. À Mimeure, on ne comprend toujours pas comment personne ne s'est manifesté à la recherche de cette jeune mère et de son nouveau-né. Hypothèse de la maire du village : "Elle n'est sans doute pas originaire d'ici, peut-être même pas française. Nous sommes le long de la route d'Arnay-le-Duc à Pouilly-en-Auxois. Quelqu'un a pu la déposer ici avant de reprendre la route."

"Ce serait bien qu'on puisse enfin l'identifier", souffle Marie-Reine Maître. "La moindre information peut être décisive et faire la lumière sur ces mystères", affirme auprès de l'AFP le secrétaire général d'Interpol Jürgen Stock, dans son appel au public lancé ce mardi. Si vous avez des informations, vous pouvez contacter la police ici.

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