Des températures moyennes à la hausse et des sols qui s'assèchent... Les prévisions du climat en Bourgogne en 2050 ne laissent planer aucun doute : l'eau va devenir de plus en plus rare. Face au constat, les collectivités cherchent des solutions.
Des alertes sécheresse à répétition et des restrictions d’eau qui s’ensuivent. Depuis plusieurs années, la Bourgogne subit déjà les conséquences du réchauffement climatique. Et cela va s’intensifier. Grâce à ce simulateur prévisionnel, réalisé à partir des données de Météo France, visualisez quels seront les changements climatiques près de chez vous d’ici 2050.
Plus de précipitations, mais des sols beaucoup plus secs
Selon les projections, le cumul des précipitations devrait se maintenir, voire légèrement croître en ihver d’ici 2050. Le nombre de journées sans pluie devrait lui aussi rester stable. Et pourtant, le nombre de journées de sécheresse des sols va drastiquement augmenter en 25 ans : +14 jours à Dijon en été, +10 en automne.
Comment l’expliquer ? Par la hausse des températures moyennes. La barre symbolique des +2°C devrait être franchie en été en Bourgogne, selon la valeur médiane des projections par rapport à la période de référence (1976-2005). Avec des températures plus élevées, l’eau s’évapore plus vite, les végétaux consomment plus... et les sols s'assèchent.
Nappes phréatiques fragiles
"Les précipitations seront aussi plus orageuses, plus fortes et donc plus courtes, ajoute Yann Dufour, chef du service eau et risque à la Direction départementale des territoires (DDT) de la Côte-d'or. Cela augmente le phénomène de ruissellement, c'est-à-dire de fuite directe dans la rivière sans recharge des nappes phréatiques."
"A horizon 2050, le débit de nos rivières devrait baisser de 10% à 30%. Les nappes liées vont donc probablement baisser dans les mêmes proportions."
Yann Dufour, Direction départementale des territoires de la Côte-d'Or
La Côte-d’Or et la Saône-et-Loire cumulent ainsi tous les critères de vulnérabilité, selon le Plan de bassin d’adaptation au changement climatique Rhône Méditerranée : baisse de la disponibilité en eau, perte de biodiversité, assèchement des sols, détérioration de la qualité de l’eau et risques naturels. Avec des conséquences directes pour les particuliers, agriculteurs et industriels.
Face à l’urgence, plusieurs solutions. "La première, c'est évidemment la sobriété, indique Yann Dufour. Puis, traquer les fuites dans le réseau, préserver les zones humides... Enfin, il y a la question de l'adaptation. Par exemple, l’agriculture étudie les essences qui pourraient pousser sur notre territoire à l'avenir avec des températures qui augmentent et des ressources en eau qui baissent."
Placer l'eau au centre de l'urbanisation
Les collectivités s’adaptent, petit à petit. A Saint-Vallier en Saône-et-Loire, des plaques textiles dépolluantes ont été placées sous un parking pour permettre à l’eau de se réinfiltrer dans les sols. À Sancé, toujours en Saône-et-Loire, la mairie a installé une cuve de récupération d’eau de pluie.
À Dijon, la politique est plus ambitieuse. La gestion de l’eau y est une question "prise à bras-le-corps depuis plusieurs années", affirme la Ville, et désormais intégrée dans les financements. En ligne de mire : recharger les nappes phréatiques, notamment la nappe Dijon Sud, déjà en difficulté.
"Avant on aménageait, on végétalisait et seulement à la fin se posait la question de l’eau. L’objectif est d’inverser la réflexion en se demandant d’abord comment on traite les eaux pluviales, puis en aménageant", expose Antoine Hoareau, vice-président de la métropole. A leur disposition, une batterie de solutions.
La première, les pavés drainants, a été testée en septembre dans une rue du centre-ville. Entre les pavés, pas de joints, mais de l’herbe : elle permet à l’eau de pluie de s’infiltrer directement dans le sol. Autres pistes : les îlots de fraîcheur, ou encore les drains qui devraient servir prochainement sur deux gros chantiers pour désimperméabiliser trois hectares de sols en centre-ville. Antoine Hoareau l’affirme : "Il faut faire en 10 ans ce qu’on fait d’habitude en 50 ou 60 ans, au risque de ne plus voir couler l'eau du robinet".