De juillet 2023 à février 2024, la ligne de train Dijon-Nevers sera impactée par des travaux. Si les solutions de substitution sont encore en train d'être définies, certains ont déjà fait leur choix. D'autres font grise mine face aux sept mois de perturbations annoncées.
Vendredi en fin de journée, la gare de Dijon connaît l'un des plus gros flux de voyageurs de la semaine. Peu avant 17 h, les usagers attendent l'entrée en gare du "17h12" en direction de Nevers.
Mais, dès juillet 2023 et le début des travaux qui dureront jusqu'à février 2024, certains d'entre eux ne seront plus sur les quais.
Le covoiturage plébiscité
Adossée à un poteau, Noémie fume une dernière cigarette avant de monter dans le wagon. À 21 ans, elle est étudiante à l'université de Bourgogne et attend de rentrer à Montchanin (Saône-et-Loire) chez ses parents pour le week-end. "Je fais ce trajet toutes les semaines", précise-t-elle. "Je ne pense pas prendre le train pendant cette période. Je pense prendre ma voiture ou faire du covoiturage."
Une méthode qu'elle va donc expérimenter sur une longue durée, de quoi peut-être changer ses habitudes ? "C'est peut-être plus simple parfois. Si je prends ma voiture, je pars et je reviens quand je veux, je n'ai pas besoin de me baser sur les horaires du train."
“Je n’ai pas encore calculé, mais ça va me coûter plus cher. J’ai un pass annuel pour le train. La voiture, tout est à ma charge.”
Anthony, 45 ansenseignant-chercheur à l'université de Bourgogne
Anthony ne semble pas pressé de monter dans le train. Assis sur un rebord de fenêtre il attend tranquillement. Il est enseignant-chercheur à l’université de Bourgogne et habite Étang-sur-Arroux (Saône-et-Loire), dont le pont est concerné par les aménagements.
“Je prends le train et le vélo pour aller à la fac, parce que c’est assez pratique : je peux travailler pendant le trajet. La conséquence de ces travaux, c’est que je vais devoir prendre ma voiture ou covoiturer, c’est la seule solution.”
Pour ce Saône-et-Loirien de 45 ans, il est inenvisageable d'utiliser les cars à la place des trains. À ce jour, ils représentent la seule alternative proposée pour assurer les trajets le temps des travaux.
“Les cars, ce n’est absolument pas pratique”, lance-t-il. “D’après ce que j’ai compris, ils vont s’arrêter à toutes les gares. Je prends le train assez tôt le matin, donc avec le bus ce n’est pas jouable du tout. Je suis obligé de faire court, là ce sera trop long. En plus je ne peux pas travailler dans le bus, donc ce sera du temps intégralement perdu.”
"À cause de ça je vais mettre un terme à mon contrat"
Beaucoup de voyageurs s'arrêtent à des gares en chemin vers Nevers. Mais, parmi ceux qui vont jusqu'au terminus, certains viennent parfois de loin. Violaine a 26 ans et est directrice adjointe à la protection de la jeunesse à Nevers. Elle a un logement dans la Nièvre, mais elle habite à Mulhouse et y rentre ainsi tous les week-ends.
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"Dès le 10 juillet je vais prendre ma voiture", a-t-elle décidé. La Mulhousienne estime son trajet "entre 70 et 80 €" pour rallier le Haut-Rhin à Nevers.
Elle ne comprend pas pourquoi les travaux sont annoncés aussi longs. "7 mois, c'est énorme. Si à la limite ils avaient mis une ligne TGV", rit-elle.
Face à ce constat, elle a pris une décision radicale : "À cause de ça (NDLR : les travaux), je vais mettre un terme à mon contrat à Nevers. C'est aussi pour me rapprocher de chez moi, mais je serais restée un peu plus longtemps s'il n'y avait pas eu ces travaux. Ça participe à mon changement d'emploi."
Les cars trouveront leur public
17h48, le train parti de Nevers arrive en gare à Dijon. Alors que tout le monde se presse en sortant, Didier, 59 ans, s'arrête quelques instants. Il est enseignant à Montceau-les-Mines, il vient donc de la gare de Montchanin.
Pour lui, le train et les cars feront l'affaire : "J'envisage de prendre le train pour Chalon-sur-Saône depuis Dijon, et ensuite de prendre les cars départementaux ou Mobigo pour rejoindre Montchanin puis Montceau-les-Mines." Malgré un temps de trajet plus long : environ 45 minutes.
"C'est difficile de ne faire travailler les équipes que la nuit, et il y a de longs tronçons concernés. Ça explique le temps des travaux."
Didier, 59 ansenseignant à Montceau-les-Mines
"Ces travaux sont nécessaires, c'était inévitable", assure-t-il. Il attend quand même de voir. Comme beaucoup d'autres, il patiente pour savoir quelles seront les solutions de remplacement, et surtout à quelle fréquence.
Une réunion publique à Nevers s'organise et devrait apporter les précisions nécessaires. Elle sera prévue un samedi pour accueillir le plus de monde possible. Pour l'heure la date précise n'a pas été communiquée.