INTERVIEW. Fouilles du "cimetière d'Emile Louis" : des objets "probablement apparentés aux années 70" retrouvés sur place

La campagne de fouilles conduite dans l'Yonne, là où Emile Louis a enterré plusieurs de ses victimes, sont terminées. Le procureur évoque des trouvailles "intéressantes" avec des pièces de vêtements "pouvant être apparentés aux années 70", période de la disparition de Marie-Jeanne Ambroisine Coussin.

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C'était une lueur d'espoir pour les enfants de Marie-Jeanne Ambroisine Coussin. La possibilité, 50 ans après la disparition de leur mère, de retrouver le reste de sa dépouille, dont seul le crâne a pour l'instant été découvert. Ce vendredi 4 octobre, les nouvelles fouilles du "cimetière d'Emile Louis", entamées le 23 septembre, sont terminées. Elles ont donné des résultats "intéressants", selon Hugues de Phily, le procureur d'Auxerre.

► À LIRE AUSSI : "Ce sont peut-être de nouvelles victimes qu'on va découvrir" : des fouilles viennent de reprendre dans le "cimetière d'Emile Louis" près d'Auxerre

Un morceau de chaussure de femme et des vêtements "probablement apparentés aux années 70"

"Nous n'avons retrouvé aucun ossement, mais une douzaine d'objets", précise le procureur ce 4 octobre : "des emballages, des objets de la vie courante, une boîte de médicaments, des récipients, des pièces de textiles intéressantes". Ces objets ont été mis à sécher dès leur découverte, et envoyés pour analyses à l'IRCCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale), organisme qui avait également dépêché une anthropologue-archéologue sur place. 

Les éléments les plus intrigants : "un morceau de chaussure de femme", "un vêtement identifié" et "deux pièces de tissu" qui sont "probablement plutôt apparentés aux années 70". Marie-Jeanne Ambroisine Coussin a disparu en 1975, pour rappel. Ses enfants ont été invités par le parquet à venir voir ces pièces.

Un témoin, propriétaire d'une parcelle boisée touts proche, s'est également signalé à la gendarmerie lors de ces fouilles, pour suggérer de mener des recherches sur son terrain. "Il a été entendu", mais les recherches menées sur place n'ont rien donné.

Un terrain "très compliqué" pour mener des fouilles

Reste maintenant à savoir si les scientifiques pourront dater précisément ces objets, et y retrouver des traces d'ADN. Cinquante ans ont passé et ces pièces à conviction ont été malmenées. Les analyses "peuvent prendre plusieurs semaines", prévient Hugues de Phily qui précise que le dossier est "prioritaire" pour la gendarmerie.

"C'est un terrain très compliqué, composé de parcelles boisées avec différents propriétaires, qui a été très peu entretenu avec beaucoup de fourrés et de broussailles qu'il a d'abord fallu nettoyer. La zone est complètement détrempée, en raison de la présence d'eaux de ruissellement et d'un ru avec un débit assez puissant, qui se déplace au fil des années."

De nouvelles fouilles sont "envisageables"

"Les gendarmes ont procédé à des opérations de ratissage, puis d'exploration visuelle avec des détecteurs de métaux, puis d'exploration avec pelleteuse pour décaper la surface supérieure du terrain", précise le procureur d'Auxerre. 

Les fouilles se sont concentrées autour de l'endroit où des chasseurs ont retrouvé en 2018 un morceau du crâne de Marie-Jeanne Ambroisine Coussin. C'est, précise le procureur, "à quelques centaines de mètres" du lieu où ont été retrouvés les corps de deux victimes d'Emile Louis, lors d'une première campagne de fouilles en l'an 2000. 

Est-il, alors, envisageable de mener de nouvelles recherches sur la zone fouillée en 2000 ? Le procureur ne l'écarte pas. "Les techniques de fouille ont beaucoup progressé. On est vraiment à la pointe de ce qu'on sait faire."

Chaque pelletée, chaque godet de terre qui était extrait, était déversé sous l'oeil de l'anthropologue.

Hugues de Phily

procureur de l'Yonne

"Cela a permis vraiment un regard très fin sur la terre qui a été explorée. Aujourd'hui, c'est clair qu'on travaille différement d'il y a 20 ans. Donc, on pourrait, effectivement, envisager de retravailler sur l'autre zone."

Trois, voire quatre victimes du "boucher de l'Yonne" retrouvées autour de Rouvray

Ces deux zones se situent le long du Serein, au nord du village de Rouvray, dans un petit bois. Il est surnommé "le cimetière d'Emile Louis", car c'est ici que trois de ses victimes ont été découvertes :

  • Jacqueline Weiss (disparue en 1977)
  • Madeleine Dejust (disparue trois mois plus tard)
  • Marie-Jeanne Ambroisine Coussin (disparue en 1975, dont le crâne a été retrouvé en 2018 ; Emile Louis n'a pas été jugé pour ce crime)

À quelques encablures de ce bois, le corps de Sylviane Durand-Lesage, décrite comme la maîtresse d'Emile Louis, a été retrouvé en 1981 dans un abri à bestiaux (l'affaire a été classée pour "insuffisance de charges").

Cinq autres victimes d'Emile Louis n'ont toujours pas été retrouvées :

  • Françoise Lemoine, 27 ans, disparue en mars 1975
  • Christine Marlot, 15 ans, disparue le 23 janvier 1977
  • Chantal Gras, 18 ans, disparue le 21 avril 1977
  • Bernadette Lemoine, 19 ans, disparue en mars 1978 (la soeur de Françoise Lemoine)
  • Martine Renault, 16 ans, disparue en septembre 1979.

Condamné à la perpétuité en 2004, Emile Louis est mort en octobre 2013 à 79 ans. Il a officiellement été reconnu coupable de sept meurtres. 

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