Où en est le retour aux 90 km/h en Bourgogne ? En Côte-d'Or, premier département de la région à l'avoir mis en place il y a deux ans, l'heure est au bilan en termes de sécurité routière.
Le 1er juillet 2018, la vitesse maximale autorisée passait de 90 à 80 km/h sur une large partie du réseau de départementales françaises. Face à l'impopularité massive de cette mesure, le gouvernement d'Edouard Philippe décide, un an plus tard, de permettre aux départements, au cas par cas, de revenir aux 90 km/h sur certains axes. Qu'en est-il aujourd'hui ? France 3 s'est penché sur la situation des quatre départements de Bourgogne. Quatrième et étape de cette série : la Côte-d'Or, où le retour est acté depuis deux ans et où il est encore difficile de tirer des conclusions.
20% des départementales sont repassées à 90 km/h
C'était quelques jours avant le premier confinement. Début mars 2020, 1 100 panneaux 90 km/h sont réinstallés sur les départementales de Côte-d'Or. Au total, 41 axes, soit 1 135 km de routes sur 5 670 : environ 20% du réseau routier du département abandonnent la limitation à 80 km/h. C'est bien plus que d'autres départements : les voisins de Saône-et-Loire, qui ont passé le cap fin 2021, n'ont modifié que 157 km de route ; l'Yonne, qui doit bientôt concrétiser son projet de retour à 90 km/h, ne prévoit de le faire que sur 10% de ses routes.
/regions/2022/04/29/626bfacc34d5a_2022-04-29-16-48-04-sections-des-routes-a-90km-h-pdf.png)
Dès la promulgation de la loi voulue par le gouvernement d'Edouard Philippe, le président de département de Côte-d'Or François Sauvadet s'oppose frontalement aux 80 km/h. Début janvier 2020, lorsque l'Etat fait marche arrière et autorise les départements à revenir aux 90 km/h, François Sauvadet embraie : "J'étais et je suis toujours fermement opposé à cette mesure généralisée de la limitation de la vitesse à 80 km/h sur tout le réseau routier secondaire, totalement déconnectée de la réalité des territoires [...] Les chiffres de l'accidentologie sur les routes départementales montrent que la plupart des accidents mortels sont liés à des comportements à risques : alcool, drogue et très grande vitesse."
Dans la foulée, la Côte-d'Or créé en février 2020 l'observatoire départemental de la sécurité routière. Sa vocation : analyser les causes des accidents dans le département et les effets du retour aux 90 km/h. Deux ans plus tard, quelles conclusions en tirer ?
Pas de changement significatif de l'accidentologie sur les dernières années
La préfecture du département fait état d'une "nette augmentation de la mortalité sur les routes de Côte-d'Or en 2021" : 213 accidents, 275 blessés et 34 morts. C'est la troisième année la plus meurtrière en dix ans, après 2014 et 2017. Comme le précise la préfecture, le nombre d'accidents n'augmente pas significativement mais "les accidents sont plus violents et cela tient notamment à des comportements accidentogènes plus nombreux (alcool, stupéfiants, grande vitesse)".
Quel est l'impact des routes à 90 km/h dans ce bilan ? Difficile d'établir un lien clair de cause à effets. Voici ce que l'on peut dire d'après les données de l'observatoire départemental de sécurité routière : sur les 5 670 km de départementales côte-d'oriennes, il y a eu 72 accidents corporels en 2021 dont 18 mortels, soit "une baisse de 17%" par rapport à la moyenne 2017-2018-2019", se félicite l'observatoire. Sur le réseau repassé à 90 km/h, on compte 29 accidents corporels dont huit mortels. L'observatoire note un "regroupement" de ces accidents dans le sud de la Côte-d'Or, et une plus forte incidence au mois de juillet, période de départs en vacances traditionnellement tendue sur toutes les routes de France. En ce qui concerne les chiffres les plus récents, du 1er janvier au 31 mars 2022, il y a eu 30 accidents corporels sur les départementales côte-d'oriennes, dont six sur les tronçons repassés à 90 km/h.
Deux ans après ce retour en arrière, il est donc encore tôt pour tirer des conclusions sur les effets de la limitation à 90 km/h au lieu de 80. Les mois de confinement, en 2020, empêchent d'avoir un aperçu réaliste de cette année en termes d'accidentologie. Il faudra donc attendre encore, au moins jusqu'à fin 2022. En attendant, le département continue de mettre de l'argent sur la table pour la sécurité routière : en mars dernier, François Sauvadet annonçait un investissement de 35 800 000 € pour "fluidifier et sécuriser les déplacements des Côte-d'oriens", dont 1 130 000 € "consacrés exclusivement à des dispositifs de sécurité routière".
