Les éleveurs s'inquiètent de la production actuelle : les escargots ne sont pas assez gros, et des prédateurs déciment les populations de gastéropodes dans les parcs. Illustration en Côte-d'Or.
C'est une conséquence inattendue de la sécheresse : les éleveurs d'escargots peinent à obtenir des escargots de taille satisfaisants pour la consommation. L'usage de l'arrosage nocturne contribue aussi à la prolifération de prédateurs dans les élevages.
Des pertes de 50 à 60 %
Frédéric Marcouyoux est producteur d'escargots "gros gris" à Vernot (Côte-d'Or). Chaque année, il place 500 000 bébés escargots dans ses parcs.
Habituellement, les pertes sont environ d'un tiers, mais cette année, elles devraient être comprises en 50 et 60%. Des conséquences sur le calibre des escargots et sur la quantité.
La raison : la chaleur (des escargots ont littéralement grillé), le manque d'eau, pour l'habitat et la croissance des escargots, mais aussi la présence d'une multitude de prédateurs, eux aussi intéressés par la fraicheur et l'humidité dans les parcs : des petits rongeurs et les corneilles.
Peu de solutions pour les producteurs
Frédéric Marcouyoux constate que les enchaînements d'années sèches et chaudes deviennent trop compliquées : "nous, sur les 4 dernières années, ça fait trois ans qu'on a de la chaleur et / ou de la sécheresse. On doit se réadapter, on travaille beaucoup sur les couverts végétaux, on replante des arbres pour apporter de l'ombre. Ça nous remet beaucoup en question."
Je conseille à nos clients d'anticiper leurs achats et de ne pas venir deux jours avant Noël
Frédéric MarcouyouxEleveur d'escargots en Côte-d'Or
Frédéric Marcouyoux commercialise ses escargots et les transforme, et le manque de matière première accentue le manque à gagner pour son exploitation : "La conséquence, comme on transforme et on commercialise, c'est qu'on a moins de produits à la fin. Ça fait plusieurs années qu'on n'arrive pas à faire de stocks et qu'on manque de marchandises. Je conseille à nos clients d'anticiper leurs achats et de ne pas venir deux jours avant Noël et de venir faire leur stock."
Le producteur a toutefois diversifié son activité : arbres fruitiers, culture de plantes aromatiques et champignons, petit élevage : moutons (viande) et brebis (lait), lapins...
La production d'escargots avec la vente de produits transformés représente 50% de son chiffre d'affaires environ.
Une hausse des prix ?
Une année difficile pour les producteurs, et comme toute activité liée à la nature et ses aléas, la question sur une éventuelle hausse des prix se pose :"On ne va pas répercuter le manque d'escargots sur le prix, mais c'est plus lié à un contexte extérieur : des augmentations sur les énergies, sur les emballages... On n'a pas impacté nos tarifs par rapport à la récolte, mais si cela continue à l'avenir, il va falloir le faire."
D'une façon générale, la consommation d'escargots en France s'établit majoritairement sur des escargots de Bourgogne (Helix Pomatia, ramassés, importés d'Europe Centrale) , les "gros gris" ne représentent que 5% de la consommation nationale. Il n'y aura pas de phénomène de pénurie au moment des fêtes.