Depuis le 8 octobre, des étudiants de l'école supérieure de musique de Bourgogne-Franche-Comté se sont retirés de la saison artistique. Ils dénoncent des "graves problèmes organisationnels" qui fragilisent l'organisation des cours et de leurs examens.
"Graves problèmes organisationnels", "délais irrespectueux", "instabilité"... Le disque est rayé entre des étudiants et la direction de l'école supérieure de musique (ESM) de Bourgogne-Franche-Comté. Depuis le 8 octobre, une centaine d'élèves ne monteront pas sur scène, dans le cadre de représentations censées être le fil rouge de leur année scolaire.
Une structure "dysfonctionnelle"
Ils dénoncent "une structure dysfonctionnelle" abritant des problèmes qui datent de plus d'un an. Certains d'entre eux ont par exemple commencé, à la rentrée, "sans avoir reçu les résultats de l'année précédente", ou avec des emplois du temps "incomplets, [...] imprécis et souvent incohérents".
"L’année dernière, des modules de professionnalisation obligatoires ont été placés au même moment que des cours de licence", explique Lou Darmangeat, ancienne élève de l'école. Elle fait partie de Mobilisation ESM BFC. Ce collectif a écrit la lettre contre la direction lue sur scène lors du spectacle du 17 octobre.
Comme de nombreux étudiants, elle aussi a vécu tous ces dysfonctionnements.
"L'école nous encourage à cumuler études et vie professionnelle, en devenant professeur de musique. Pour rendre cela possible, le mercredi est censé être un jour lors duquel nous n'avons pas ou peu de cours. L'année dernière, beaucoup trop de classes ont été calées au dernier moment, ce jour-là", explique-t-elle.
D'autres soucis, comme "des déplacements dans des structures partenaires, en périphérie de Dijon" annulés au dernier moment, ou la réservation simultanée d'une même salle par les étudiants et l'administration, ont également été évoqués.
Une équipe administrative absente
Pour expliquer cette situation, les étudiants évoquent la vacance de nombreux membres de l'équipe administrative : "Il n'y a pas de chargée de production, de comptable ou d'assistant comptable", expliquent-ils. Les personnes chargées de la scolarité sont également en sous-effectif et les arrêts maladies se multiplient.
En juillet 2023, un comité de direction par intérim, composé de professeurs de l'ESM, a été mis en place pour pallier l'arrêt en congé maladie de la directrice de l'établissement. Les étudiants estiment qu'il "a permis le bon déroulement de la rentrée en septembre". La directrice étant revenue en octobre, "il a cessé ces fonctions, car il n'avait plus de pouvoir décisionnel".
Les élèves craignent donc pour leur avenir. "Cette situation fragilise l'organisation des épreuves diplômantes. [...] L'administration ne sera pas en mesure de nous délivrer nos crédits ECTS (système européen de points, NDLR), indispensables pour valider nos diplômes."
Nous avons l'impression d'être dans un bateau qui coule
Un professeur de l'école supérieure de musique de Bourgogne-Franche-Comté
Du côté de l'administration éducative, certains sont admiratifs de ce mouvement : "C'est le dernier levier pour faire bouger les choses" raconte un professeur, préférant rester anonyme. "C'est très difficile. Nous avons l'impression d'être dans un bateau qui coule. Nous faisons comme nous pouvons, mais nous ne faisons qu’éteindre les feux."
Un avenir en pointillé
Deux réunions ont déjà eu lieu entre les représentants de la direction et les étudiants. Des promesses ont été faites. "Ils nous ont dit que le comité de direction par intérim allait être remis en place. Les frais estudiantins, qui n'étaient pas encore remboursés par la direction, vont également être régularisés", ajoute l'ancienne étudiante de musique.
Pour autant, Lou Darmeangeat trouve que "cela reste très flou". Pour l'heure, aucune décision n'a été prise pour la suite de la saison. "Une réunion doit avoir lieu dans la semaine avec tous les étudiants signataires pour connaître la suite du mouvement", pour éviter de fermer le rideau sur toute la saison de l'ESM BFC.
MAJ 13H59 : Contactée, la directrice de l'école supérieure de musique de Bourgogne-Franche-Comté, Viviana Amodéo, a répondu que "ces fonctions ne lui permettaient pas, en l'état, de s'exprimer publiquement sur la situation de l'école."